Vijesti

In memoriam France Petrović Njegoš

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La princesse France Petrović Njegoš, épouse de l’héritier du trône du Monténégro, Nicolas II Petrović Njegoš, est décédée le 6 août à Paris, à l’âge de 58 ans. Elle sera enterrée à Paris dans l’intimité familiale. Le Courrier des Balkans s’associe à la peine de la famille Petrović Njegoš, et salue le souvenir d’une grande dame et d’une grande amie.

Par T. Pavičević

France et Nicolas Petrović Njegoš

La princesse monténégrine est décédée après une longue lutte contre la maladie. Sa décence et son attachement à la famille lui ont valu le titre de « belle-fille du Monténégro », accordé par les amis de la famille Petrović Njegoš.

« Elle était gravement malade, mais son optimisme rayonnant me faisait espérer qu’elle allait vaincre la maladie », dit Djuro Vucinic, directeur de la chaîne de télévision « Montena ».

France Petrović Njegoš sera enterrée à Paris dans l’intimité familiale. L’Agence Antena M a annoncé que la famille Petrović Njegoš ne permettrait la présence d’aucun représentant officiel monténégrin, à cause de l’attitude du gouvernement envers la famille.

Domiciliée à Paris, la famille Petrović Njegoš a souvent séjourné au Monténégro. Soutenu par son épouse, Nicolas Petrović Njegoš a fondé la Biennale de Cetinje, importante manifestation artistique qui a disparu sans explications après dix années d’existence.

La journaliste Branka Bogavac rappelle que France Petrović Njegoš a toujours soutenu les projets de son époux. « Elle soutenait les activités de Nicolas dans l’intérêt du pays, et elle aimait le Monténégro », explique-t-elle.

Petar Čuković, historien de l’art, confirme que France Petrović Njegoš témoignait d’une profonde fidélité aux idéaux de son mari et qu’elle éprouvait un amour sincère envers le Monténégro. « Elle voulait réintroduire le Monténégro parmi les pays européens civilisés », explique-t-il.

Janko Vukotić, économiste de Paris, qui passait souvent ses vacances d’été avec la famille Petrović dans le village de Ljuta, près de Kotor, affirme que France Petrović Njegoš avait « un très vif intérêt pour le Monténégro ». « Elle voulait que certaines choses progressent, que le Monténégro devienne membre de la famille européenne à titre d’égalité, elle souhaitait l’introduction des normes européennes », explique l’économiste, descendant du héros Janko Vukotić.

La princesse de Monténégro est née le 27 janvier 1950 à Casablanca (Maroc) sous le nom de France Navarro. Elle était diplômée de droit à Paris. Elle travaillait dans le domaine de la mode.

Le directeur de la chaîne de télévision Montena se souvient de France Petrović comme d’une personne qui s’intéressait à tout, qui suivait toutes les tendances de la mode mondiale, aussi bien que les développements de la pensée contemporaine. « Son comportement réflétait son appartenance au monde de l’art. Ses vêtements ne sautaient jamais aux yeux, mais tout sur elle était si caractéristique ».

L’historienne de l’art Ljiljana Zeković se rappelle de France Petrović comme d’une belle dame, pleine de décence, gentille, souriante, d’une conduite discrète et amicale envers tout le monde. « Elle avait des traits de caractère dignes de ses prédécesseuses, qui n’étaient pas montées sur le trône monténégrin par hasard ou par pure formalité. La princesse était avant tout une femme moderne, qui tenait à sa profession et l’exercait avec amour », explique Ljiljana Zeković.

Il y a dix ans, France Petrović Njegoš avait voulu racheter l’usine de textile Jadran de Perast pour 700 000 euros et la transformer en maison de haute couture. L’Agence étatique pour la privatisation avait réfusé son offre sous prétexte que le montant proposé était insuffisant.

« La princesse France Petrović Njegoš n’avait pas l’ambition de restaurer la royauté », affirme Ljiljana Zeković. « Elle voulait assister économiquement et promouvoir son pays de la manière la plus humaine possible ».

L’historienne de l’art Natasa Djurović estime que le Monténégro a perdu non seulement sa princesse, mais aussi une grand amie. Gordana Stevović, ancienne secrétaire générale de la Biennale de Cetinje, estime que le Monténégro a beaucoup perdu parce qu’il n’a pas suffisamment connu France Petrović Njegoš.

France Navarro et Nicolas Petrović Njegoš se sont mariés le 27 novembre 1976, et ils ont eu deux enfants, Altinai et Boris. France était très attaché à sa famille.

La directrice du Musée du roi Nikola Ier de Cetinje, Andje Kapičić estime que France Petrović Njegoš était une femme d’esprit noble qui s’intéressait beaucoup au Monténégro.« Elle avait reçu une éducation traditionnelle, et elle était très attachée à sa famille. Simple et modeste, elle sympathisait vite avec les Monténégrins », dit Andje Kapičić.

Elle explique que, pendant ses séjours à Cetinje, la princesse monténégrine saluait tout le monde et qu’elle était très accueillante chez elle à Paris.
« L’appartement de la famille Petrović Njegoš était modeste, sans luxe superficiel. France préparait des spécialités marocaines pour les invités, elle remplissait cet espace d’un esprit d’hospitalité et de gentillesse », se rappelle Andje Kapičić, en évoquant une soirée passée dans l’appartement des Petrović Njegoš en compagnie de Pascale Delpech, la compagne de l’écrivain Danilo Kis.

Pour Andje Kapičić, la princesse du Monténégro était une femme d’une simplicité particulière « qui refusait même de se maquiller ou de teindre ses cheveux ». « J’avais l’impression que leur mariage était très harmonieux », ajoute-t-elle.


Nicolas Petrović Njegoš assure depuis plusieurs années la présidence du Courrier des Balkans. France était aussi souvent présente lors des réunions ou des rencontres du Courrier. Nous pleurons la perte d’une grande amie.

Toute la rédaction s’associe à la peine de la famille.


Précisions du prince Nicolas Petrović Njegoš : Après certaines informations qui ont circulé au Monténégro, le prince Nicolas Petrović Njegoš a publié un communiqué rappelant que les obsèques de la princesse France n’auront aucun caractère religieux, et que la famille n’a aucunement interdit la présence des autorités monténégrines mais seulement demandé que soit respecté le caractère familial et intime de la cérémonie.

Le communiqué précise que l’opinion sera informée d’une cérémonie publique qui sera organisée début septembre. Le prince est révolté par les tentatives de manipulation de l’information en ce moment très difficile pour lui.