Pour les réfugiés, contre la politique sécuritaire de l’UE : lettre ouverte aux citoyens européens

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L’Union européenne doit revenir à ses valeurs et faire preuve de solidarité avec les réfugiés qui fuient la misère et les guerres. Alors que les murs se multiplient aux frontières de l’Europe, des organisations citoyennes des Balkans lancent un cri d’alarme : la non respect des droits humains fondamentaux mène au fascisme et à la guerre. Lettre ouverte.

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Velika Kladuša en juin 2018
© Laurent Geslin / CdB

Nous, défenseurs des droits humains et citoyens des pays relégués « à la périphérie » de l’Union européenne et de l’espace Schengen, tenons à exprimer notre profonde inquiétude devant la situation actuelle, dans laquelle nous voyons un réveil du fascisme et une détérioration des droits humains fondamentaux comme la liberté de circulation et le droit d’asile.

L’attitude indulgente envers la montée l’extrême droite dans les pays européens aggrave la situation des personnes migrantes et met leur vie en danger. Les valeurs fondamentales de l’UE, qui sont le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité et le respect de la loi, sont remises en question depuis plusieurs années déjà, mais en 2018, les prétentions européennes ont perdu toute crédibilité.

En tant que défenseurs des droits humains et citoyens originaires des pays de l’ancienne Yougoslavie qui ont été déchirés par les guerres, nous devons souligner que les gouvernements nationaux des pays à la périphérie de l’UE sont supposés agir en accord avec les directives venant de Bruxelles.

Nous ne voulons pas justifier l’inaction et les violences perpétrées contre les personnes migrantes dans nos pays, aussi utilisons-nous tous les moyens légaux et politiques pour combattre les (in)actions de nos gouvernements. Nous tenons aussi à souligner que c’est la façon dont l’UE fonctionne actuellement qui justifie et rend possible leur manière d’agir.

À l’occasion de la nouvelle année, nous lançons un appel aux citoyens des États-membres, et à ceux des pays qui espèrent un jour rejoindre l’UE, pour qu’ils reviennent aux valeurs fondamentales de l’UE et qu’ils en fassent la promotion dans leurs pays.

Nous appelons les citoyens de l’UE à réagir et à rendre leur résistance plus forte que les frontières construites par leurs gouvernements.

Nous appelons les citoyens de l’UE à réagir et à rendre leur résistance plus forte que les frontières construites par leurs gouvernements. Nous appelons les citoyens à s’opposer aux violences infligées aux personnes migrantes, à s’opposer aux responsables, individus ou groupes qui prétendent diminuer les droits auxquels tous ont droit. Aujourd’hui, cette violence s’exerce à l’encontre de personnes qui rêvent d’une vie meilleure dans l’UE, demain elle sera utilisée contre les citoyens des pays membres, leurs amis ou leurs familles, au prétexte d’une discrimination quelconque.

Le triste privilège d’avoir fait l’expérience de la guerre et des années d’après-guerre nous autorise à vous mettre en garde, car c’est exactement le comportement actuel de la bureaucratie de l’UE qui a permis le démantèlement de la Fédération socialiste de Yougoslavie et l’éruption des conflits qui ont suivi. Cette attitude est le terreau qui nourrit l’exploitation des pauvres et des traumatisés, la déshumanisation des victimes et l’émergence des profiteurs de guerre, comme nous le voyons aujourd’hui. Dans les Balkans des années 1990, les gens étaient souvent obligés de faire confiance à des criminels pour leurs besoins élémentaires, comme la nourriture, un abri, un passage hors des pays occupés, parce que les agences onusiennes ne les fournissaient pas.

C’est pourquoi nous voulons attirer votre attention sur le nécessité de combattre la militarisation et la fermeture des frontières de l’UE. Quand il n’y a pas de moyen légal d’entrer dans l’UE ou d’avoir une protection internationale, les passeurs et autres profiteurs prolifèrent, alors que ceux qui cherchent à protéger leurs droits fondamentaux sont ignorés, violentés, ou même traités comme des criminels

Les prochaines élections européennes et les résultats des élections dans les pays membres ces dernières années, nous amènent à jeter ce cri d’alarme : nous sommes à nouveau au bord de la destruction de l’humanité. Ce sont ces politiques de fermeture des frontières et l’encouragement à la violence au mépris des droits humains par certains groupes qui, dans le cadre de la démocratie actuelle, ouvrent la porte au fascisme.

Ce sont pour ces raisons que nous appelons les citoyens des pays de l’UE à montrer du courage politique et de la solidarité envers les personnes migrantes, et à exiger de leurs gouvernements des politiques à la hauteur de leurs responsabilités, dans le respect de la dignité humaine. La pression doit venir de vos manifestations dans la rue, de vos pétitions, des actes qui changeront la politique actuelle de l’UE. Le changement viendra avec la solidarité, pas avec la charité envers ceux qui rêvent d’une vie meilleure en Europe.

C’est pour cela que nous appelons les gouvernements des pays membres de l’UE à reconsidérer leur attitude actuelle sur la fermeture des frontières, et leur aide financière aux pays non membres de l’UE pour renforcer leurs frontières, qui est contraire aux principes démocratiques. Cette attitude permet l’instauration de régimes autoritaires à la périphérie de l’Europe, renforce et donne légitimité aux politiques d’extrême droite au sein même de l’UE.

Si ceux qui prennent les décisions dans les capitales de l’UE ne remettent pas en cause leurs politiques actuelles, ils resteront dans l’histoire comme les responsables de la déchéance des droits fondamentaux et de la dignité humaine. Quand les gouvernements échouent, les citoyens doivent agir. Les citoyens européens ne doivent pas se taire comme ils l’ont trop souvent fait par le passé.

ONG :

Are You Syrious ?
Autonomni kulturni centar Attack, Zagreb
Borders None, Zagreb
Centar za mirovne studije, Zagreb
Društvo za psihološku pomoć, Zagreb
Dugine obitelji, Zagreb
Inicijativa Dobrodošli
Inicijativa mladih Varaždin za Europsku prijestolnicu mladih 2022
Helsinški parlament građana, Banjaluka
K-zona, Zagreb
Legis, Skopje
Oštra nula, Banja Luka
Otvoreni Centar Bona Fide, Pljevlja
SOS Team Kladuša, Velika Kladuša
U dobroj vjeri, Zagreb
No Borders Community
Vox Feminae, Zagreb
Zaklada Solidarna, Zagreb

Citoyens :
Nela Porobić Isaković, Sarajevo
Gorana Mlinarević, Sarajevo
Milena Zajović, Zagreb
Nidžara Ahmetašević, Sarajevo
Adis Imamović Piksi, Velika Kladuša
Adriana Zaharijević, Belgrade
Aleksandar Pavlović, Belgrade
Aleksandra Uzelac, Zagreb
Ana Čigon, Ljubljana
Antonija Petričušić, Zagreb
Andrea Grgić, Zagreb
Artan Sadiku, Skopje
Barbara Matejčić, Zagreb
Biljana Stanković Lori, Novi Sad
Bojana Ćulum, Rijeka
Bojana Videkanović, Sarajevo
Biljana Đorđević, Belgrade
Damir Arsenijević, Tuzla
Damir Imamović, Sarajevo
Danijela Dolenec, Zagreb
Dinko Gruhonjić, Novi Sad
Dobrica Veselinović, Belgrade
Dražana Lepir, Banja Luka
Duško Vuković, Podgorica
Dženeta Agović, Tutin
Elma Tataragić, Sarajevo
Emina Buzinkić, Zagreb
Ervina Dabižinović, Herceg Novi
Faruk Šehić, Sarajevo
Gazela Pudar Draško, Belgrade
Goran Bubalo, Sarajevo
Helena Popović
Irena Cvetkovik, Skopje
Iskra Gešoska, Skopje
Iva Pleše, Zagreb
Ivan Blažević, Zagreb
Ivan Đorđević, Belgrade
Ivana Pantelić, Belgrade
Ivana Ristić, Leskovac
Ivica Mladenović, Belgrade
Jelena Čolaković, Podgorica
Jelena Vidojević, Belgrade
Jeton Neziraj, Pristina
Jovan Džoli Ulićević, Podgorica
Maja Maksimović, Belgrade
Maja Raičević, Podgorica
Marijana Hamersak, Zagreb
Marijana Kučer, Split
Marina Škrabalo, Zagreb
Marjan Ivković, Belgrade
Milan Vulović,
Milica Pralica, Banja Luka
Milivoj Bešlin, Novi Sad
Milovan Pissari, Belgrade
Minja Bogavac, Belgrade
Nataša Kršulj, Sarajevo
Nedim Sejdinović, Novi Sad
Nikola Vukobratović, Zagreb
Nuna Čengić, Sarajevo
Paola Petrić, Belgrade
Paula Petričević, Kotor
Petra Matić, Zagreb
Roman Kuhar, Ljubljana
Sanela Lepirica, Ključ, Velačevo
Senad Pećanin, Sarajevo
Sanja Sarnavka, Zagreb
Snežana Baralić Bošnjak, Pančevo
Snežana Čongradin, Belgrade
Snježana Milivojević, Belgrade
Srećko Horvat, Zagreb
Suzana Kačić-Bartulović, Split
Tea Hvala, Ljubljana
Zoe Gudović, Belgrade
Žarka Radoja, Belgrade