Liberté de la presse en Croatie : nouvelle mission d’enquête internationale à Zagreb

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Censure et autocensure, pressions politiques et attaques contre les journalistes : depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs du HDZ, en 2015, la situation de la presse ne cesse de se dégrader en Croatie. Une nouvelle mission d’enquête internationale est attendue ce mardi à Zagreb, pour la seconde fois en moins de deux ans.

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Par Jelena Prtorić

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La mission comprend des représentants de l’Organisation des médias du Sud-Est de l’Europe (SEEMO), de Reporters sans frontières, de la Fédération européenne des journalistes (FEJ), du Centre européen pour la liberté de la presse (ECPMF) et de l’Association des journalistes européens (AJE). La précédente visite de cette mission remonte à juin 2016. Les professionnels de la presse avaient alors tiré la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation prévalant en Croatie. Dans un rapport titré « Croatia : Media Freedom in Turbulent Times », ils dressaient une liste des problèmes auxquels sont confrontés les journalistes croates : (auto)censure, pressions du pouvoir politique, menaces et attaques directes, etc.

Depuis, la situation ne s’est pas améliorée, au contraire. Dans son dernier rapport annuel, Reporters sans frontières a noté un recul général de la liberté de la presse en Croatie et rétrogradé le pays de onze places de son classement. Selon Reporters sans frontières, « les journalistes croates qui enquêtent sur la corruption, le crime organisé ou les crimes de guerre sont souvent victimes de campagnes de harcèlement ». Dans ce rapport, RSF souligne aussi que le service public, la Radio-télévision croate (HRT), subit de constantes pressions politiques.

Les journalistes croates qui enquêtent sur la corruption, le crime organisé ou les crimes de guerre sont souvent victimes de campagnes de harcèlement.

Saša Leković, président de l’Association des journalistes croates (HND), constate que la situation dans le pays ne cesse de se détériorer depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs du HDZ, en 2015. En matière de médias, le nouveau cabinet « modéré » d’Andrej Plenković, formé en octobre 2016, a largement poursuivi la politique de ses prédécesseurs et notamment celle du très radical ministre de la Culture, Zlatko Hasanbegović. Selon Saša Leković, le principal problème est que les responsables politiques ne défendent pas les journalistes. « Très souvent, ils se montrent indifférents aux attaques contre la presse. Récemment, le Premier ministre a brièvement affirmé qu’il ne fallait pas attaquer les journalistes, mais il reste le plus souvent muet face à ces attaques ». Cette absence de réaction est bien sûr comprise comme une promesse d’impunité par les auteurs de ces attaques.