Brina Svit

Un cœur de trop

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Un soir, en Slovénie, en sortant d’un restaurant, j’ai vu un homme complètement saoul qui s’apprêtait à prendre le volant de sa voiture. Je lui ai dit qu’il était fou, qu’il allait se tuer, et lui ai proposé de conduire à sa place. Il n’avait rien contre, au contraire. Quelques instants après, je me suis retrouvée dans une voiture inconnue, à côté d’un homme inconnu, qui s’était endormi sur-le-champ.

Par Ognjenka Fejić

Lila a quitté la Slovénie il y a bien des années. Sa vie, c’est à Paris qu’elle l’a construite aux côtés de Pierre son mari et de Simone, l’amie dévouée des vingt ans. La mort de son père Matija va pourtant remettre en question cet univers fait de certitudes tranquilles et de petites excentricités. Lila se rend aux obsèques. Elle apprend que son père lui a acheté une maison au bord du lac de Bled, un endroit qu’elle n’apprécie guère. Le soir même, sur le parking d’un restaurant, elle propose à un inconnu ivre de prendre le volant à sa place pour le ramener chez lui…
Un cœur de trop, c’est à la fois le titre d’un manuscrit que lègue Matija à sa fille et, une histoire de rencontres impossibles présentes et passés qui ont tissé la vie de l’héroïne. Dans un univers où les lieux et les temps de narration s’imbriquent et où les odeurs et les couleurs prennent corps, une question est récurrente : comment revenir à la vie d’avant, la vie d’avant la rencontre ?

Brina Svit, de son nom complet Brina Švigelj-Mérat est née à Ljubljana en 1954 où elle a fais les études de français et de littérature comparée. Elle vit en France depuis 1980 et travaille en tant que journaliste et critique littéraire. Un cœur de trop est son sixième roman, le second écrit directement en français. Brina Svit n’aime pas être enfermée dans des identités géographiques. Ecrivaine slovène, française, franco-slovène, parisienne ? Rien de cela et tout à la fois. C’est entre Paris, Zagrajec, son village natal à la frontière slovéno-italienne et Buenos Aires où l’ont menée l’aventure de son dernier roman Coco Dias ou la Portée Dorée et la passion du tango, qu’elle partage aujourd’hui sa vie. Ses œuvres ont été traduites en plusieurs langues.