A lire :
• Nadère Ragaru, « Et les Juifs bulgares furent sauvés... » • Une histoire des savoirs sur la Shoah en Bulgarie, Paris, Presses de Sciences Po, 2020, 381 pages, 29 euros.
• Cynthia Mary Crews, Contes judéo-espagnols des Balkans, édité et traduit par Anna Angelopoulos, Paris, José Corti, 2009, 396 pages
En octobre 2015, 26 représentants des communautés juives des Balkans (Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Serbie, Kosovo, Albanie et Hongrie) se sont officiellement réunis au Monténégro pour la première fois depuis 1995 et la dissolution de l’ancienne Yougoslavie.
Albanie
En 1937, la communauté juive d’Albanie compte environ 300 membres. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Albanie sous occupation italienne devient un refuge pour des centaines de réfugiés juifs en provenance d’Allemagne et d’Autriche. En 1944, 400 Juifs étrangers, réfugiés à Tirana et Durrës, sont internés à Pristina, au Kosovo, avant d’être déportés à Bergen-Belsen. Après guerre, la population juive oscille autour de 450 personnes.
Bulgarie
Le 4 mars 1943, le gouvernement bulgare, qui a annexé la Thrace et la Macédoine, arrête tous les Juifs de ces régions. Les Juifs de Thrace sont transportés dans des wagons à bestiaux, sous escorte de la police bulgare, jusqu’à la ville portuaire de Lom sur le Danube, où ils sont livrés aux Allemands. Entassés sur des embarcations à destination de Vienne, ils sont ensuite transportés vers le camp de Treblinka. Les Juifs de Macédoine y sont déportés par voie terrestre. Au total, 11 370 Juifs de Thrace et de Macédoine sont déportés. En 1943, le gouvernement bulgare prépare la déportation de 48 000 Juifs bulgares de Plovdiv et de Kyustendil. Mais suite à des pressions de l’Église et de personnalités publiques, le plan est annulé.
Grèce
L’expulsion des Juifs de Thrace et de Macédoine est suivie, entre mars et mai, de la déportation des Juifs de Salonique sous contrôle allemand. Marqués et dépouillés de leurs biens, ils sont enfermés dans des ghettos avant d’être déportés. L’été 1944, les Juifs vivant dans les régions dont les Allemands ont pris le contrôle suite à la capitulation de l’Italie, sont également déportés. Près de 60 000 des 77 000 Juifs grecs sont tués pendant la Shoah, la plupart à Auschwitz-Birkenau.
Roumanie
À peine 6000 Juifs vivent aujourd’hui en Roumanie. Déportés sous le régime pro-nazi du général Antonescu, les Juifs de Roumanie ont été des acteurs majeurs du sionisme, 280 000 d’entre eux ayant émigré en Israël de 1948 à 1989. Les persécutions ont débuté en 1937 avec les mesures discriminatoires du gouvernement Goga, se sont poursuivies en 1940 avec l’établissement de l’État national légionnaire, et systématisées en 1941 avec le régime Antonescu. Elles ont cessé le 23 août 1944 quand la Roumanie rejoint les Alliés. Selon Cartea Neagră (« Livre noir »), 265 000 ont été exterminés sous la responsabilité du gouvernement d’Antonescu.
Yougoslavie
En avril 1941, les Allemands conquièrent la Serbie. Trois mois plus tard, un soulèvement populaire éclate. Le gouvernement allemand local exécute les hommes juifs internés dans des camps, la majorité entre septembre et décembre 1941. Près de 8000 femmes et enfants sont incarcérés dans le camp de Sajmište à Belgrade et mis à mort entre mars et mai 1942 dans un camion à gaz.
En Croatie, l’État indépendant d’Ante Pavelić massacre des milliers de Serbes et d’opposants au régime. En juin 1941, commence la déportation des Juifs de Zagreb vers les camps de concentration. Les Juifs de Bosnie-Herzégovine sont déportés en août. La majorité sont assassinés peu de temps après. En août 1941, le plus grand camp de concentration de Croatie est ouvert à Jasenovac. 25 000 Juifs, ainsi que des centaines de milliers de Serbes et des milliers de Rroms et d’opposants au régime y sont exterminés. Le camp est liquidé fin avril 1945. Près de 66 000 des 80 000 Juifs de Yougoslavie seront assassinés pendant la Shoah.