David Albahari

Le livre bref

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Traduit par Ljiljana Fuzellier et Raymond Fuzellier

Que n’a-t-on pas écrit et dit sur les mystères de l’écriture, le vertige de la page blanche, les étapes de la création, les doutes, les ambitions du créateur et sa capacité même à créer. Le livre bref ne pourrait être qu’une variation supplémentaire sur un thème connu. Tel n’est pourtant pas le cas.

Le livre bref sous une forme romanesque, d’une totale liberté de ton et de structure, présente une réflexion sur l’acte d’écrire. Mais il ne s’agit pas là uniquement de la réflexion d’un écrivain sur son métier, sur les découvertes et les impasses qu’il implique, l’angoisse du choix ou la joie des illuminations. C’est la chronique de la vie quotidienne d’un créateur. Car l’écrivain-Albahari qui pourrait mettre en exergue de la plupart de ses récits la formule de Montaigne : « Je suis moi-même la matière de mon livre », même lorsqu’il se retire pour entrer en écriture, ne cesse pas d’être un homme ordinaire. Autour de lui, le monde et la société continuent d’exister et de vivre. Avec les gens simples du village où il se retire, l’auteur échange des idées sur l’écriture elle-même et le rapport qu’il entretient avec elle et celui de l’écriture avec la réalité. Entre la fiction et le réel se tisse une double trame, complexe et ténue, mais décisive. Exprimé avec humour, pudeur, sincérité, sans ostentation et distance, ce long soliloque sur l’écriture nous rend ce livre et son auteur attachants, car la personnalité du narrateur qui s’y dévoile est elle-même singulièrement séduisante. En effet, sans fausse honte, sans prétendre masquer l’aspect autobiographique de la fiction, jouant la transparence, David Albahari, au fil de ce roman, se découvre avec sincérité.