Anne Marie Autissier

L’Europe de la Culture, Histoire et enjeux

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Par Anne Madelain

« L’Europe de la Culture » est devenu un slogan politique, pouvant même masquer l’absence de politique (au sortir d’un siège de 3 ans, Sarajevo n’avait-elle pas été proclamée « capitale européenne de la culture » ?), et masquer parfois aussi les difficultés à faire naître une « conscience européenne », porteuse d’universalité. N’empêche, le processus d’élargissement et la renaissance des particularismes culturels obligent à se poser de nouvelles questions.

Cet ouvrage, écrit par une universitaire engagée depuis des années dans la promotion des coopérations artistiques et culturelles en Europe et dans les Balkans en particulier (elle est aussi traductrice d’albanais), retrace l’histoire des échanges, des projets transnationaux, des premières personnalités qui se sont engagées pour la promotion d’activités culturelles transfrontalières, jusqu’à l’intensification des programmes de coopération dans les années 90, avec l’accroissement des échanges institutionnels et l’émergence de réseaux alternatifs.

Elle fait remonter cette histoire à l’histoire d’un continent, rappelant aussi que l’idée de la coopération culturelle en Europe est née du souci d’éradiquer la guerre sur le continent.

Le lecteur qui s’intéresse aux Balkans et à l’Europe du Sud Est y trouvera un panorama détaillé de l’histoire des coopérations transeuropéennes, aussi une analyse des réseaux existant, les institutionnels (comme Eurocréation, les pépinières d’artistes, etc.) ou alternatifs comme le réseau des friches culturelles, les réseaux associatifs de coopération pour les arts de la scène, les revues culturelles, etc. Des informations pratiques sur les programmes européens et les conditions de soutien aux projets transnationaux institutionnels et associatifs.

Après la chute des politiques étatistes dans les pays post communistes, l’urgence de reconstruire le système de diffusion passe naturellement par un nouvel espace européen d’échanges et de production. Ceci est d’autant que vrai dans les Balkans qui doivent en plus de la désagrégation du cadre étatique faire face à l’étroitesse des marchés et aux nouvelles barrières identitaires et symboliques.

À l’heure où on fait souvent des différences culturelles une explication facile aux conflits et où la « notion d’identité culturelle » est présentée comme une valeur intouchable, il est bon de rappeler que la « culture » est aussi une utopie universaliste et que la création d’espaces communs est un combat permanent contre la glorification des particularismes et la commercialisation de la création.