Blog • Enseignante d’allemand en Albanie : l’amour du travail comme une « coïncidence »

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La rencontre pour le poste était une belle « coïncidence ». En fin de compte, on prépare les étudiants à maîtriser une nouvelle langue et, plus important encore, à commencer une nouvelle vie. C’est super.
On a beaucoup de responsabilités, non seulement d’un point de vue didactique, mais aussi en tant que personne. Les attentes sont élevées et on veut les satisfaire. Car quiconque suit des cours d’allemand en Albanie souhaite avant tout quitter le pays et vivre un nouveau départ. Le taux de chômage officiel des jeunes de 15 à 29 ans est de 22,0% au troisième trimestre 2023, tandis que celui des 30 à 64 ans est de 7,6% sur la même période.

Au troisième trimestre 2023, le salaire mensuel brut moyen par travailleur en Albanie est de 71 486 ALL (683 euros), soit une augmentation de 16 % par rapport au même trimestre de l’année dernière. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui ne gagnent que 300 ALL (286 EUR) par mois. Néanmoins, les prix ici sont très élevés.
La combinaison de ces trois facteurs explique la tendance croissante à la migration à l’étranger, notamment dans les pays germanophones. Au 1er janvier 2023, le nombre d’émigrants était de 46 460 personnes : 10,5% de plus qu’en 2021.

L’allemand est une langue particulière et fascinante. Beaucoup la trouvent difficile et froide. En fait, elle n’est ni l’un ni l’autre. Être enseignant est un métier particulier. Il ne s’agit pas seulement de transmettre ses propres connaissances. Autrement dit, l’enseignement n’est pas une recette. Il s’agit plutôt d’un processus d’apprentissage continu pour les enseignants et les étudiants. De plus, être enseignante demande également une formation continue. En bref, il faut toujours être à jour. De nouvelles technologies se développent, notamment la découverte de l’intelligence artificielle, ou de nouveaux concepts apparaissent. En tant qu’enseignants, nous devons être prêts à internaliser et à mettre en œuvre toutes ces nouveautés. Mais est-ce suffisant pour être un « bon » enseignant ? Certainement pas.

Même si de nombreux Albanais apprennent l’allemand pour se préparer à un avenir meilleur, il n’en reste pas moins que la maîtrise de deux langues constitue un grand enrichissement pour nous tous en tant qu’êtres humains. Parce qu’enseigner une langue, c’est bien plus que simplement transmettre ses propres connaissances et compétences. C’est aussi la transmission des valeurs et des visions du monde du pays de cette langue.

Une nouvelle langue élargit sans aucun doute nos horizons en tant qu’individus. Cela nous permet également de comprendre une culture et une vision du monde différentes. En fin de compte, les humains sont des humains à travers la langue. Plus on dispose d’un vocabulaire large, plus on peut distinguer finement le monde. La langue peut aussi être source de malentendus. Et c’est tout cela qui nous rend humains.

Dans le cas de l’allemand, la responsabilité est très grande, surtout en ce moment. Car l’Allemagne est le plus grand pays de l’Union européenne et, en raison de son histoire, le pays le plus enclin à la démocratisation à l’échelle nationale, régionale et mondiale. La transmission de ces notions s’effectue à travers la langue. Dans ce contexte, en tant qu’enseignants d’allemand, nous avons également la responsabilité de parler non seulement de règles et de vocabulaire, mais aussi de visions du monde et, si possible, d’échanger des idées à ce sujet avec nos étudiants. Au final, une langue se développe dans un certain contexte et est donc influencée culturellement. Sous-estimer cet aspect essentiel serait non seulement une erreur, mais cela en dirait aussi beaucoup sur nous en tant qu’enseignants d’allemand.