Blog • Plaidoyer pour un « Pacte culturel européen »

|

En 2019, la Roumanie assurera pour la première fois la présidence du Conseil de l’Union européenne. Mais quels seraient les objectifs d’une présidence roumaine ? À moins d’un an de l’échéance, Bucarest n’a pas encore présenté d’agenda. Or, la culture, qui reste une zone réglementée et financée au niveau national, mériterait d’y occuper une place significative.

Par Matei Martin [1]

La cathédrale de Timisoara
© Wikipedia

Mis à part quelques programmes de financement européen – dont « Europe créative » –, il n’y a pas vraiment de normes ni de priorités établies au niveau communautaire dans le domaine culturel. Les contributions des États à la conservation du patrimoine et à la stimulation de la culture sont inégales, tant en termes nominaux qu’en pourcentage du produit intérieur brut (PIB). Il y a des différences entre les États « grands » et « petits », tout comme il y a des différences en fonction de l’architecture de ces États, la culture étant financée dans des proportions différentes par le pouvoir central, les gouvernements de région, les collectivités locales, etc. En 2015, les pourcentages les plus élevés du PIB alloués à la culture se trouvaient en Hongrie (2,1%) et en Estonie (2%). Les dépenses les plus faibles sont en Irlande (0,6% du PIB), en Grèce, en Italie et au Royaume-Uni (0,7% du PIB). La moyenne de l’UE se situe à environ 1% (source : Eurostat).

La Roumanie est aujourd’hui au-dessus de cette moyenne, avec 1,2% du PIB alloué à la culture. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Pendant des années, le ministère de la Culture fut en situation de détresse, avec un budget bien en dessous de ce pourcentage. Mais durant les deux prochaines années, il y aura des « dépenses exceptionnelles » : fête du Centenaire, Europalia (festival d’art international), saison culturelle franco-roumaine, Timișoara, capitale européenne de la culture en 2021, entre autres. Ces événements, tout à fait bienvenus, fragilisent toutefois le financement du secteur culturel dans son ensemble ; il est à craindre que certaines contributions seront revues à la baisse. Par ailleurs, si l’on compare les sommes consacrées à la culture à la taille de la population, la Roumanie est dernière au sein de l’UE, allouant moins de 100 euros par habitant et par an à la culture.

Certaines organisations internationales imposent aux États membres d’allouer un budget fixe aux domaines stratégiques. Une proposition pourrait être que l’Union européenne recommande une unité de mesure commune (par exemple, 1,5% du PIB) pour les ressources culturelles. Un pacte européen pour la culture serait une garantie de stabilité pour les politiques culturelles. Et une garantie de mise en œuvre de l’engagement déclaré de l’Union en faveur de la culture.

Lors de sa présidence européenne, la Roumanie devrait proposer, au sein d’un Conseil des ministres de la Culture, un débat sur un tel « Pacte culturel européen ». Au-delà d’autres domaines prioritaires, et qui le resteront, cet engagement serait tout à son honneur.

Notes

[1Matei Martin est journaliste à Radio România Cultural et Dilema veche. Cet article est paru dans la revue Regard, mars 2018, Bucarest.