Même si la ville portuaire de Durrës est connue comme une zone sismique à risque, il n’empêche que la force du tremblement de terre, le 26 novembre, a frappé par son intensité et les dégâts observés dans une partie du pays où la densité de la population est la plus forte. De quoi causer de forts traumatismes mais également engendrer de grands élans de solidarité. C’est le cas parmi les artistes qui, traditionnellement, s’associent à toutes les causes pour lesquels leur talent est régulièrement mis à contribution.
Deux initiatives ont attiré mon attention et forcé mon admiration dans les heures, le jour et la nuit qui ont se sont succédé après la première secousse. Bientôt suivi d’une autre. Et encore d’une autre. Toujours de fortes intensités. Créant un sentiment d’effroi et de panique chez tous ceux qui habitent des immeubles à plusieurs étages pour lesquels le respect des normes de construction est un débat qui divise la société depuis plus de vingt ans. L’état d’urgence a été décrété à Durrës et à Thumanë, au nord de la capitale Tirana.
Solidarité : la meilleure arme contre les tragédies
Que faire quand on rencontre plus malheureux et plus pauvre si ce n’est de lui tendre la main ? Sous l’impulsion d’un mouvement organisé pour la défense de maintien du théâtre national dans les bâtiments qui ont abrité sa création il y a plus de 70 ans, des centaines de personnes ont accouru pour déposer vêtements, couvertures, nourriture de première urgence.
En quelques heures, des artistes ont fait de ce lieu de contestation un espace de rassemblement et de distribution pour les acheminer dans les zones touchées en s’appuyant sur un esprit de débrouillardise et les nombreuses bonnes volontés. Comme si après le cataclysme sismique, une vague de solidarité tentait à son tour de tout emporter avec elle : les mauvais jours, les chicaneries, les coups de gueule, les révoltes des uns et des autres.
Le mouvement citoyen Aleanca pour la protection du théâtre national, avec le comédien Neritan Liçaj et bien d’autres, coordonne des volontaires de tous âges venus leur prêter main forte. Charger, décharger, scotcher, ficeler... tous s’affairent comme dans une ruche autour d’un même objectif. Cette action de collecte est particulièrement bien relayée par les médias et sur les réseaux sociaux, à l’image de la page Facebook de l’ambassade d’Italie et de bien d’autres.
Une idée généreuse : un concert marathon
Une autre initiative à saluer est celle de la chanteuse lyrique Inva Mula. Elle a lancé l’idée d’un concert marathon dont les bénéfices iront aux familles touchées par le séisme. Sur le mur de sa page Facebook, on peut lire : « Tous les artistes présents au concert marathon. Moi aussi ! ».
Prévu le 7 décembre au Théâtre de Durrës, ce concert rassemblera tous les artistes qui pourront y participer. A commencer par ceux de la ville de Durrës. Inva Mula s’est exprimé dans les médias : « Il s’agit d’une initiative visant à organiser un rassemblement d’artistes lors d’un concert marathon. » Toutes les musiques et tous les artistes sont les bienvenus : chanteurs, instrumentistes, acteurs, etc. Parmi les premiers à répondre présents, Le pianiste Robert Radoja, cher au cœur des artistes et du public albanais : « Si vous avez besoin de moi, je suis prêt ! ».
État d’urgence : contributions volontaires
Deux exemples suivis de nombreux autres en Albanie mais aussi à l’étranger où la diaspora s’organise et fait preuve d’ingéniosité pour s’associer à l’effort d’entraide initiée par les institutions.
Le ministre d’État de la diaspora invite associations et entreprises de par le monde à offrir leurs dons aux familles et aux citoyens victimes du tremblement de terre.
Le Gouvernement albanais a ouvert des comptes bancaires pour des contributions volontaires dont les coordonnées sont diffusées par la voie du réseau de ses ambassades.
Iban en tout (€) : Al29 2121 1016 0000 0000 0001
Iban 2121 1016 0000 0000 0003
Iban en USD 2121 1016 0000 0000 0002
La société civile n’est pas en reste. Dans tous les pays du monde où la diaspora est organisée en associations, les initiatives se sont multipliées. En France, la première association à organiser une collecte a été Iliria Lyon avec un compte Leetchi « Pour les victimes du séisme en Albanie ». Suivie de très vite par les entrepreneurs albanais de France (REAF) qui s’est associé à Albania -association culturelle fondée à Paris en 1997- et au réseau des étudiants albanais d’Ile-de-France -tout juste créé- pour une soirée de solidarité organisée samedi 30 novembre au centre d’expo Lafayette-Drouot, rue du Faubourg Montmartre, Paris (75009). REAF a ouvert un compte au Crédit mutuel (CCM Paris-Cardinet) au nom de l’Union des entrepreneurs albanais de France (IBAN : FR76 1027 8060 6300 0202 5300 257. BIC : CMCIFR2A) et Albania un autre sur Helloasso : « Aidons les victimes du tremblement de terre en Albanie ».
« Désormais la solidarité la plus nécessaire est celle de l’ensemble des habitants de la Terre », comme se plaisait à souligner le généticien et mathématicien de génie, Albert Jacquard, très impliqué dans les questions touchant l’avenir de l’humanité.
