Blog • Kosovo : tapis rouge au festival de Cannes

|

Le Festival de Cannes ouvre ses portes au Kosovo avec le long métrage franco-kosovar Luaneshat e kodrës (La Colline où rugissent les lionnes) et le court-métrage Pa vend (Déplacé), tous les deux en compétition à la Quinzaine des réalisateurs.

Cette année, le Kosovo est bien représenté avec le film franco-kosovar Luaneshat e kodrës (La Colline où rugissent les lionnes) de la très jeune et talentueuse réalisatrice Luana Bajrami. Son film est en effet sélectionné parmi 24 autres longs métrages ! Le court-métrage Pa vend (Déplacé) signé par Samir Karahoda figure quant à lui parmi les 9 courts-métrages composant la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs.

Luana Bajrami : réalisatrice à 19 ans

Originaire du Kosovo, où elle a vécu jusqu’à l’âge de 7 ans, Luana Bajrami a étudié le théâtre au conservatoire de Limeil-Brévannes, en région parisienne. En 2018, son baccalauréat littéraire en poche, elle se tourne vers le cinéma où elle enchaîne de plus en plus de rôles.

C’est après avoir vu le film de Nicolas Bary adapté du roman pour enfants éponyme de Henry Winterfeld, « Les Enfants de Timpelbach », que la jeune adolescente rêve de devenir comédienne. Elle décroche son premier rôle dans le téléfilm « Le Choix d’Adèle » d’Olivier Guignard, diffusé pour la première fois en 2011. Elle y interprète une élève de 8 ans d’origine albanaise dont la famille est menacée d’expulsion. Cette élève trouve un soutien auprès de son institutrice, interprétée par Miou-Miou.

Après plusieurs expériences dans des courts métrages de fiction et à la télévision, elle est remarquée dans le long métrage de Sébastien Marnier produit en 2018, « L’Heure de la sortie » (librement adapté du roman éponyme de Christophe Dufossé). Elle incarne le personnage de " la glaciale Apolline7", meneuse d’un sous-groupe de six élèves en classe de 3eme, enfants intellectuellement précoces (EIP), face au professeur suppléant joué par Laurent Lafitte.

Sa première apparition à Cannes date de 2019 dans le film de Céline Sciamma, « Portrait de la jeune fille en feu ». Dans ce drame historique, Luana Bajrami interprète une domestique, Sophie, un rôle puissant qui complète le tableau de la condition féminine esquissé par la réalisatrice.

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2021, « La Colline où rugissent les lionnes » est le premier long métrage de la jeune réalisatrice qui signe le scénario et interprète le rôle de Lena à côté de deux autres actrices.

Quelque part au Kosovo, dans un village isolé, trois jeunes femmes voient étouffer leurs rêves et leurs ambitions. Dans leur quête d’indépendance, rien ne pourra les arrêter : le temps est venu de laisser rugir les lionnes.
Le compositeur albanais Aldo Shllaku, installé à Los Angeles et à la filmographie impressionnante, signe la musique du film dont la sortie sur les écrans français est annoncée pour 2022.

Samir Karahoda : photographe et cinéaste

Diplômé de photographie en 2003 à l’Université des beaux-arts Mimar Sinan d’Istanbul, il a déjà plusieurs courts métrages à son actif en tant que directeur de la photographie, puis comme réalisateur. Il a également été commissaire du programme de courts métrages du DokuFest International Documentary Film Festival à Prizren. En 2019, il est le réalisateur et le scénariste de « Në Mes » (Au milieu) et en 2021 de « Në vend » (Déplacé).

Dans une interview donnée à la Berlinale Short Film 2019 où « Au milieu » était sélectionné, Karahoda parlait de son court métrage avec ces mots : " « Në Mes » s’intéresse aux valeurs et aux idées familiales et patriarcales traditionnelles. Dans le Kosovo rural, les pères construisent des maisons identiques pour leurs fils. Ces fils vivent partout, partout sauf au Kosovo. Les maisons incarnent l’amour, le désir et l’espoir de ceux qui sont restés chez eux pour ceux qui sont allés travailler à l’étranger qu’ils reviendront un jour et s’installeront à nouveau ici. En pratique cependant, ils ne reviennent que pour les fêtes de famille et les funérailles. Bien qu’ils se sentent liés à la patrie et à la culture de leur enfance et de leur jeunesse, ils se sentent également aliénés. Veulent-ils même revenir ? Ainsi, si les maisons sont des symboles d’égalité et d’unité familiale, ce sont aussi des châteaux dans les airs."

Avec « Déplacé », dont il a écrit le scénario et les dialogues, Karahoda cultive la forme courte pour tester les limites créatives personnelles tout en partageant une histoire avec le public à un coût moins élevé qu’avec un long métrage. Très attaché à l’image, il ancre son travail d’observation en suivant avec sa caméra deux joueurs de tennis de table qui errent d’une salle à une autre en emportant leur bien le plus précieux : leur table d’entrainement.

« La Colline où rugissent les lionnes » de Luana Bajrami est annoncé en clôture de la 35e édition du Festival international du film francophone de Namur du 11 au 19 novembre 2021. Le thème sera : ’Le sens de la fête’, avec en ouverture le film qui porte le même nom réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache avec Jean-Pierre Bacri et Gilles Lellouche.