Le Courrier de la Serbie
Les lettres de Hilda Dajč
Les lettres de Hilda Dajč sont un témoignage unique et poignant sur la vie dans le camp du Parc des expositions de Belgrade. Hilda Dajč était une Juive ashkénaze, née en 1922 à Vienne. Étudiante à la faculté d’architecture de Belgrade, elle décide dès l’ouverture du camp de se porter volontaire comme infirmière. Ses quatre lettres, passées au prix d’un immense danger, expriment la terrible angoisse à laquelle les concentrationnaires sont soumis, ainsi que leur déchéance physique et morale. Disponibles au Musée d’Histoire juive de Belgrade, ces lettres sont traduites ici pour la première fois en français.
Traduction : Milo Petrović, Philippe Bertinchamps
Première lettre
Nada, ma chérie,
Je pars au camp demain matin. Personne ne m’y oblige et je n’attendrai pas qu’ils m’appellent. Je pars de mon plein gré, avec le premier groupe, demain à 9 heures, rue Georges Washington 23. Les miens s’opposent tous à ma décision, mais j’espère que toi au moins, tu me comprendras. Tant de personnes ont besoin d’aide que je dois suivre l’ordre de ma conscience et laisser de côté toute raison sentimentale en relation avec ma famille et ma maison afin de me mettre entièrement au service des autres. L’hôpital restera encore en ville et le (…)
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