Blog • Aux confins de la Macédoine, un petit coin de paradis : Sveti Naum !

|

Fanny nous conduit aujourd’hui au bord du lac d’Ohrid, tourisme et recueillement, juste pour le plaisir d’être là un moment, apprécier les couleurs du temps, le temps de prendre un café au bord de l’eau...

Sveti Naum, coin de paradis aux confins de la Macédoine
© Wikipédia

Par Fanny Monod

Au coeur du parc national Galicica, en bord du lac d’Ohrid et à la frontière avec l’Albanie, se trouve Sveti Naum. Riche d’une nature tant superbe que sauvage, cette étonnante destination accueille les voyageurs, dans une douce spiritualité issue du monastère du même nom.

En entrant dans le complexe, vous remarquerez sur votre gauche un grand nombre d’échoppes qui proposent en souvenirs tout ce qui se fait de mieux en artisanat macédonien. Laissons-les pour l’instant. Sur votre droite, vous soupirez en sentant votre coeur fondre devant le spectacle qu’offre le lac. Même les plus hargneuses des humeurs ne peuvent que s’adoucir face à ces images de cartes postales.

En continuant votre route, vous croisez les tablées de Cuba Libre, restaurant-bar spécialisé dans les grillades, situé de part et d’autre de la voie. Flânant tranquillement, vous dépassez le pont de bois du restaurant Ostrovo, et vous vous dirigez vers le monastère. Construit en 897 par Saint Naum, frère de Saint Clément d’Ohrid, tous deux étudiants des fameux missionnaires grecs Cyrille et Méthode, le monastère de Sveti Naum (Saint Naum en macédonien) est l’une des destinations touristiques les plus populaires de la Macédoine. S’y pressent plusieurs milliers de touristes chaque été, bénéficiant de la popularité de la ville d’Ohrid, drainant elle-même 30 000 visiteurs annuels. La plupart sont des Turques, Polonais, Hollandais et locaux de Macédoine, ainsi que des pays limitrophes. Mais ne vous y trompez pas ! Même s’ils sont moins nombreux, attendez-vous aussi à croiser des Chinois, des Coréen, des Japonais, des Allemands, des Français, des Américains, des Israéliens... D’après mon guide "Je n’ai pas besoin de voyager, le monde entier vient à nous !"

En grimpant le jardin aux teintes japonaises et en vue du monastère, prenez garde aux paons sauvages qui règnent en ces lieux. De nombreuses pancartes préviennent d’ailleurs les touristes imprudents, en particulier s’ils ont des enfants. Entrant dans l’église byzantine, vous pouvez acheter une bougie ou faire un don pour orienter les voies divines en votre faveur. Un seul moine reste ici, il est l’hôte à l’autorité sage, au-delà des questions de propriété. Une partie du monastère est aménagé en hôtel et restaurant 4 étoiles. Si vous êtes comme moi, vous préférerez sans doute les coins plus simples aperçus au début, et plus à portée de vos bourses.

Ainsi, après cette session spirituelle, pourquoi ne pas prendre un café au bord de l’eau ?

Redescendant le chemin du monastère, vous pouvez par exemple choisir de gravir la passerelle de bois pour arriver au restaurant Ostrovo. Comme son nom l’indique en macédonien, le restaurant se trouve sur une île (Ostrov : île), bordée par la rivière-source du lac d’Ohrid. En ce lieu, vous pouvez donc apprécier un café au jardin ou sur les plateformes mobiles qui vous emmènent sur la rivière.Vous pouvez aussi choisir d’emprunter un bout de bateau où l’un des guides vous racontera l’histoire du lieu.

"Si vous écoutez attentivement, vous entendrez un battement de coeur, à travers les vagues. C’est le coeur de Sveti Naum qui bat au rythme du lac", raconte mon guide. D’un coup de rame, vous voici embarqués sur un morceau de paradis flottant, dans une mangrove hors du temps.

"Si vous vous retournez, vous pourrez voir les arbres qui forment un coeur. Après l’avoir entendu, vous pouvez donc le voir, le coeur de l’homme qui a construit ce lieu sacré. Maintenant je vais vous raconter son histoire". Lazar Mitrev est guide touristique sur les esquifs du restaurant. Il s’en trouve huit pour le restaurant et quatre indépendants qui propose ce type de traversées. L’odyssée dure 30 minutes environ, et si l’histoire vous plaît, n’hésitez pas à laisser un pourboire !

Outre la restauration et les excursions sur les bateaux à rames (seuls autorisés pour ne pas déranger la faune et la flore), Ostrovo vous propose également des bijoux conçus à partir des fameuses perles d’Ohrid, et célèbre de nombreux mariages. Le lieu s’y prête en effet à merveille, que demander de mieux qu’une balade en bateau ou une plateforme sur l’eau pour profiter d’un instant privilégié avec sa douce moitié !

Sur votre plateforme, vous pouvez aussi profiter d’un accompagnement musical. Dans les jardins et dans le restaurant, attendez simplement que les mélodies viennent à vous, en prêtant l’oeil et l’oreille.

Là, le contrebassiste dévoile délicatement sa contrebasse de son house, puis l’accorde, attentif, pour la session à venir. Dans un répertoire macédonien, tzigane et folklorique des Balkans, le groupe fait le tour des tables pour proposer ses services. Si vous êtes intéressés, glissez un billet à l’un des musiciens et demandez votre chanson préférée. En costume et chemise, les musiciens vous invitent alors au voyage, dans des mélodies belles et mélancoliques, celles que l’on entend résonner dans tous les coeurs des Balkans.

Pour goûter ensuite à une ambiance plus moderne et décontractée, vous rejoignez Cuba Libre, au bord de la plage ou en bord de rivière. Une équipe dynamique vous accueille. Ils sont faciles à repérer grâce aux t-shirts rouges rappelant une célèbre marque de boisson gazeuse, dont le logo en est d’ailleurs issu. Ici, vous pouvez déguster des cocktails, apprécier les grillades dont vous voyez en direct la préparation sur l’autel du cuisinier, et autres spécialités rapides macédoniennes. Quand le soleil vient à joindre son couchant, l’équipe abat alors l’immense toit ouvrant. Vous profitez d’un air frais et d’un espace étendu, face à un lac qui vous emmènera, rêveur, dans sa grandeur paisible.

Finissez votre excursion en emportant avec vous quelques souvenirs : bijoux, icônes traditionnelles et produits dérivés variés. Parmi la douzaine d’échoppes, vous trouverez facilement votre bonheur, accueillis toujours par un sourire.

Plus qu’un lieu touristique, Sveti Naum est aussi une grande famille. Que ce soit le restaurant Ostrovo, Cuba Libre et les échoppes tout le monde se plie en quatre pour accueillir l’invité de passage. Tous se connaissent puisqu’ils travaillent intensivement tous ensemble, certains à l’année. Les employés des différents établissements ignorent d’ailleurs pour la plupart la notion de jours de congé. Cette période saisonnière leur permet en effet d’assurer des revenus pour le reste de l’année, et ils y mettent du coeur. Même si l’on reste captivé par la beauté des lieux, il ne faut pas oublier que l’on est ici dans les Balkans, dans un contexte économique et social délicat. À la gentillesse de nos hôtes, répondons par la générosité et le respect, le voyage en vaut la chandelle.