Andrzej Stasiuk

Sur la route de Babadag

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Par Jean-Arnault Dérens

« J’aime ce bordel balkanique, hongrois, slovaque et polonais, cette merveilleuse pesanteur de la matière, ce sublime endormissement, ce je-m’en-foutisme face aux faits, cet esprit de suite dans la saoulerie à midi pile ».

L’écrivain polonais Andrzej Stasiuk, auteur notamment des extraordinaires Contes de Galicie (traduits chez Christian Bourgois en 2004) prend la route. Il va à la rencontre d’une Europe des marges, des paumés, des soiffards, des laissés pour compte de ce phénomène que l’on nomme étrangement la « transition ».

De Slovénie en Albanie, de Hongrie en Moldavie, il nous invite à le suivre dans son parcours, illogique à souhait, plein de repentirs et d’allers-retours. Jusqu’au delta du Danube.

L’auteur nous décrit un monde pas très différent, en fait, de celui de Galicie polonaise, qui lui est particulièrement familier, mais par sa méthode particulière, par son recours systématique à la rêverie alcoolisée comme moyen d’analyse sociologique, il nous fait sentir, mieux que quiconque, ces espaces « perdus », enkystés dans les plis de la carte de l’Europe.