Le cycle de la mort

Thessalonique, années 1960. Le député de gauche Grigoris Lambrakis est assassiné par les fascistes. Alors que le coup d’État menace, on arrête enfin le « monstre de Seikh Sou » qui sévit dans la forêt éponyme depuis quelques années, en perpétrant de terrifiants crimes en sé­rie. Le monstre, c’est Aristos, jeune orphelin marginal, qui vivote dans les bas-fonds de la cité de petits larcins et de prostitution. Une enquête expéditive et un procès bâclé : le faits divers idéal pour détourner l’attention d’un événe­ment politique majeur.

Dans ce roman polyphonique, on fait la connaissance d’Aristos à travers les voix de ceux qui l’ont connu. Amis d’enfance, maîtresses, travestis, bourgeois, flicaille : c’est un kaléidoscope sociétal qui s’offre à nous pour raconter le destin de coupable idéal d’un homme qui a fait ses aveux sous la torture pour immédiatement les retirer, et qui n’a obtenu qu’un procès expéditif et sans enquête. Le roman de Thomas Korovinis raconte les quartiers populaires et la réalité de l’époque, mais surtout l’injustice perpétuelle.

Thomas Korovinis est né en 1953 à Thessalonique. Professeur de lettres à Istanbul au début des années 1990, il est aujourd’hui traduc­teur du turc, compositeur, parolier, interprète et écrivain. Son oeuvre se distingue par une oralité très prononcée, les mélanges linguistiques et une réelle dimension musicale. Il accorde une place prépondérante à la marginalité, qu’elle soit sociale, sexuelle ou ethnique, mettant en scène des personnages rejetés qui évoluent dans les cercles inférieurs de nos sociétés. Il vit aujourd’hui à Thessalonique où il représente une figure littéraire majeure.

Traduit du grec par Clara Nizzoli.

Thomas Korovinis, Éditions Belleville, Paris, 2022, 220 pages, 20 euros.

  • Prix : 20,00 
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