Blog • Le symbole lumineux de la démocratie moderne de l’Albanie remplace le musée Enver Hoxha

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Le 22 mai 2023, Erion Veliaj, le maire de Tirana, a tweeté être « super enthousiaste » à propos de l’écho que la Pyramide, vingt-et-un mètres de haut, a reçu ces jours-ci. Un point touristique pour les locaux, les étrangers, il sera bientôt transformé en le plus grand centre technologique de la région. Indéniablement, cela donne un nouveau visage à la ville et c’est un signe que l’Albanie veut parcourir une nouvelle route.

Vu d’en haut, le bâtiment, en plein centre-ville juste en face du parc Rinia, ressemble à un aigle stylisé, cette-ci étant le symbole de l’État albanais. La forme pyramidale ne peut être vue que de face, tandis que l’arrière est principalement vertical.

Autrefois un musée en l’honneur de l’ancien dictateur communiste Enver Hoxha, la pyramide a été restaurée et transformée en un magnifique symbole de l’avenir high-tech de la jeunesse et de la démocratie en Albanie, en plein coeur de la ville.

En 1985, un bâtiment pyramidal a été érigé sur un ancien parc, aujourd’hui connu sous le nom de Pyramid Square. Il a été conçu en 1988 par Pranvera Hoxha, la fille du dictateur, Klement Kolaneci, son gendre, Pirro Vaso et Vladimir Bregu. Le projet n’a duré que trois ans. Et sa création visait à confirmer l’autorité suprême du despote et à renforcer son statut mythique.

Des matériaux importés de haute qualité et de nombreux types de marbre coûteux, couvrant l’extérieur et l’intérieur de la pyramide, révèlent l’importance symbolique et idéologique de ce bâtiment pour le bureau politique de l’Albanie. Plus de quatre millions de dollars ont dû être dépensés pour ce bâtiment, à une époque où le niveau de pauvreté atteignait son apogée dans tout le pays.

Après la fin du régime communiste en 1991, trois ans après l’ouverture de la pyramide, l’Albanie étant la dernière nation d’Europe à abandonner le communisme, la signification du bâtiment en tant que musée s’est perdue. À cette époque, il jouait un rôle multifonctionnel. Dans les années 1990, il est devenu le Centre culturel national et la place devant la pyramide a commencé à être considérée comme un espace public utilisé par les citoyens de la Tel-Aviv des Balkans, tout en devenant la principale attraction touristique de la ville. La première discothèque d’Albanie y a été ouverte. L’agence d’aide américaine USAID, une chaîne de télévision et Pepsi ont emménagé dans des bureaux au sous-sol, suivis par l’OTAN qui y a également installé un bureau pendant la guerre de 1999 au Kosovo.

Après 2000, une grande discussion sur l’avenir du bâtiment a surgi. Le même a subi un processus de rénovation qui vient de se terminer 23 ans plus tard. Dans ces derniers jours les barricades construites autour de la pyramide ont été supprimées et les citoyens ainsi que les touristes peuvent finalement monter les escaliers et profiter de l’espace vert autour de la construction pyramidale.

Quant aux futures expositions à accueillir, il n’y a pas encore de date de début. Mais sa réouverture est une démonstration que le pays veut mettre fin à son passé turbulent et progresser.

En 2007, un concours international a été organisé afin de transformer le bâtiment en un théâtre dramatique et en centre d’arts visuels. Mais aucune des propositions n’a été réalisée. En 2010, un autre concours a été organisé, remporté par la Coop Himme(l)blau, proposant la démolition de la pyramide et la création d’un nouveau parlement à sa place. Un débat public a suivi avec des nombreuses pétitions et manifestations devant le bâtiment. Au final, le projet n’a jamais vu le jour et la pyramide a continué d’exister.

Dernièrement, il n’y a pas eu de concours d’architecture ni de débat public pour décider de l’avenir du bâtiment. Et une nouvelle proposition pour la pyramide a été présentée par le studio d’architecture néerlandaise MVRDV dans le but de transformer l’ancien musée du dictateur en un nouveau centre de technologie, d’art et de culture. L’idée de MVRDV d’ajouter des escaliers à la pyramide, sur laquelle on peut marcher aujourd’hui, crée de l’idée que le passé peut être transcendé. Ceci c’est incontestablement un sentiment de libération.

La suppression des barrières de travail autour de la pyramide après une longue période est un signe de la volonté d’embrasser un nouveau départ par rapport à un passé troublé.

Enfin, les visiteurs peuvent monter ses escaliers, profiter de la belle vue sur la ville et s’asseoir entre les espaces verts autour du bâtiment. Bientôt, des expositions et des événements y seront également organisées. Sûrement, un nouvel air frais enveloppe Tirana et l’atmosphère qu’on vit c’est magique.