Par Laurent Geslin
La Roumanie des années trente est avant tout celle d’un homme : le Prince Carol II. Monté sur le trône après un coup d’état en juin 1930, le monarque n’aura de cesse, durant cette décennie troublée, d’affirmer son pouvoir face une démocratie roumaine en perdition et face à milices antiparlementaires de plus en plus violentes. Laminée par le crise économique de 1929, profondément divisée, la société roumaine finira pas perdre toute confiance en un homme qu’elle avait pourtant à l’origine soutenu. Les alliances politiques opportunistes du Prince Carol II, son incapacité à s’imposer sur le plan international et la pression des oppositions intérieures et extérieures finiront par avoir raison de lui.
L’ouvrage de Matthieu Boisdron montre parfaitement l’engrenage terrible qui, en dix ans, entraîna le pourrissement de la scène politique roumaine, l’instauration d’une dictature censée lutter contre les violences d’extrême-droite, l’éclatement de la « Petite Entente », l’arrivée au pouvoir de « la Garde de fer » et le ralliement de la Roumanie aux forces de l’Axe. Bien qu’enrichit d’annexes pertinentes, ce très bon ouvrage aurait sans doute mérité des sources un peu plus diversifiées, l’auteur se basant essentiellement sur des notes diplomatiques de l’ambassade de France. Qu’importe, ce travail apporte un éclairage original sur une époque trouble de l’histoire de la Roumanie.
