Alors que beaucoup d’ouvrages ont été consacrés aux guerres yougoslaves ou à leurs conséquences, le processus de désintégration de l’ancienne Yougoslavie socialiste demeure mal connu et peu étudié. C’est dire le grand intérêt du livre de Zoran Kosanic, adapté de sa thèse de doctorat, qui dresse la chronique précise et systématique de ce sabordage de l’État commun.
Choisissant une chronologie courte (1988-1992), d’une érudition sans faille, il restitue les débats qui agitèrent les partis communistes des différentes républiques de la fédération, ainsi que ceux qui embrasèrent les opinions publiques. Il parvient ainsi à mettre en perspective les moments et les faits saillants de cette période : la montée au pouvoir de Slobodan Milosevic, le dernier Congrès de la Ligue des communistes yougoslaves (janvier 1990), les premières élections multipartites dans chacune des républiques, la question du Kosovo, le début des affrontements en Slovénie puis en Croatie…
L’auteur n’oublie aucun des acteurs, locaux ou internationaux, pointant notamment l’immense échec de la Communauté européenne (CEE) de l’époque, qui essaya, dès 1991, de se saisir du dossier, mais ne fit que révéler ses divisions. Ce travail d’historien, sans parti pris, est désormais essentiel pour comprendre les mécanismes qui menèrent à la guerre et permirent la mobilisation nationaliste.
