Blog • Les auteurs bulgares plurilingues et ceux d’origine bulgare (ou non) liés à la Bulgarie

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La couverture de Païssi le bulgare de Tontcho Karaboulkov publié aux éditions L’Harmattan
© L’Harmattan

On sait déjà à quel point la littérature bulgare est plurilingue, et l’a presque toujours été. On sait moins que le changement de langue chez les auteurs bulgares n’est pas définitif, et qu’il existe des auteurs qui sont liés à la Bulgarie bien qu’ils ne soient que d’origine bulgare, voire des auteurs qui sont liés à la Bulgarie sans être d’origine bulgare.

Historiquement, le premier écrivain bulgare à avoir publié une œuvre littéraire en langue française semble être le très regretté Tontcho Karaboulkov (1927-2019), à qui le Courrier des Balkans consacrait un portrait en 2005 (https://www.courrierdesbalkans.fr/la-revue-periodique). Même si Tontcho Karaboulkov fait ses débuts littéraires en langue française en 1957, il a davantage écrit en langue bulgare par la suite, dans le but d’intervenir dans les débats culturels et politiques bulgares.

Jana Bukova semble être actuellement la seule écrivaine bulgare à écrire à la fois en grec et en bulgare, mais en bulgare plus souvent qu’en grec, même si elle vit en Grèce, tout comme Velina Minkoff, qui fait des allers-retours entre l’anglais et le bulgare même si elle habite… en France.

Zhivka Baltadzhieva est la plus éminente représentante de la littérature bulgare en langue espagnole, même si elle n’a pas complètement abandonné l’écriture en langue bulgare. Pour rester dans le domaine espagnol, Daniel Rabal Davidov est un très jeune, mais prometteur écrivain de langue espagnole qui revendique aussi la connaissance de la langue bulgare même s’il est né à Madrid en 1998 et n’est que d’origine bulgare.

Par ailleurs, l’illustre écrivaine allemande d’origine bulgare Sibylle Lewitscharoff (prix Georg Büchner, le Goncourt allemand, en 2013) a consacré un roman très caustique (Apostoloff, Paris, Piranha, 2015, traduit en français par François et Régine Mathieu) à la mort d’un père bulgare (le sien ?) que l’on va inhumer dans la Bulgarie natale.

Franck Pavloff, écrivain et poète français, revendique fièrement ses origines bulgares.

Enfin Elizabeth Kostova et Éric Naulleau, « Bulgares par alliance » même s’ils n’ont peut-être pas la nationalité bulgare, nous permettent d’achever le tableau. La première, Américaine de souche, a écrit sur la Bulgarie et soutient de nombreux auteurs bulgares par sa fondation. Le second, que l’on ne présente plus en France depuis qu’il est abonné des plateaux de télévision, a aussi été éditeur et traducteur entre autres de littérature bulgare, puis essayiste et journaliste ; il est désormais aussi romancier.

Ceux qui se plaignent d’un intérêt insuffisant pour la culture bulgare n’ont pas entièrement raison : en réalité relativement peu de Bulgares ont lu les auteurs qui viennent d’être énumérés, qui sont pourtant loin de manquer de public. L’intérêt pourrait être renforcé dans les deux sens. La culture bulgare est multiple et métissée et non pas telle qu’on l’enseigne à l’école bulgare.