Blog • La Ciorbitza, étape 6 : fin du périple en Roumanie

Le périple de deux mois dans les Balkans touche à sa fin. Après une dernière étape en Roumanie et des retrouvailles avec d’anciens amis, on retourne en France chargées de souvenirs et d’idées à partager au sein de l’association La Ciorbitza.

Après avoir traversé le Sud de la Roumanie et la Transylvanie, nous arrivons dans les Maramures, région qui longe l’Ukraine dans le Nord-Ouest du pays. Ce territoire, historiquement marqué par son passé de résistance mais aussi l’importance encore accordée la religion et au respect des traditions, se caractérise notamment par l’artisanat du bois.

Sur la route, nous laissons ainsi les paysages de plaines pour faire place aux montagnes et villages formés de grandes maisons en bois fermées par de magnifiques portails en bois sculptés. Les chaînes qui encadrent les portails symbolisent les liens qui relient les familles les unes aux autres. Certaines maisons ont conservé d’anciens éléments décoratifs, comme l’arbre à l’entrée de la maison avec des casseroles retournées suspendues aux branches. Cet assemblage signifiait que la dote des jeunes filles était prête.

Là aussi, nous constatons que la région oscille entre persistance d’éléments traditionnels et évolution du mode de vie. En effet, l’habitat évolue avec de plus grandes maisons en ciment côtoyant les traditionnelles maisons en bois. Nous croisons encore des artisans, du bois, du tissage et de la broderie. Mais nous constatons aussi la diminution de la présence des animaux et la mécanisation de l’agriculture.

Encore une fois, nous nous questionnons sur le devenir de ces villages : comment accéder à un mode de vie plus confortable pour les habitants, sans renoncer au patrimoine culturel qui fait la beauté de cette région ?

En attendant, c’est dans le village de Poienile Izei que nous nous arrêtons, lieu chargé de beaux souvenirs à partager pour l’une d’entre nous. On y retrouve Domnita, propriétaire d’une pension mais aussi cuisinière attachée aux traditions. Notre présence tombe pendant le jour de la St Pierre, jour férié dans le village où l’ensemble des habitants se retrouvent à l’église en tenues traditionnelles. Domnita nous prête des tenues adaptées pour y participer. Nous avons ainsi l’occasion d’assister à cette fête parmi les femmes habillées de jupes fleuries, d’une chemise blanche brodée et d’un voile fleuri sur la tête, tandis que les hommes portent une blouse blanche et le clopa, petit chapeau de paille traditionnel. Cette expérience nous permet d’apprendre que les fêtes religieuses sont toujours inspirées du rythme des saisons agricoles, il y a donc un mélange d’éléments orthodoxes et païens.

Ce passage à Poienile Izei nous permet aussi d’apprendre a cuisiner des recettes traditionnelles telles que les sarmale, la mamaglia, la Ciorbă, les gogos ou encore les pupici ("bisous de maïs"). Nous nous régalons et continuons de tout noter pour vous faire savourer ces plats à notre retour en France !

Après les Maramures, nous terminons notre voyage à Satu Mare où nous retrouvons la communauté Emmaüs qui y est située. Depuis 30 ans, l’association accompagne les jeunes issus du système de protection de l’enfance. Le cadre familial d’accompagnement et les activités proposées constituent une étape tremplin pour ces jeunes dans la construction de leur projet de vie. Là encore, ce sont de beaux moments de retrouvailles, de rencontres et de partage qui nous attendent. Mais aussi des découvertes culinaires ! Nous apprenons ainsi des variantes plus traditionnelles de recettes que nous avons déjà cuisinées. Nous en profitons aussi pour creuser des références historiques autour de la Roumanie. Une professeure d’histoire nous partage son livre de recettes de Satu Mare, influencées par la communauté juive qui y a vécue. Nous débattons également de la dénomination "Balkans" et de la place, ou non selon les points de vue, de la Roumanie dans cet ensemble historique et géopolitique.

Le temps du retour approche et c’est avec émotion que nous quittons la Roumanie pour retraverser l’Europe, dans l’autre sens, en bus cette fois ci. Nous avons parcouru des terres disputées par les empires pendant des siècles. Nous avons découvert des plats qui traduisent les mouvements de population qui ont marqué et qui continuent de marquer ces territoires. Nous avons tenté de comprendre les enjeux traversés actuellement par ces pays. Aujourd’hui, nous rentrons à l’ouest alors que la guerre se poursuit en Ukraine, nous rappelant que le continent européen est composé d’espaces multiples, divers, vivants et liés les uns aux autres.

Cette expérience fut intense, magnifique et pleine de symboles à la fois personnels et politiques. Bien qu’elle se termine, nous revenons en France avec le sentiment que ce n’est que le début d’un projet qui se poursuivra sous diverses formes. Nous sommes également heureuses de retrouver nos proches et de pouvoir leur partager ces instants que nous avons vécus.

Nous remercions toutes les associations rencontrées et les personnes qui nous ont ouvert leurs portes pour tous ces moments de partage autour de la cuisine.
Un grand merci aussi à tous nos proches pour nous avoir permis de réaliser ce projet et à Cyclo camping international pour son soutien !


Quelques partages culinaires :

  • plăcíntă pe plintă : pain garni de fromage/champignons/ chou/ pommes de terre etc.
  • Supa de taitei : soupe de vermicelles cuits dans un bouillon de poule
  • Supa de salata : soupe de salade
  • Fasole frecata : houmous de haricots blancs servi avec une sauce paprika oignons
  • Pastai cu usturoi : salade de haricots à l’ail.