Serbie : nouvelles menaces de mort contre des journalistes de Voïvodine

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Alors que la situation de la presse indépendante est de plus en plus fragile en Serbie, de nouvelles menaces de mort ont été lancées contre Nedim Sejdinović, le président de l’Association des journalistes de Voïvodine (NDNV). Malgré la multiplication des attaques de ce type, aucune enquête n’a jamais abouti.

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Par Ph. B.

Nedim Sejdinović
Radio Slobodna Evropa

« Espèce de merde musulmane, t’as intérêt à démissionner vite fait avant qu’on ne te tue, toi et ta famille. » Le 12 septembre, Nedim Sejdinović, le président de l’Association des journalistes de Voïvodine (NDNV), recevait à son bureau cette lettre de menaces signée par l’« Association des Hongrois, des Russes, des Serbes et des Slovaques ». Également menacé de mort, Dinko Gruhonjić, l’ancien président de la NDNV. « Bientôt, vous nagerez dans le Danube. Nous vous surveillons, vous et vos familles. »

Des intimidations qui n’ont plus rien d’inhabituel, alors que ces dernières années, les journalistes d’investigation et les ONG critiques à l’encontre du gouvernement sont régulièrement qualifiés de « traîtres » et de « mercenaires à la solde des puissances étrangères » par les médias fidèles au Premier ministre Aleksandar Vučić, le tabloïd Informer et la chaîne privée Pink.

Depuis quelque temps déjà, Nedim Sejdinović et Dinko Gruhonjić font l’objet de menaces sur les réseaux sociaux. Mais jamais encore les autorités n’ont poursuivi les auteurs de ces messages proférant la haine. Autre cible, Slobodan Georgiev, le coordinateur de BIRN, accusé d’être « payé par l’Union européenne pour créer le chaos en Serbie. »

Selon lui, la Serbie n’est pas une « démocratie, car elle ne tolère pas des opinions différentes ni que l’on demande des comptes aux responsables politiques ». Ainsi, le réseau de journalistes d’investigations KRIK, bien connu pour ses enquêtes sur la criminalité et la corruption, a également reçu de nombreux messages appelant au meurtre, sous prétexte qu’ils seraient « des agents étrangers en Serbie. »

Pour Nedim Sejdinović, « le gouvernement serbe et les médias pro-gouvernementaux veulent que l’UE et les autres donateurs arrêtent de financer les médias indépendants, de sorte que les médias libres seront réduits au silence, sans qu’il ne soit nécessaire d’en passer par des lois répressives. » Or, la presse indépendante serbe se trouve déjà dans une situation financière dramatique et, sans ces subventions, elle risque de bien vite suffoquer.

Entre 2014 et 2016, l’Association des journalistes indépendants de Serbie (NUNS) a dénombré pas moins de 131 attaques contre des journalistes. « Ce climat rappelle dangereusement celui des années 1990 », a mis en garde NUNS.


Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.