BLOG • Adrian Marino, écrivain roumain et européen

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« Même mort, il ment ! », s’exclama le poète Mircea Dinescu à propos d’Adrian Marino, l’auteur des mémoires qui venaient de paraître sous le titre La vie d’un homme seul en février 2010, décédé cinq ans auparavant, qu’il accusait d’avoir été un collaborateur de la Securitate (EvZ du 9.2.2010).

Venant d’un ancien dissident, personnage assez imprévisible, certes, mais aussi membre du Conseil national pour l’étude des archives de la Securitate (CNSAS), cette accusation pouvait sembler crédible. Les preuves fournies par la journaliste Mirela Corlățan qui a enquêté de plus près au cours des semaines suivantes n’allaient pas se révéler concluantes pour autant (Observator cultural du 7.5.2010). Sans doute, A. Marino a-t-il répondu dans diverses occasions aux questions des agents de la Securitate mais on n’a pas trouvé de rapport rédigé par lui-même tandis que les éléments qui figurent dans les rapports rédigés par les enquêteurs ne contiennent pas d’éléments compromettants, selon la contre-enquête menée par un autre ancien dissident, engagé dans la défense des droits de l’homme, Gabriel Andreescu [1]. Comme dans tant d’autres cas dans la Roumanie postcommuniste, l’affaire finira par se tasser au bout de quelques mois et aujourd’hui, six ans après, le mystère n’est pas tout à fait éclairci [2]. En revanche, le livre est resté, continue d’être lu, et ceux parmi les innombrables personnages malmenés qui sont encore en vie ne sauraient s’en prendre à l’auteur, mort depuis belle lurette. D’où la rage de l’ancien poète-dissident, qui pourtant n’était qu’égratigné, le sort réservé aux autres étant bien pire.

Vraisemblablement, le succès du livre est dû en grande partie au jeu de massacre auquel s’est livré son auteur. Peu, parmi ceux qui l’ont côtoyé, peuvent estimer qu’ils s’en sortent indemnes. Antipathique, insupportable, comme il se décrit lui-même, A. Marino fait preuve d’une misanthropie sans bornes doublée d’un égoïsme désopilant en allant jusqu’à s’attaquer à tous ceux dont le tord est de ne pas avoir accordé suffisamment d’attention à sa personne ou à son oeuvre. Il y a cependant aussi autre chose dans ce livre, en filigrane en quelque sorte, à savoir un regard critique d’une lucidité décapante posé par l’auteur sur les accommodements de ses compatriotes, de ses confrères confrontés en particulier et même de ses propres accommodements, malgré ses dénégations, avec le régime communiste.

La prison : « Une terrible déception, trop cher payée »

Né en 1921 à Iaşi, il débute à 18 ans à Jurnalul literar fondé par George Călinescu (1899-1965), un critique littéraire dont la réputation ne cessera de croître par la suite. A partir de 1944, il sera le suppléant de ce dernier à la chaire d’histoire de la littérature roumaine. Après la prise du pouvoir par les communistes, « dégoûté par le comportement collaborationniste, opportuniste de la classe intellectuelle dominante » (p. 61), à commencer par son « maître à penser » auquel il consacre un chapitre intitulé « Le grand échec : G. Călinescu », il diffuse avec plusieurs collègues des textes clandestins du Parti national-paysan. Il n’est pas pour autant membre de ce parti et tout au long de ses mémoires fait état de ses convictions libérales. Arrêté en avril 1948, il sera condamné à huit années de prison. « Une terrible déception, trop cher payé », écrit-il à propos de cette période (p. 70). « Regarde-les, ils vibrent à l’idée nationale mais pas à l’idée démocratique », lui fait remarquer à propos de la jeunesse légionnaire et national-paysanne un des rares codétenus dont il garde un bon souvenir, Radu Cioculescu, « quelqu’un de fin, cultivé, critique musical, grand franc-maçon… (p. 64).

« Je me retrouvais perdu dans une masse amorphe de militaires, prêtres, frontierişti (personnes ayant tenté de quitter clandestinement la pays), sionistes, francs-maçons, organisations de jeunesse, paysans hostiles aux coopératives, personnes arrêtées pour ‘’omission de dénonciation’’ et tant d’autres catégories qui ne correspondent pas à une grille idéologique. Et, avec cette faune politique, je n’avais aucune affinité. Ce n’était pas ‘’mon monde’’. Un dialogue réel n’était pas possible. Ce monde ne comprenait pas le sens de la répression… » (p. 65). La bourgeoisie roumaine, guère préparée au choc, « se sentait ‘’dérangée’’ dans ses positions et rien de plus. Sa seule idéologie politique était restitutio in integrum. » (p. 66).

« Les légionnaires ont beaucoup souffert, mais il n’y a pas eu de monopole en matière de souffrance pénitentiaire. (…) Pour moi, la Légion a été et demeure l’expression typique et odieuse du totalitarisme roumain fasciste, répressif et fanatique. » (p. 68).

Indifférente aux discussions idéologiques, aux clarifications doctrinaires, « la grande majorité des détenus était surtout préoccupée, de façon quelque peu morbide, par le critère soi disant éthique », constate-t-il. Les mouchards étaient au cœur des débats, des incriminations, des accusations et des polémiques. Le problème n’était pas « le système communiste, tortionnaire, totalitaire, marxiste, qui a inventé, perfectionné et exploité jusqu’au sang la délation, mais seulement ses instruments » (p. 69). « Le critère éthique n’était que l’alibi imparable de la volonté de compromettre et de la volupté de dénigrer qui sont énormes chez les Roumains », écrit-il en faisant référence aussi à l’obsession des dossiers de la Securitate après 1989.

Enfin, comme pour souligner ce qu’il appelle par ailleurs « la totale déroute du milieu politique roumain face à la répression communiste », il fait remarquer que « personne, lors de rares inspections qui avaient lieu, ne se déclarait ‘’prisonnier politique’’. On acceptait, tacitement ou non, l’étiquette humiliante, marxiste, de ‘’contrerévolutionnaire’’ appliquée de manière indifférenciée à tous les détenus » (p. 67).

« Le radicalisme total aurait signifié la mort culturelle »

« Son programme journalier se déroule entre 6 et 13 heures puis 16 et 22 heures. Tout est planifié, organisé. Il n’accorde aucune attention aux platitudes et agitations de ceux qui l’entourent, raison pour laquelle il passe pour un « fêlé », distant et arrogant. » Ce portrait rédigé par un informateur qui figure dans les archives de la Securitate, cité par Gabriel Andreescu, semble convenir parfaitement à l’emploi du temps observé par A. Marino au cours de sa déportation dans un village perdu du Bărăgan entre 1957 et 1963. L’essentiel du chapitre qu’il consacre à ce sujet porte sur les circonstances et les facteurs qui lui ont permis de mener une existence studieuse. Il se refuse de travailler le lopin de terre qui lui a été octroyé, sa future épouse, « L. », lui envoie 500 lei par mois, lui fait parvenir par la poste des livres empruntés à la bibliothèque qu’elle récupère lors de ses visites, etc. À peine s’il consacre un paragraphe à son voisin Paul Goma, présenté comme « turbulent, agressif et sympathique » (p. 96). La collaboration tentée avec d’autres « politiques » du village tourne court au moment où il réalise que ceux-ci se présentent comme les auteurs d’un texte qu’il a lui-même rédigé et qui circulera sous le manteau un certain temps. Apparemment, c’est à cette occasion qu’il a décidé de renoncer à l’action politique. De toute façon, « le radicalisme total aurait signifié la mort culturelle », estime-t-il (p. 143). Plutôt que de la « résistance par la culture » (p. 128) chère à ses confrères, son engagement sur le « front » culturel relève d’une passion pour la « politique des idées », pour reprendre ses mots (p. 98), passion qui va le singulariser dans le paysage intellectuel roumain.

Il lit et écrit beaucoup, rédige des milliers de fiches, prépare une monographie sur les Lumières roumaines. La raison invoquée, qui lui semble toujours valable au moment où il rédige ses mémoires (en 1999), est la suivante : « cette idéologie rationaliste, critique, pro-européenne correspond non seulement à mes aspirations personnelles mais peut aussi offrir un fondement réel pour une idéologie démocratique roumaine antitotalitaire » (p. 92). Cette thématique, ainsi que la référence aux idéaux des révolutionnaires de 1848, reviendront à maintes reprises dans la partie des mémoires concernant les années qui ont suivi la chute de Ceauşescu.

« Dans le Bărăgan, Adrian M. apprend le marxisme-léninisme », notait dans son journal paru en 1984 l’écrivain Radu Petrescu. Eh oui, je l’ai fait, à raison, et je ne m’en suis jamais caché, commente pour sa part A. Marino en citant la remarque ironique de son confrère (p. 91). De ce point de vue, il a toujours été à contre-courant dans le contexte roumain. S’il déplore « le désintérêt total pour la critique du marxisme-léninisme et du système communiste en général » (p. 99), c’est parce qu’il est résolument opposé « à la passivité, à l’immobilisme et au conservatisme politique désuet, étroit, replié sur soi » qu’il constate autour de lui. « Je ne croyais ni possible ni admissible de chercher à immobiliser l’histoire », se confesse-t-il tout en insistant pour que le lecteur comprenne bien qu’il a évité à dessin d’utiliser le mot « réactionnaire » ! (p. 66) C’est la ligne qu’il suivra après sa libération définitive en 1963 et c’est cette conviction qui le conduira plus tard à s’en prendre avec aplomb aux tenants des valeurs conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires.

Son passé de prisonnier politique et de déporté constituera un atout non négligeable dans sa démarche critique à l’égard de ses paires. En revanche, son parcours professionnel en solitaire après sa libération en 1963, ses voyages et ses succès à l’étranger allaient se révéler plutôt comme un handicap qu’il aura quelque mal à surmonter après décembre 1989.

« Que faisiez-vous à Genève, Paris ou Munich dans les années 1980 ? »

Installé dans le petit deux-pièces de sa future épouse et de ses beaux-parents à Cluj, il continuera sur la lancée de son séjour studieux dans le Bărăgan en faisant preuve d’une ténacité et d’une productivité qui fera bien des jaloux parmi ses confrères de la Société des écrivains au sein de laquelle il est admis. Ce sera d’ailleurs sa seule affiliation institutionnelle puisqu’il n’occupera jusqu’à la fin de sa vie aucun poste de travail salarié, se contentant des rétributions, parfois substantielles, pour les articles et les livres publiés en Roumanie et à l’étranger. Les deux premiers livres sur le poète Alexandre Machedonski qu’il fait paraître en 1965 étaient déjà en grande partie prêts dix-sept ans auparavant, à la veille de son arrestation. Ils seront suivis d’autres, très appréciés par un public roumain avide d’ouverture sur le monde et en quête de synchronisation avec le monde occidental. Il devient une référence en matière d’histoire des idées, littéraires et pas seulement littéraires. Modern, modernism, modernitate paraît en 1969, Dicţionar de idei literare en 1973. Travailleur acharné, dans l’isolement, il cumule les succès, et se montre très entreprenant dans la gestion de son « œuvre ». Parmi les performances qui peuvent être mises à son actif on peut citer le livre sur L’Herméneutique de Mircea Eliade paru en roumain et en français, chez Gallimard, en 1980, la traduction en japonais en 1988 de son livre paru en français en 1982 sur Etiemble ou le comparatisme militant, le prix Herder en 1985, sans oublier les bourses d’études en Occident. A la question « Que faisiez-vous à Genève, Paris ou Munich dans les années 1980 ? » soulevée par certains confrères il aura beau rétorquer que ces derniers s’y trouvaient aussi, le soupçon va s’installer durablement. En réalité, ces performances ne dérangeaient pas plus l’Etat roumain que les voyages à l’étranger ou certaines prises de position interprétées comme quelque peu contestataires d’autres auteurs, mais de là à conclure qu’ils étaient forcément en mission au service dudit Etat il n’y a qu’un pas que d’aucuns franchissent allègrement en Roumanie. S’agissant de ses contradicteurs, A. Marino le fait lui-même à plusieurs reprises.

Constantin Noica, « Căpitain philosophique de la nation »

Qualifiés au passage de « prétendue révolution… le plus grand abus sémantico-politique de l’histoire de la Roumanie » (p. 256), les événements de décembre 1989 le marqueront fortement. De son propre aveu, le « moment 1989 » lui permettra d’aller droit au but en quelque sorte. Tout en continuant à soigner son « œuvre » et en travaillant à la réalisation des projets fixés précédemment, il se « radicalise ». Le voilà enfin libéré de la censure, des pressions et surtout de sa « fausse identité culturelle ». Un des chapitres est d’ailleurs intitulé « Adieu à la ‘’littérature’’ ».

« Je savais qu’en réalité je suis autre chose : un critique d’idées, un idéologue culturel, alors que je faisais figure seulement d’érudit historico-littéraire, de critique d’idées littéraires, de comparatiste. Seulement mes livres parus après 1989 m’expriment vraiment : Evasions dans le monde libre (1993), Pour l’Europe (1995) et Politique et culture (1996). » (p. 257).

Les déceptions, tant sur le plan personnel que politique, la différence n’est pas toujours très nette, ne manqueront cependant pas de se manifester et c’est ce qui explique ses diatribes contre tous les noms qui « comptent » dans le monde des lettres et des idées en Roumanie. Impuissant devant la remontée en force des idées conservatrices, A. Marino concentre ses attaques contre la « confrérie initiatique de Păltiniş », avec, à sa tête, Constantin Noica, le « Căpitan philosophique de la nation » [3], soutenu par la troïka formée par Gabriel Liiceanu, Andrei Pleşu et Horia Roman Patapievici et ironise sur la renommée surfaite de nouveaux personnages en vogue tels que le « philosophe oral » Petre Țuţea (1902-1991), tenu un temps pour le Socrate roumain, avant que ses discours ne soient publiés. Selon A. Marino, la « nomenklatura culturelle officielle » à laquelle il s’était heurté si souvent à l’époque communiste a été remplacée par « une autre nomenklatura, d’un genre différent et avec une philosophie plus dangereuse, surtout après 1989, quand l’idéologie de droite se manifeste de façon toujours plus agressive » (p. 338). La philosophie de Noica « entretient directement ou indirectement une mentalité ethniciste, irrationnelle, intolérante, néo-totalitaire, radicalement hostile à l’esprit critique (p. 352).

Quoique libéral convaincu, dans le sens courant du terme, et élitiste à souhait, A. Marino semble avant tout excédé en découvrant que cette « idéologie de droite », « réactionnaire », dont il s’était départi justement parce que ses adeptes n’avaient rien compris à la dictature communiste et n’avaient pas su l’affronter efficacement, occupe désormais le devant de la scène et semble s’y installer durablement [4].

L’adieu à la « francophonie exclusive »

Le ton de ce livre, qui compte 526 pages bien remplies, est pour l’essentiel polémique, les diatribes l’emportent nettement sur les plaidoyers. Parmi ces derniers, celui faisant l’éloge de l’écrivain à la fois roumain et européen, est peut-être le plus touchant parce qu’il concerne aussi A. Marino lui-même et met en lumière ses propres contradictions. Le point de départ, est la critique du colonialisme culturel, occasion propice, là encore, pour une nouvelle tirade d’un goût douteux. Pour illustrer la « malédiction » roumaine, il cite un passage de l’Histoire des Roumains de Catherine Durandin, alors que quelques pages auparavant il se demandait : « Pourquoi étudier l’histoire d’un peuple alors que, de toute évidence, on le méprise, comme le fait C. Durandin ? » (p. 301) Voici le passage en question, il s’agit d’une lettre du général Berthelot au ministre de la Guerre datée de janvier 1919 :

« Si nous accordons aux Roumains les satisfactions auxquelles ils ont droit et si nous tenons nos engagements, nous aurons dans la Roumanie une véritable colonie française de plus de 15 millions d’habitants, où nous pourrons développer notre commerce et notre industrie et où nous nous trouverons comme chez nous. » (p. 303) .

Le récit du parcours qui l’a conduit à s’émanciper de la condition de colonisé culturel est parsemé de platitudes : la grande culture française, les Lumières, oui, mais la vie métro-boulot-dodo à Paris l’a vite déçu, puis les services offerts par les bibliothèques de Munich sont plus pratiques que ceux de la BNF, en quoi serait-il inférieur à un Rolland Barthes dont il a dû se farcir un séminaire lorsqu’il était boursier à Genève (p. 160-161), etc. La conclusion est modérée, puisqu’il se contente de prendre adieu de la « francophonie exclusive » (p. 303) tout en s’inquiétant au passage du danger de « satellisation culturelle américaine ».

Tout ceci ne rend pas moins pathétique sa profession de foi paneuropéenne. « Seulement chez nous, au pays, on gagne ou on perd la partie européenne. Etre reconnu comme européen, en premier lieu comme roumain. Avec des œuvres, de idées, des théories qui peuvent intéresser effectivement l’Europe aussi. Qui, à son tour, peut se préoccuper de toi. » (p. 314) Telle est sa « clarification ultime » dépourvue cependant de toute arrière-pensée nationaliste. En parlant d’écrivain roumain, il prend le soin de préciser : « Une étiquette de simple identité, avant tout linguistique. » (p. 313)

Adrian Marino est-il un écrivain à la fois européen et roumain ? Sans doute, même s’il en existe d’autres, pas très nombreux certes, qui aient ramené à leur façon l’Europe en Roumanie. Mais Adrian Marino est avant tout un homme seul, comme le montre fort bien son existence déchirée dont il donne un aperçu éloquent dans cette autobiographie intellectuelle.

Notes

[1Gabriel Andreescu, « Cazul Marino : Cum se citeşte un dosar din Arhiva CNSAS » (PDF)

[2Il a fallu attendre plus de vingt ans pour que la preuve formelle de la collaboration active de l’icône de la contestation anticommuniste de la place de l’Université avec la Securitate avant décembre 1989 soit publiée et acceptée (sauf par l’intéressé, Marian Munteanu) alors que des informations assez précises à ce sujet circulaient depuis longtemps. Afin de faire saisir la complexité de la situation, rappelons que peu après la mort de A. Marino, deux autres intellectuels prestigieux de la jeune génération dont il vante les mérites et qu’il présente comme des amis dans ses mémoires (p. 502-504) reconnaîtront avoir travaillé pour la Securitate. Il s’agit de Sorin Antohi et Andrei Corbea (Hoişie).

[3Păltiniş est le nom de la localité où a vécu ses dernières années le philosophe (1899-1987) entouré de ses admirateurs. « Căpitan » renvoie au titre du chef charismatique de la Légion de l’archange Michel. Deux ouvrages de C. Noica sont disponibles en français : Six maladies de l’esprit contemporain (1991) et Le devenir envers l’être (2008), traduit par Nicolas Cavaillès.

[4A noter que le reproche qu’il fait au leader national-paysan Corneliu Coposu (1914-1995), qu’il respecte et avec lequel il a collaboré au tout début, est de s’être tenu à l’alternative communisme/anticommunisme sans prendre en compte les variétés d’anticommunisme, afin de ne pas affaiblir l’unité de l’opposition (p. 262). Le personnes qui ont droit à un traitement plus favorable ou neutre de la part de A. Marino passent en général comme étant politiquement de gauche et appartiennent plutôt aux nouvelles générations.

Toujours en France, deux autres femmes ont droit à un traitement similaire. Leur « insolence et agressivité » les inscrit dans « la catégorie des filles abusives, rigoureusement similaire à celle des veuves abusives ». « Qui est Ariadna Combes, la fille de Doinea Cornea ? Une malheureuse prof mariée à un Français perdue dans un patelin de Normandie… » « Qui donne le droit à une quiconque Marie-France Ionesco, recalée au Capes, de donner des interviews d’une rare suffisance à la presse roumaine, de passer pour une grande ‘’personnalité’’ ? J’ai eu la faiblesse de lui demander au téléphone si son père avait reçu mon livre sur Eliade. Elle m’a répondu avec une insolence indescriptible. » (p. 184).