Blog • Roumanie : avec les laissés-pour-compte de la Realpolitik occidentale dans les camps de transit autrichiens...

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A l’origine du mouvement libertaire actuel en Roumanie, on trouve les punks, écrivait Adrian Tătăran. Mais il y a eu un précédent, faisait remarquer l’historien Traian Sandu dans son papier sur la contestation hippie sous Ceauşescu... En guise d’illustration, je faisais le récit de ma mésaventure « sociale-hippie », ce qui incita Traian Sandu à raconter sa propre histoire. Éclairante. La voici.

Nixon accueilli par Ceauşescu à Bucarest en août 1969.

Nous sommes entrés en dissidence en 1975, le jour où mon frère jumeau (Anton) et moi sommes rentrés à la maison avec la cravate rouge au cou (la « laisse », comme notre père l’appela dès lors), après la cérémonie d’intronisation des pionniers, à l’âge de huit ans (notre sœur cadette, Elisabeth, venait de naître en mars). Notre père, Gheorghe, technicien-architecte né en 1929, nous a réunis et nous a expliqué ce qu’il pensait du régime communiste, une dictature politique et un régime inégalitaire socialement. Il nous a demandé si nous étions prêts à entrer en opposition et quitter la Roumanie et nous avons bien entendu répondu « oui ». Entre l’amour du chef politique et l’amour filial, le choix fut vite fait, même si la capacité de choisir était évidemment toute théorique. Mais l’approbation nous engageait à soutenir le combat, d’autant qu’il nous révéla alors le passé stalinien que les parents cachaient systématiquement à leurs enfants pour ne pas les compromettre. En l’occurrence, il s’agissait du fait que mon père avait failli être exécuté en 1952 pour avoir laissé passer un groupe de paysans qui fuyait la collectivisation dans les montagnes transylvaines. Cette confiance exigeait un retour à la hauteur, et des enfants qui avaient été élevés dans l’enthousiasme envers le régime et la patrie transposèrent facilement la fidélité vers leurs parents – un père (Valaque orthodoxe) dont le courage physique et politique ne s’est jamais démenti, une mère (Maria, Moldave catholique, elle aussi technicien-architecte) qui était prête à le suivre et à le soutenir.

A Bucarest, chez Paul Goma, pour signer la lettre ouverte à Ceauşescu

Le régime nous a intenté un procès, car nos parents avaient demandé un passeport pour quitter définitivement la Roumanie et nous avaient retirés de l’école pour éviter l’endoctrinement. Le 25 février 1977, nous avons accompagné nos parents chez le romancier dissident Paul Goma, où ils ont signé sa lettre ouverte à Ceauşescu en vue de la réunion de Belgrade, qui faisait suite, deux ans après, à celle d’Helsinki dans le cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe. Des décennies plus tard, en me promenant sur le boulevard Saint-Michel, je suis tombé chez Boulinier (cette institution du Boulmich’ qui vient de fermer début juin sous la pression conjointe du déclin du livre et de l’affairisme immobilier) sur le journal de Goma (qui vient, lui aussi, de mourir du coronavirus à Paris en mars) des années 1976-1977. En l’ouvrant à la date indiquée, et ailleurs, j’y ai retrouvé ces bribes de mon histoire familiale, publiée d’abord en français chez Plon en 1979 [1], avant de paraître dans l’original roumain onze ans plus tard [2].

Les démêlées avec la Securitate

Après quoi, la Securitate nous a suivis constamment (nous avons retrouvé les procès-verbaux des filatures dans le dossier de mon père au CNSAS, le Conseil national d’étude des archives de la Securitate), et nous nous sommes barricadés dans notre appartement du quartier de Balta Albă, pour éviter une arrestation et un enlèvement des enfants (le procès portait sur notre éducation conforme à la doctrine communiste).
Radio Europa Liberă (Free Europe) a évoqué notre cas et a lu une lettre ouverte à Ceauşescu rédigée par mes parents, où ils se solidarisaient avec la Charte 77 de Tchécoslovaquie, demandaient la liberté et l’équité sociale en Roumanie, et le droit à l’émigration.
Nous avons échappé à une première arrestation au service des passeports : la si « efficace » Securitate n’était pas au courant que Ceauşescu avait demandé à un de ses proches, Cornel Burtică, de mener – en vain – une opération de réconciliation avec le groupe de Goma et que mes parents avaient rendez-vous avec lui : il a suffi que ma mère leur montre la convocation chez Burtică pour que les agents de la Securitate se retirent (ainsi que le soldat qui montait la garde derrière la porte et que j’avais vu en cherchant à fuir en devinant leurs intentions).
Mon père a ensuite été invité à retirer les passeports, mais c’était un piège pour l’arrêter et le maltraiter au siège de la Securitate, avenue Rahova, le 27 février [3].

Les retombées du « discours du balcon » de Ceauşescu d’août 1968

Ma mère fut reçue deux fois à l’ambassade des Etats-Unis, par le secrétaire d’ambassade Spiegel. La première fois, il fut cordial et prit note de notre désir de nous établir aux Etats-Unis. Mais la deuxième fois, sans doute après des remontrances des autorités roumaines, il fut nettement moins aimable, ce qui choqua ma mère. Ceci aurait dû nous avertir sur la cordialité des relations américano-roumaines et le désir américain de les conserver. Il est inutile de rappeler le contexte d’ouverture de Dej et de Ceauşescu vers l’ouest à partir surtout du début des années 1960, et de leur instrumentation du nationalisme roumain tant à l’intérieur qu’à l’extérieur (avec une pointe d’ailleurs sincère et assez acérée contre le maître moscovite qui plaisait à Washington, à Pékin et auprès des non-alignés). Après le « discours du balcon » (du siège du Comité central, place du Palais) de Ceauşescu d’août 1968 contre l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie, Goma avait pris sa carte au Parti, pas mon père, moins exposé avec son emploi technique assez modeste. Même s’il y avait songé - pour pouvoir s’engager dans les Gardes nationaux créés en vue de la résistance armée contre l’éventuelle occupation soviétique – ma mère, plus sage, avait flairé l’opération de propagande nationale de Ceauşescu et l’en avait dissuadé).
Après le tremblement du 4 mars 1977 (7,2 sur l’échelle de Richter, il dura près d’une minute et fit 1 500 morts, presque tous à Bucarest), que nous vécûmes au huitième étage de notre immeuble, nous avons reçu les passeports et le droit de partir pour l’Autriche, tremplin vers les Etats-Unis : le régime risquait en effet d’en sortir fragilisé et se débarrassait des contestataires, mais Ceauşescu sut transformer l’épreuve en nouvel objectif prométhéen de remodelage de la capitale – avec, notamment, la construction de l’immense « Maison du Peuple ».

Logés à Vienne aux frais d’Amnesty International

A l’aéroport, la Securitate tenta une dernière fois de nous arrêter, mais mon père fit semblant de communiquer avec un parfait inconnu, qu’il présenta ensuite aux agents de la Securitate comme étant une personne qui allait transmettre la nouvelle de notre arrestation à l’Ouest, et ils nous laissèrent partir.

Arrivés à Vienne, nous fûmes logés dans une pension aux frais d’Amnesty International. Nous y passâmes quatre mois, en théorie pour vérification de notre profil. Au tout début du séjour, nous fûmes reçus à l’ambassade américaine, où des fonctionnaires posèrent des questions à mes parents. Par la suite, mon père nous raconta qu’une des questions lui était apparue ambiguë, surtout à la lumière des évènements ultérieurs. Un des responsables l’interrogea si quelqu’un demanderait après nous si nous ne donnions pas signe de vie !... Mon père, estimant qu’il s’agissait d’un risque forcément révolu, celui de disparaître en Roumanie en raison du régime communiste, lui répondit que, bien entendu, Radio Europa Liberă et les autorités occidentales en lien avec les dissidents se seraient inquiétées de notre disparition ; mais le fonctionnaire le détrompa, en lui indiquant qu’il s’agissait de proches en Roumanie qui s’inquiéteraient d’une éventuelle disparition en Occident ! Mon père aurait compris alors qu’il y avait aussi un danger hors de Roumanie, et affirma que plusieurs personnes de notre famille s’inquiéteraient, en effet, du bon déroulement de notre séjour à l’Ouest et alerterait l’opinion (mais laquelle ?!) en cas de disparition. Le fonctionnaire avait-il posé cette question seulement pour nous intimider ou bien les intentions étaient-elles déjà plus agressives ?

A New York et Los Angeles : CIA-Securitate, mêmes méthodes

A partir de ce moment, nous fûmes davantage sur nos gardes, et à juste titre. Le jour de notre départ pour New York, nous n’avions toujours pas reçu nos passeports visés par les autorités américaines. Et pour cause, ils nous furent remis juste avant l’embarquement : lorsque mes parents les ouvrirent, ils constatèrent que les Américains nous avaient accordé l’asile économique, et non l’asile politique ! Le choc fut rude, mais nous embarquions déjà et il était trop tard pour revenir en arrière. Les Américains utilisaient les mêmes pièges que les communistes, et nous devions bientôt nous assurer de leur égale brutalité. Pourtant, durant les interrogatoires violents à la Securitate, ses tortionnaires avaient prévenu mon père que les Américains ne nous donneraient pas l’asile politique ; mais nous eûmes le tort de croire davantage Radio Europa Liberă que les gros bras de la Securitate, pourtant mieux informés que les speakers financés par la CIA des intentions réelles des autorités américaines.
On pourra toujours prétendre que c’était de la Realpolitik bien comprise, car les Américains avaient besoin de semi-alliés au sein du bloc de l’Est avec les Roumains, les Yougoslaves et les Albanais prochinois. Bien entendu, c’était d’ailleurs une rationalité que l’on pouvait parfaitement comprendre : pourquoi ces officiers ne nous ont-ils pas dit à ce moment-là, calmement, que les Etats-Unis ne nous donneraient pas l’asile politique car trop exposés par leur situation de chef du « monde libre », mais que d’autres pays, d’ailleurs en très bonnes relations avec la Roumanie aussi, comme l’Allemagne de l’Ouest (qui « rachetait » discrètement les Allemands de Transylvanie) ou la France post-gaullienne, pouvaient très bien le faire – cette dernière le faisant d’ailleurs sans problème un an plus tard ? Cette apparente rationalité américaine masquait un moment de transition entre les positions pro-Ceauşescu des années 1960-1970 et l’hostilité croissante des années 1980, avec un retour progressif de Ceauşescu dans le giron soviétique – jamais complètement réalisé, d’ailleurs, et encore moins lorsque le tournant gorbatchévien le mit définitivement en porte-à-faux.

Retour à Vienne, dans le camp de transit de Traiskirchen réservé aux indésirables

Notre séjour américain fut court : le refus d’asile politique et l’obligation de nous intégrer à une communauté roumaine baptiste (sympathique dans l’opposition en Roumanie communiste, contraignante en contexte majoritaire aux Etats-Unis – nous n’avions pas quitté l’endoctrinement communiste pour nous voir infliger le conformisme religieux, comme disait mon père) nous ramena en Europe au bout de deux mois et demi. Le temps de vérifier le niveau très bas de l’école aux Etats-Unis, où nous étions devenus bilingues en deux mois, avec les meilleurs résultats de la classe.
Mais la réaction autrichienne fut bien différente que six mois plus tôt : ayant refusé l’asile au rabais offert par « la patrie des libertés » américaine, nous n’étions plus dignes, selon les autorités de Vienne, que du camp de transit de Traiskirchen (ancienne caserne défensive des environs de la capitale), réservé aux indésirables, chichement financé par les Américains pour les y surveiller dans une situation de semi-enfermement : Sud-Américains de gauche et dissidents de l’Est moins connus que mon père, en provenance des régimes communistes amis des Etats-Unis. De nos jours s’y entassent des Syriens, des Afghans, des Kosovars…
Les conditions de vie du camp étaient telles – à plusieurs familles dans des dortoirs militaires, séparées seulement par des placards et des draps tendus - que mon père décida de protester, car la politique américaine avait réussi sa prophétie auto-réalisatrice : nous étions devenus par sa grâce des marginaux économiques à l’Ouest, alors que nous étions des opposants politiques certes menacés mais relativement aisés dans la Roumanie communiste ! Nous quittâmes donc la chambrée commune pour nous installer dans un des couloirs les plus fréquentés du camp et pour faire connaître nos doléances à l’administration du camp et aux autres « pensionnaires ».

Réprimés au nom de la Realpolitik américaine

Bien évidemment, cette protestation ne pouvait qu’irriter l’administration et, au-delà, les autorités. A l’échelle du camp, la direction ne pouvait rien changer pour nous sur le plan politique, et bien peu sur le plan du confort. La situation devenait irritante pour elle avec ce sit-in improvisé, forcément perturbant pour une population du camp déjà mécontente des conditions de vie et de la nourriture de très mauvaise qualité. Les discussions que nous eûmes avec les autres réfugiés, surtout roumains, permirent à ces derniers d’apprendre qu’ils ne recevraient pas l’asile politique, et que l’indigence de leur réception – alors que leur nombre réduit aurait permis de les caser dans des conditions meilleures, comme nous au début – était aussi destinée à les conditionner pour accepter n’importe quel statut, notamment celui de réfugié économique. Or, la plupart d’entre eux faisaient partie de ces jeunes étudiants contestataires marqués, à l’Est aussi, par mai 68 et la culture rock, souvent étudiants aux Beaux-Arts, et qui avaient été durement maltraités par la Securitate, encore plus que mon père, car ne bénéficiant pas du « soutien » américain via Radio Europa Liberă et de la timide ouverture de l’ambassade des Etats-Unis à Bucarest comme ceux du « groupe Goma ». A l’inverse, ils avaient été victimes de la réaction conservatrice des autorités à partir de 1969 (bien avant le voyage de Ceauşescu en Asie auquel on attribue à tort un durcissement de sa politique, inscrite dans les gènes de son totalitarisme stalinien).

Les autorités du camp décidèrent d’en finir au bout de quatre jours de la seule manière qu’elles estimaient pouvoir le faire, brutalement, pour ne pas inciter les autres pensionnaires à réclamer eux aussi un sort meilleur. Mais comme ils ne pouvaient pas enfermer mes parents en prison pour une simple manifestation – d’autant que nous étions déjà en camp semi-ouvert, avec contrôle policier à l’entrée et grilles autour –, ils décidèrent d’utiliser la psychiatrie répressive, comme leurs adversaires communistes du moment – et les fascistes par le passé [4]. Elle permettait de supprimer arbitrairement, sans contrôle judiciaire et terme temporel, une opposition.
L’épisode fut particulièrement violent, comme le sont toutes les arrestations avec séparation des familles – il faut se souvenir ici de ce prétexte pour lequel les autorités françaises livrèrent aussi les enfants juifs que les occupants allemands ne demandaient pas. Policiers et infirmiers psychiatriques autrichiens finirent par réussir à arracher mon père à l’étreinte du reste de la famille, durant un combat qui dura sans doute peu, mais qui me sembla très long ; nous le vîmes se faire attacher sur un brancard et emmener. Il m’a semblé qu’une fois immobilisé, le directeur du camp, Klorman, le frappa du pied. Le directeur adjoint, Radek, n’était pas, je crois, présent durant la scène.

Rester en Occident ou rentrer en Roumanie ?

Les autres membres de la famille ne furent pas arrêtés ; ma mère nous avoua par la suite qu’elle crut devenir folle durant ces moments. Mais elle garda son sang froid, nous rassemblâmes quelques affaires et prîmes le train pour Vienne. Nous avions le choix, durant ces heures comme dans les mois qui suivirent, de rester en Occident ou de rentrer en Roumanie. Mais évidemment, quel aurait été notre sort si on était rentrés ? Devenir des vecteurs de propagande antioccidentale ? C’était contredire notre lutte antitotalitaire sans même un résultat certain, puisque cela signifiait que l’on avait voulu quitter la Roumanie, avec quelque raison – mais laquelle, alors ?
Nous nous rendîmes donc au ministère de l’Intérieur, ce qui était sans doute une grande erreur, puisque c’était certainement de là qu’étaient partis les ordres de l’arrestation de mon père. Peut-être aurait-on été un peu plus en sécurité si nous nous étions rendus à Amnesty International, mais ce fut ainsi, et nous voulions récupérer mon père. Au ministère, nous attendîmes dans un escalier plusieurs heures angoissantes : en fait, nous comprîmes l’intérêt d’avoir fait du bruit et de ne pas avoir laissé arrêter mon père sans lutte, car maintenant le camp entier, des centaines de personnes, étaient au courant. Cela nous sauva sans doute la vie, comme quelques mois auparavant le rendez-vous avec le haut dignitaire communiste nous avait évité de disparaître dans les orphelinats de Ceauşescu et mes parents dans ses prisons et ses camps de travail ou encore dans des hôpitaux psychiatriques.

Epilogue

Car le camp avait été vraiment troublé par l’événement : des jeunes Roumains nous avouèrent qu’ils avaient voulu intervenir, mais que les policiers avaient porté la main à leur pistolet, et ils avaient alors reculé. Mais nous ne devions pas disparaître, et nous réapparûmes donc. Ordre fut donné de libérer mon père le lendemain : une voiture nous ramena au camp et, le lendemain, un fourgon policier nous conduisit chercher mon père dans la clinique psychiatrique dans laquelle il avait été enfermé. Je garde parmi mes papiers l’ordre de sortie, avec la mention de la durée du séjour d’une nuit. Par la suite, mon père nous raconta un épisode encore plus radical survenu le matin de sa libération. Il aurait vu un des internés de la clinique entrer dans un bureau et sortir quelque temps après sur un brancard, recouvert d’un drap et emporté dans une voiture mortuaire. Etait-ce vrai, était-ce le même homme, mon père avait-il été victime des médicaments administrés ? Mais, si c’était vrai, il venait simplement d’assister à un assassinat perpétré par les employés de cette clinique, au service de l’Etat autrichien.

Le fourgon nous ramena au camp. Durant les huit mois que nous y passâmes, jusqu’à notre départ en France en août 1978, nous vîmes donc le (alors) jeune Thierry Wolton, auteur depuis de plusieurs livres sur le communisme, et qui écrivit un grand article sur nous dans Libération qui contribua à sécuriser notre situation. Le poète oniriste Dumitru Tsepeneag lui servait de traducteur. Après cet épisode dramatique, l’ordinaire alimentaire du camp entier s’améliora (mon père disait qu’après sa prochaine arrestation les autorités offriraient du champagne !). Mon père travailla durement, et amassa l’argent nécessaire pour notre départ en France avec un visa de tourisme, où ma mère avait un vague cousin qui avait réussi dans l’industrie informatique ; mon père parlait un peu français ; quant à moi, les seuls mots que je connaissais, c’étaient « coup de massue », glanés pendant l’interview de T. Wolton. Six ans après, je reçus le deuxième prix au concours général de français en classe de première…

Traian Sandu
Paris, le 5 juillet 2020

Notes

[1Paul Goma, Le Tremblement des Hommes : peut-on vivre en Roumanie aujourd’hui ?, Paris, Seuil, 1979.

[2Paul Goma, Culorile curcubeului ’77 , Humanitas, Bucarest, 1990.

[3Goma, Le Tremblement des Hommes…, op. cit., p. 85 (pour la signature de la lettre), p. 87 (pour les mauvais traitements à la Securitate le 27 février, en compagnie du pasteur baptiste Pavel Niculescu) ; les références à des mauvais traitements subis en avril sont toutefois erronées, mon père n’a été battu qu’en février (p. 231 et 270). Informations reprises dans Dennis Deletant, Ceauşescu and the Securitate, coercion and dissent in Romania, 1965-1989, Londres, Hurst, 1995, p. 240 et 242, ainsi que dans Octavian Roske (dir.), Mecanisme represive în România, 1945-1989, Bucarest, Academia Românà, lettres S-Ș, p. 95, entrée Sandu Gheorghe.

[4Thierry Wolton, « Le bidonville des dissidents », Libération du 6 février 1979, p. 10 et 16. Dans cet article, T. Wolton, qui était venu nous interviewer en-dehors du camp, évoque largement notre cas.