Par la rédaction
Un journaliste poursuivi pour un article dénonçant la corruption de la justice, des licenciements en chaîne à la télévision publique, des poursuites-bâillons contre les journalistes d’investigation, des journalistes menacés et intimidés, deux quotidiens contraints de ne plus publier d’articles sur les intérêts de la puissante industrie du jeu et des paris, notre correspondant menacé et condamné malgré les incohérences du dossier lors d’un jugement expéditif...
Ces faits se sont déroulés ces derniers mois en Turquie, en Albanie, en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, en Roumanie et en Grèce. Dans ces pays, la liberté d’informer et le droit de savoir sont constamment menacés. Selon le dernier classement de Reporters sans frontières, les conditions de travail des journalistes des Balkans se détériorent. Le nombre de médias indépendants n’a jamais été aussi faible et les pressions des différents pouvoirs aussi fortes.
Depuis sa création en 1998, le Courrier des Balkans s’est employé à recenser et documenter ces atteintes à la liberté de la presse, symptomatiques de sociétés où la démocratie, l’État de droit et le respect des libertés individuelles sont remis en cause. Nous en parlerons lundi 27 novembre lors du webinaire spécial que nous organisons à l’occasion de nos 25 ans. Inscrivez-vous dès maintenant.
Ces atteintes contre les médias ne se limitent pas aux Balkans. En France, des attaques similaires sont dénoncées par des journalistes et médias indépendants. La preuve que la liberté des médias est plus que jamais un combat quotidien.
En septembre dernier, la journaliste Ariane Lavrilleux a été interpellée, son appartement fouillé et son matériel saisi par la DGSI qui invoque l’atteinte au secret défense. Son crime ? Avoir enquêté sur des opérations militaires de la France en Égypte, révélées par Disclose en 2021 et considérées comme d’intérêt général. En 2022, un Tribunal de commerce a interdit au média d’investigation Reflets de publier des articles sur le faramineux train de vie personnel du milliardaire Patrick Drahi, propriétaire du groupe Altice et actionnaire, notamment, de RMC et BFM TV.
Ces exemples ne sont que quelques unes des nombreuses attaques récentes contre les médias indépendants, sans compter les menaces et violences visant des journalistes qui enquêtent, couvrent des manifestations ou posent « des questions qui fâchent ». Tout cela ne se passe pas dans les Balkans et en France selon des mécanismes de pression similaires exercés par les pouvoirs politiques et certaines élites économiques.
Heureusement, des voix se lèvent et des individus agissent. En France, une centaine de médias indépendants, et une quinzaine de syndicats, organisations, collectifs de journalistes ont ainsi rejoint une initiative, lancée début octobre par le Fonds pour une presse libre, pour organiser des « États généraux de la presse indépendante ». Le Courrier des Balkans en fait partie. Ensemble, nous proposons 59 propositions pour libérer l’information.
Une grande réunion publique se tient le 30 novembre prochain à l’espace Reuilly (à Paris). Cet événement s’accompagnera de plusieurs événements en région (Lille, Lyon, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rouen), pour porter ensemble une série de revendications et des projets de réformes visant à défendre le droit de chacune et chacun d’accéder à une information pluraliste, indépendante et de qualité.
Pour suivre la soirée du 30 novembre en direct :