Blog • Écologie citoyenne à Podgorica, du vert au Montenegro

|

La Morača, au nord de Podgorica
© Wikipedia

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Une volonté de changement qui doit venir de l’intérieur de chacun de nous

Aux abords de la capitale monténégrine, une petite révolution est en cours. Pas de grands discours ou de manifestations grandiloquentes mais beaucoup de cœur à l’ouvrage.

Kristina Žugić et Aleksandar Novović, la trentaine souriante, cultivent leur jardin sur un hectare de terrain qu’ils ont baptisé Bašta Ekologica. Au départ, rien ne semblait destiner ces deux urbains à un tel projet. Étudiants en Sciences politiques et en Littérature il y a à peine cinq ans, voilà maintenant quatre années qu’ils ont amorcé ce retour à la terre.

La prise de conscience est venue à l’issue des manifestations étudiantes qui ont secoué le Monténégro en 2012, au terme d’une mobilisation intense mais aux conclusions stériles. Kristina et Aleksandar décidèrent de changer de cap et de se mettre au vert. « Beaucoup de gens ont pris cela pour une sorte de retraite spirituelle ou monastique », s’amuse Aleksandar. Néanmoins une légère amertume pointe lorsqu’il évoque la mobilisation étudiante dont il fut l’un des leaders : « Je ne dis pas que les défilés sont inutiles, il est important de sortir dans les rues et de manifester son désaccord ». Il évoque « une volonté de changement qui doit venir de l’intérieur de chacun de nous ». Ainsi, en accord avec Kristina, ils décidèrent d’investir un bout de terrain familial avec un projet neuf.

Sensibilisation, éducation, mobilisation

Leur initiative revêt plusieurs dimensions : environnementale certes, mais aussi et surtout éducative. Au sein d’un État auto-proclamé écologique, notre couple de militants déplore le peu d’égard de la population pour la préservation de leur milieu de vie et les visées de très courtes vues du pouvoir en place.

Ils décident alors de créer un espace de jardinage autogéré avec une dizaine de parcelles à disposition de quiconque désire s’engager dans leur démarche. Leur autre cheval de bataille est la sensibilisation des plus jeunes à la préservation de l’environnement. Au moyen d’atelier animés avec des groupes scolaires. Pour Kristina, il s’agit à la fois d’une sensibilisation écologique mais aussi citoyenne. « Ils y apprennent la gestion des déchets, des rudiments de jardinage et l’importance que leurs actes peuvent avoir dans l’immédiat et pour l’avenir ». Ces initiatives sont accompagnées de conférences et débats sur les mêmes thématiques à destination des adultes. Pour Kristina : « Nous n’avons pas l’ambition de dicter aux gens ce qu’ils doivent penser, mais le simple fait qu’ils viennent ici au lieu de philosopher au café ou déambuler au centre commercial, c’est déjà une petite victoire ».

Voila donc pour aujourd’hui. Mais pour demain et après-demain ? Nos deux amis soupçonnés par quelques grincheux d’être une sorte de hispters néo-ruraux ne manquent pas d’idées : « Nous explorons plusieurs pistes, comme la possibilité de construire des toitures végétalisées dans la ville ou de pouvoir trouver des partenaires dans le pays pour diffuser les ateliers ou développer le mouvement slow-food au Monténégro ». Et bien qu’ils n’aient aucune ambition de se lancer dans le tourisme de type « green-washing », la petite équipe aidée de bénévoles tentent de construire un petit lieu d’hébergement à l’intention des volontaires qui voudraient soutenir leur initiative.

Toutes les énergies sont bonnes à prendre, si vous le désirez, vous pourrez retrouver et/ou soutenir l’initiative sur facebook ou wwoofinternational.org. Ne soyez pas déçus ou vexés si l’on ne vous répond pas tout de suite, chaque chose en son temps et vous saurez apprécier la compagnie d’une petite équipe qui a compris que l’avis n’est pas uniquement l’impératif de l’immédiateté en 140 caractères.