Ce texte est une traduction d’un article paru dans Vijesti à la rubrique culture. Pour les plus curieux et les serbo-croato-bosno-montenegrinophones, l’article original se trouve ici.
Metal au Montenegro : Rikivac donne de la voix
Le groupe de metal répondant au terrible nom de Rikavac [1] a réussi à présenter au public un EP au nom terrible de « Rika go*ana » [2] et à se produire en concert dans tout le Montenegro. Il ont donc décidé qu’il était temps de publier leur premier album.
Marko Vukmanović a déclaré à Vijesti que l’album, disponible sur le bandcamp du groupe [3], est dominé par une orientation death metal avec des mélanges de trash et de black metal.
« Nous n’aimons pas compliquer la musique. Nous souhaitions nous appuyer sur des mélodies relativement simples mais entraînantes pour un headbang ou un pogo. Les paroles de nos chansons sont principalement des critiques directes et acerbes contre certaines personnes ou groupes de personnes et beaucoup de private jokes en référence à nos expériences, comme par exemple avec la chanson ’Ktulu’ ».
Une histoire d’auteurs et de convictions
A la différence de beaucoup de groupes du Montenegro, Rikivac s’est tout de suite distingué pour sa qualité d’auteur original, pour la composition musicale et l’écriture des textes. « Ce qui tue la scène metal, ce sont ces nombreux groupes qui se contentent de jouer des reprises et qui reçoivent malgré tout des dates et des salles. Tandis que nous, qui proposons des créations personnelles, sommes marginalisés. Il est triste que l’on soutienne ces groupes qui ne prennent jamais de risques concernant le répertoire plutôt que les gens qui créent. Peu importe combien une chanson est techniquement exigeante, ce qui compte ce sont les efforts investis dans le processus créatif et cela pèsera toujours plus qu’une simple copie. Pour cela, nous avons commencé en insistant sur le travail d’auteur et nous le garderons ».
Et la sortie de leur nouvel album constitue une preuve de leur convictions intactes, même si sa production n’a pas été dénuée de difficultés. « Nous avons commencé l’enregistrement en 2015, mais une partie de notre matériel est arrivé en fin de vie et l’autre partie nous a été volé. Mais après ce vol, nous nous sommes sentis encore plus motivés. Ces problèmes nous ont inspirés de nouveaux textes et thèmes de chansons. Mais surtout il était question de prouver aux autres et à nous-mêmes que l’on pouvait composer dans n’importe quelle condition ».
Vukmanović déplore aussi le fait qu’il n’y ait pas plus de prestations en live malgré le fait que la scène metal du pays produit significativement plus d’albums. « Les groupes sont de plus en plus actifs, mais la plupart n’ont pas de moyens financiers pour faire tout ce qu’elles veulent et l’équipement est difficile à trouver. On doit se décarcasser pour trouver une salle où jouer et toucher un peu d’argent pour couvrir les frais de déplacement. Mais je suis optimiste et je sais que les gens vont suivre. Goblin Zeppelin a déjà réussi un EP, Traveler travaille sur le sien et j’espère que l’on pourra bientôt entendre les nouveaux projets de Hostis et Abhoth. Je ne veux oublier personne car nous sommes dans une situation qui nécessite que nous nous soutenions mutuellement. »
L’éveil de la scène métal de Bar a commencé il y a trois ans
La scène métal de Bar est de retour après une longue période de purgatoire, ceci en grande partie grâce à l’engagement de Traveler et Rikavac. "La scène metal était relativement morte, nous avons cependant ressenti les prémices d’un renouveau il y a trois ans, quand s’est déroulé avec succès un festival au Montenegro où se sont produits Traveller, Sly Old Monster, Twisted Thoughts accompagnés de Dino Zoranić et Nemanja Bogićević en version acoustique. Ce spectacle marque le vrai réveil de la scène, après cela nous avons commencé à tourner à Bar, Podgorica et même au festival Bedem [4] .
Le nom du groupe provient de la rivière Rikavac qui traverse leur ville. Ce n’est pas pour autant qu’ils se sentent soutenus par les autorités locales. « Elles nous fuient dès que nous tentons d’avoir un endroit pour jouer ou un quelconque soutien logistique ».
« Notre chanson la plus célèbre, « Kuku mi majko » [5], est un clin d’œil à Netko [6], qui est maintenant célèbre hors de Bar grâce à nous. Nous avons beaucoup d’autres références à la culture locale dans notre musique. Par exemple « Ktulu » ou la chanson « Organ (ne)reda » [7] sont inspirées par notre relation avec la police et ses contrôles constants simplement à cause de notre apparence, car les cheveux longs sont apparentés à l’usage de drogues », explique Vukmanović.