Croatie : la fin des médias indépendants ?

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La disparition officielle du programme de soutien aux médias non lucratifs, décidée dès sa prise de fonction par le controversé ministre de la Culture, Zlatko Hasanbegović, a déjà contraint 20 journaux à mettre la clé sous la porte. L’indépendance de l’information est plus que jamais menacée en Croatie.

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Par Enis Zebić

L’ancien ministre de la Culture Zlatko Hasanbegović restera gravé dans les mémoires comme celui qui a signé l’arrêt de mort du journalisme indépendant.

La société des journalistes ainsi qu’une grande partie de l’opinion publique tirent la sonnette d’alarme : la fermeture annoncée des médias à but non lucratifs menace le pluralisme de la presse croate. Ces médias traitent en effet de sujets qui ne sont jamais abordés par les grands médias commerciaux.

« L’objectif d’Hasanbegović était de détruire pour réduire à l’impuissance les médias non conformes à ses désirs et à ceux du HDZ sous la présidence de Karamarko. Il n’a pas pris en compte le fait qu’il allait faire bien plus de dégâts qu’il n’en avait l’intention », explique Saša Leković, président de la Société des journalistes croates.

Le destin des médias indépendants sera tout en haut de la liste des priorités lors de la première rencontre entre la direction de la Société des journalistes croates avec le nouveau gouvernement, ajoute-t-il. Goran Borković, rédacteur en chef de Forum.tm, doute néanmoins que le nouveau gouvernement, en formation, remettra en place le mécanisme de financement des médias indépendants.

Chaque année, trois millions de kunas (400 000€) étaient versés à ces médias. Ils ne provenaient pas du budget de l’État, mais des bénéfices des jeux de hasard.

Les 20 médias à but non lucratifs qui ont déjà mis la clé sous la porte, employaient 30 journalistes à temps plein et 250 autres collaborateurs réguliers. Ils sont devenus les victimes de la marchandisation galopante de la presse et de la baisse de qualité des médias grand public.

Selon le rapport annuel de Reporters sans frontières, la Croatie a déjà reculé de cinq places en 2015 sur l’échelle de la liberté de la presse dans le monde, pour se retrouver 63ème.


Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.