Michel Sivignon

Les Balkans, une géopolitique de la violence

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Par Jean-Arnault Dérens

Sous un titre un peu « racoleur », c’est un livre utile mais inégal qu’offre le géographe Michel Sivignon, spécialiste reconnu de la Grèce. Il offre notamment un excellent chapitre sur le développement de la cartographie ethnographique dans les Balkans depuis le Congrès de Berlin (1878) jusqu’aux accords de Dayton (1995), qui rappelle comment la démarche cartographique contribue à « fabriquer de la différenciation spatiale », et donc à justifier les différentes revendications nationalistes. Le tableau esquissé des frontières (anciennes, nouvelles, provisoires, urbaines, réelles ou ressenties) est également précieux.

L’auteur, spécialiste de la Grèce, consacre également des pages précieuses aux frontières gréco-albanaises et gréco-macédoniennes.

Dans le cadre d’une mise en perspective toujours utile des évolutions récentes et plus anciennes de la région, Michel Sivignon n’évite pas, toutefois, des raccourcis parfois surprenants, ainsi de la distinction qu’il pose entre les « peuples premiers » de la région et les « nouveaux peuples » (Bosniaques, Monténégrins, Kosovars)...

Alors qu’il rappelle utilement les différentes appellations, toujours chargées de sens, des « Balkans » au cours des siècles, l’auteur semble lui-même peiner à bien « cadrer » son objet d’étude : ainsi, un paragraphe s’intitule-t-il « la Croatie et la Slovénie quittent les Balkans ». La Bulgarie, régulièrement épinglée pour ses dérives par la Commission européenne, aurait-elle aussi « quitté les Balkans » depuis son adhésion à l’UE, en 2007 ?