Ksenija Djordjevic

Configurations sociolinguistiques, nationalisme et politique linguistique. Le cas de la Voïvodine, hier et aujourd’hui

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Linguiste, enseignante chercheuse à l’Université Paul Valéry de Montpellier, Ksenija Djordjevic vient de publier un livre essentiel et passionant sur la Voïvodine. C’est par l’angle des langues qu’elle étudie cette région trop méconnue du nord de la Serbie. La Voïvodine, étonnant îlot de paix tout au long des années, se caractérise en effet par sa diversité linguistique et nationale.

Ce livre est une recherche en sociolinguistique sur les conditions historiques de développement des politiques linguistiques et de l’aménagement linguistique dans la province de Voïvodine, où se côtoient quatre langues minoritaires (hongrois, slovaque, roumain, ruthène) et diverses autres minorités nationales (tsigane, croate, juive, etc) face à la langue majoritaire officielle, le serbe, autrefois appelé serbo-croate.

Les questions d’émergence et de catégorisation des nations, des nationalités et des groupes ethniques, de la dénomination des langues et des rapports d’équilibre ou de conflit entre les langues et les peuples de l’espace yougoslave, de l’Empire austro-hongrois à nos jours, sont analysées avec minutie.

Une enquête sociolinguistique de terrain, menée auprès de 310 lycéens hongrois, slovaques, roumanins et ruthènes, portant sur leurs usages et leurs pratiques linguistiques, vient compléter cette réflexion sur les conditions d’intégration de la diversité linguistique et culturelle dans une région d’Europe centrale. La réflexion vaudrait d’ailleurs d’être généralisée à des espaces plus vastes.