Roman • Damir Karakaš : Blue Moon

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« Je venais tout juste de me laver les cheveux et je me sculptais une nouvelle banane devant le miroir quand le téléphone s’est mis à sonner, sans s’arrêter. C’était mon père : il m’appelait de la poste, il m’a appris pour Grand-père. Il m’a dit : Viens m’aider demain pour l’enterrement. Puis il a ajouté : Et t’avise surtout pas d’venir dans cet accoutrement. »

Charlie est obsédé par deux choses : la musique rockabilly et sa coiffure. Au grand dam de son père, un cul-terreux qu’il vaut mieux fuir lorsqu’il a bu si l’on veut s’épargner coups et insultes… Alors que les premiers soubresauts de la guerre se font ressentir, Charlie doit affronter son entrée dans une vie d’adulte qu’il ne désire pas. Avec un humour corrosif, Damir Karakaš dépeint la relation oppressante et toxique qui unit le narrateur à sa famille et son pays, très ancrés dans les traditions. Il livre un portrait d’une jeunesse désoeuvrée qui, confrontée aux premiers signes de la catastrophe imminente, peine à trouver sa place.

Damir Karakaš est né en 1967 dans la Lika, dans une région montagneuse de la Croatie réputée pour ses hivers rudes, ses loups et l’illustre inventeur Nikola Tesla. Il a suivi un cursus d’agroalimentaire puis de droit à l’université de Zagreb, avant de s’installer à Paris pour étudier le français à la Sorbonne, où il arrondissait ses fins de mois en jouant de l’accordéon dans la rue. Il est lauréat du prix Kočićevo Pero qui distingue les grandes voix littéraires de l’ancienne Yougoslavie.

Damir Karakaš, Blue Moon, traduit par Chloé Billon, Belleville Éditions, Paris, 2020, 169 pages, 16 euros

  • Prix : 19,00 
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