Turquie : le journaliste français Loup Bureau a été libéré

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Le journaliste Loup Bureau, détenu abusivement depuis 52 jours par les autorités turques, a été libéré, et sera prochainement expulsé vers la France, a annoncé vendredi son avocat, alors que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, achève une visite de deux jours en Turquie.

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Par la rédaction

Mise à jour — 15 septembre, 16h30 : Martin Pradel et Rusen Aytac, les avocats de Loup Bureau, ont annoncé sur Twitter la libération du journaliste français détenu en Turquie depuis fin juillet. « ll sera expulsé de Turquie prochainement », a ajouté sur Twitter Martin Pradel.

Pour ses deux jours de visite officielle à Ankara, Jean-Yves Le Drian doit rencontrer le Président turc Recep Tayyip Erdoğan, le Premier ministre Binali Yıldırım et son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu. Outre les questions sur le conflit syrien, la crise migratoire et la lutte contre le terrorisme qui doivent être abordées, le Quai d’Orsay a assuré dans un communiqué que le ministre rappellera « la détermination des autorités françaises à obtenir le retour de Loup Bureau en France » et qu’il « plaidera auprès de chacun de ses interlocuteurs pour sa libération ».

Loup Bureau est un journaliste français indépendant de 27 ans. Il a été interpellé à la frontière irako-turque et il est détenu depuis le 26 juillet 2017. Les autorités turques le soupçonnent d’appartenir à une « organisation terroriste armée » à cause de photos datant de 2013 retrouvées dans son ordinateur portable le montrant avec des soldats kurdes syriens. À l’époque, il avait réalisé un reportage pour TV5 Monde sur le sort des civils kurdes syriens pris en étau entre les milices kurdes et Daech.

Signe d’un durcissement de la diplomatie turque, Loup Bureau est le troisième journaliste français à être arrêté en Turquie après Mathias Depardon et Olivier Bertrand. Face à ce durcissement, le Quai D’Orsay néanmoins « considère la relation entre l’Union européenne et la Turquie comme essentielle pour les deux parties et qu‘une rupture n’est pas souhaitable ».

Une nouvelle fin de non-recevoir d’Ankara ?

Les proches du jeune reporter français espèrent beaucoup de cette visite officielle. « J’attends une libération », a déclaré Loïc Bureau, le père de Loup. « Sinon, ça voudrait dire qu’il s’est passé 50 jours sans que la France ait réussi à influer sur l’attitude d’un pays, la Turquie, dont on dit qu’elle a de bonnes relations avec la France. » Le Président français Emmanuel Macron avait en effet déjà « exprimé son souhait » auprès de Recep Tayyip Erdoğan de voir la « libération rapide » de Loup Bureau lors de sa visite en Turquie en août dernier.

Depuis la tentative de coup d’État manquée le 15 juillet 2016, le régime turc a pris un tournant de plus en plus autoritaire où « la presse a été victime d’une répression absolument terrifiante », analyse Pierre Haski, président de Reporters sans Frontières (RSF). La Turquie est au 155e rang du classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. Au nom de la lutte antiterroriste, « l’état d’urgence permet aux autorités de liquider d’un trait de plume des dizaines de médias, réduisant le pluralisme à une poignée de journaux à faible tirage. Des dizaines de journalistes sont jetés derrière les barreaux sans jugement, faisant de la Turquie la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias », écrit RSF.

Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.