Serbie : nouvelle attaque contre le site d’investigation KRIK

| | |

Le tabloïd Informer, très proche du gouvernement serbe, vient de lancer une nouvelle attaque contre le site d’investigation KRIK, en l’accusant de nuire au Premier ministre Aleksandar Vučić. Le journaliste Stevan Dojčinović est accusé de travailler avec des « agents des services secrets français ».

Cet article est accessible gratuitement pour une durée limitée. Pour accéder aux autres articles du Courrier des Balkans, abonnez-vous !

S'abonner

Le Une du taboïd Informer, le 18 mars

(Avec Birn) Le tabloïd Informer a accusé jeudi 17 mars Stevan Dojčinović, journaliste du site d’investigation KRIK, d’avoir l’intention de publier un article mensonger sur le Premier ministre Aleksandar Vučić, en révélant que ce dernier aurait « oublié » de déclarer des millions de dinars et qu’il posséderait de très nombreux biens à Belgrade. Informer a révélé des détails de cette enquête encore inédite.

Comme il l’a souligné au journal Birn, Stevan Dojčinović est donc certain d’avoir été suivi. « Le problème c’est qu’Informer a des informations que seul quelqu’un qui suit au quotidien notre travail peut posséder. La vrai question est aujourd’hui en Serbie : qui surveille les journalistes ? C’est la première fois qu’Informer nous attaque avant la publication de l’une de nos enquêtes. C’est un changement significatif ».

Le 17 mars, Informer a mis en Une une photo de Stevan Dojčinović avec comme titre « La mafia attaque la famille de Vučić ». Le lendemain, le tabloïd allait encore plus plus en expliquant que le journaliste avait des tendances sado-maso et qu’il travaillerait pour des espions français. Et ce samedi, il a tout simplement accusé le journaliste de KRIK d’être un « terroriste ».

Selon Informer, KRIK est en train d’inventer un scandale, en coopération avec « des trafiquants de drogue, des criminels, des policiers corrompus et des agents des services secrets », dans le but de forcer Vučić à abandonner sa position de Premier ministre au sein du prochain gouvernement. Le tabloïd affirme qu’Andrew Sullivan, le chef de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), un réseau dont fait partie KRIK, coordonne personnellement ces attaques contre le Premier ministre.

Dragan Vučićević, le rédacteur en chef d’Informer a déclaré à Birn qu’il ne révèlerait pas les sources qui lui ont permis d’obtenir ces informations. L’Association des journalistes indépendants de Serbie (NUNS) a jeudi condamné ce qu’elle a qualifié de « campagne de lynchage organisée par Informer contre le site KRIK » et a souligné que ces attaques mettaient en danger la sécurité de Stevan Dojčinović. L’association a pressé le ministère de l’Intérieur d’ouvrir une enquête.


Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.