Éditorial

Balkans d’Europe et Balkans globaux

À la fin du mois d’octobre 2001, Zbignew Brzezinski, ancien conseiller à la
sécurité du Président américain Jimmy Carter, évoquait, lors d’un colloque
de la Swiss Foundation for World Affairs, l’émergence de « Balkans globaux »,
qui s’étendraient de l’isthme de Suez jusqu’au Kazakhstan. Les ingrédients
de conflits seraient les mêmes que dans les « Balkans d’Europe » : tensions
ethniques, religieuses, économiques, politiques, interventions extérieures
pas toujours très adroites. Mais le nouveau foyer n’allume pas que des
incendies régionaux. Cette fois-ci, le monde entier est embarqué dans la
guerre qui menace (1). Les Balkans auraient-ils, en quelque sorte, servi de
répétition générale à cette effroyable perspective ? Le concept de
« balkanisation » trouve ici un nouveau sens, radicalement « mondialisé ». La
réalité rejoindrait de la sorte la fiction, et les scénarios-catastrophes
imaginés par l’un des plus illustres citoyens des Balkans, le dessinateur
Enki Bilal.

Alors que la guerre d’Afghanistan a relégué, pour un temps, les « Balkans d’ Europe » au second plan de l’actualité, les foyers de tensions ne manquent pas, qu’il s’agisse du statut final du Kosovo, de la crise macédonienne où les conclusions des accords de paix d’Ohrid n’arrivent toujours pas à se concrétiser, de la perspective d’un référendum d’autodétermination au Monténégro. Certains milieux diplomatiques voudraient hâter une résolution globale du problème du statut du Kosovo et de la question particulière de Mitrovica. Cela ne peut guère se faire qu’en suscitant des mécontentements de tous côtés, et pourrait laisser augurer (…)

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