Par Jean-Arnault Dérens
Journalistes, nous savons bien que l’extrême-droite s’attaque partout et toujours aux droits de la presse et des journalistes, surtout quand elle se gargarise des grands mots de « liberté ». De la Hongrie de Viktor Orban à la Serbie d’Aleksandar Vučić, en passant par les médias français du groupe Bolloré, la méthode est la même : se poser en victimes d’une « pensée dominante » que contrôlerait la gauche pour imposer une « vérité alternative » où les faits ne comptent plus, où la notion même de vérité devient relative. À ce titre, Le Courrier des Balkans s’associe à toutes les initiatives des syndicats de journalistes, des organisations de défense des journalistes et des médias visant à dénoncer la dangereuse menace de l’extrême-droite.
Notre implantation dans les Balkans nous procure aussi une expérience particulière. L’éclatement sanglant de la Fédération de Yougoslavie a montré combien il est aisé et rapide de faire basculer des populations ordinaires, des citoyens « normaux » dans la logique de la haine. Alors que des milices d’extrême-droite paradent déjà en France, terrorisant ceux qui veulent aider les exilés ou bien cherchant à « casser du pédé », alors que ces milices rêvent d’un basculement dans la guerre civile, il est utile de nous remémorer l’expérience des Balkans.
Pour lutter contre cette propagande, le meilleur remède c’est de s’informer. Jusqu’au 14 juillet, Le Courrier des Balkans vous propose donc une offre spéciale : 1 euro le premier mois d’abonnement (7 euros ensuite).
Aucune haine « ancestrale » n’opposait les peuples de l’ancienne Yougoslavie, mais les circonstances politiques particulières du tournant des années 1980 et 1990, le rôle délétère de démagogues prêts à tout pour rester au pouvoir, ont fait passer des sociétés entières de la banalité de la vie commune à l’atrocité du crime intime. L’expérience yougoslave rappelle que tous les États sont mortels, et qu’aucun peuple, aucune société n’est protégée face au retour de ces démons.
Nous connaissons aussi les réseaux et les connexions souvent incohérentes de cette extrême-droite française dans les Balkans. Quand Jean-Marie Le Pen cultivait l’amitié de Radovan Karadžić, reconnu coupable de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide par la justice internationale, ou bien encore celle de Vojislav Šešelj, lui aussi reconnu coupable de crimes contre l’humanité, d’autres cadres du Front national s’affichaient, eux, aux côtés des ultra-nationalistes croates qui prétendaient combattre « pour la Croatie catholique » contre « les Serbes communistes »...
Le temps est compté. Une victoire du Rassemblement national au soir du 7 juillet aurait des conséquences dramatiques pour la France, mais aussi pour l’Europe toute entière et bien sûr pour les Balkans.
Les Balkans sont très présents dans la rhétorique des extrêmes-droites, notamment des courants qui se proclament « pro-serbes » et manipulent la question du Kosovo pour vomir leur haine de l’islam et de tous les musulmans, et ces extrêmes-droites tentent aussi de séduire les diasporas balkaniques, mais elles ne sont jamais cohérentes et ne pourront jamais s’entendre, même si elles affectent l’unité pour prendre le pouvoir, à l’instar de l’extrême-droite croate qui cherche à courtiser Fratelli d’Italia, le parti au pouvoir à Rome, qui revendique toujours l’italianité de régions entières de Croatie ! L’« internationale brune » se déchirera toujours, déchirure porteuse de chaos, de violence, voire de guerres.
Pour contrer ces spectres du passé, nous savons que le temps est compté. Une victoire du Rassemblement national au soir du 7 juillet aurait des conséquences dramatiques pour la France, mais aussi pour l’Europe toute entière et bien sûr pour les Balkans. Dans cette période de tous les dangers, Le Courrier des Balkans aura plus que jamais à cœur d’informer sur ce que sont et ce que font les extrêmes droites dans les Balkans. Nous parlerons aussi des expériences de ceux qui ont résisté et qui résistent encore, hier comme aujourd’hui.
Pour cela, nous savons pouvoir compter sur vous, lecteurs et lectrices. En lisant Le Courrier des Balkans, en vous abonnant, en le faisant connaître autour de nous, vous nous aidez à poursuivre notre combat ou, pour le dire plus simplement, à faire notre métier de journalistes.