Blog • Les Balkans, vieilles et nouvelles instabilités

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The Balkans : old, new instabilities. A European Region looking for its place in the world : tel est le titre de l’essai sur les Balkans publié en mai 2020 par l’Instituto di Studi di Politica Internazionale (ISPI) de Milan, qui aborde les Balkans comme région européenne en quête de sa place géopolitique.

Les vieilles instabilités tiennent à une transition politique et économique qui toujours pas achevée depuis les années 1990, à un processus d’adhésion à l’Union européenne marqué par des arrêts et des reprises continuels, à la recherche de la stabilité par tous les moyens, la stabilocratie, assortie d’une dérive autoritaire aux penchants nationalistes.

Pour les nouvelles instabilités, il y a les Balkans comme terrain de conquête pour les nouvelles puissances internationales. La Chine, la Russie, la Turquie et les Emirats Arabes Unis sont les acteurs qui cherchent à travers l’établissement de leurs relations dans la région, soit un gain économique que de la reconnaissance internationale. Le vieux système bipolaire étant venu à manquer, dans le système multipolaire des relations internationales chaque pays peut essayer de cultiver son jardin des relations privilégiées et épandre son influence. Russie, Turquie et Emirats Arabes Unis sont des anciens acteurs dans la région, notamment pendant la guerre des années quatre-vingt dix ils ont été actifs dans la région dans le soutien d’intérêts religieux et d’appartenance ethnique. La Chine est la nouvelle arrivée, la véritable nouveauté comme souligné dans le rapport.

Les autres thèmes traités dans le rapport comme les relations difficiles entre l’Union européenne et les Balkans occidentaux, la dérive autoritaire issue de la stabilocratie et la naissance des mouvements de la société civile se sont des sujets devenus classiques dans les études balkaniques, il suffirait ici de rappeler le colloque du Courrier des Balkans en février 2019 « Union européenne – Balkans. Vingt-ans à se regarder dans les yeux » sur le thème des relations entre Union européenne et Balkans. La nouveauté et l’ambition de ce rapport repose sur l’analyse du positionnement des Balkans occidentaux dans l’actuel contexte géopolitique et ses relations avec les différents acteurs internationaux.

Les Balkans occidentaux et les autres acteurs géopolitiques

Un des essais contenus dans le rapport parle de « pouvoirs en compétition » dans la région des Balkans [1]. L’Union européenne n’est plus désormais la seule actrice active dans les Balkans où d’autres acteurs sont présent, parmi ceux la Chine avec des investissements en réseaux de communication et énergétiques.

Et voilà qu’un projet datant des années quatre-vingt dix de création de réseaux transeuropéen visant à compléter et épanouir la mobilité dans le marché unique et dans les pays voisins, des corridors transeuropéens financés par la Banque européenne des investissement entre 1993 et 2008, se voit surpassé par le projet chinois qu’à partir de 2012 vise à transformer les Balkans dans une plateforme d’interconnexion pour les routes commerciales et énergétiques.
Comme souligné dans un autre essaie dans le document qui fait l’état des lieux des investissement directs à l’étrangers dans les Balkans, il y a les bons et les mauvais investissements. Il ne faut pas juger un investissement uniquement à la portée du financement, mais aussi à son utilisation effective dans le territoire, à quant de cet investissement arrive dans les activité productives et n’est pas au contraire détourné par la corruption ou le clientélisme, ou encore qui a pour conséquence des dégâts environnementaux [2].
Lorsqu’il s’agit de réseaux infrastructurels le risque de causer des dommages à l’environnement est très haut si on ne fait pas tous les études préalables de faisabilité pour faire contant l’investisseur.

Les conséquences de la présence de ces investissement sont soit de politique intérieure qu’extérieure. Des leaders politiques peu soucieux de l’opinion publique intérieure peuvent se faire fort de l’appui économique étranger obtenu pour s’opposer aux mouvements contestataires internes, comme souligné aussi dans l’essaie sur l’importance des mouvements sociaux [3].

Mais encore peut-on jouer de ces appuis pour renégocier sa position sur l’échiquier international et essayer de se conduire en dehors des dynamiques de sécurité qui se sont imposés jusqu’à la dans les Balkans, ou l’enceinte de l’OTAN et la politique de défense et de sécurité de l’Union européenne [4].

Les Balkans, acteurs géopolitiques

C’est aux leaders des pays des Balkans occidentaux de choisir quelle place ils veulent prendre sur l’échiquier international, les alliances politiques valent autant que celles économiques, les unes peuvent influencer les autres, mais ça vaut aussi le contraire, on peut avoir des relations politiques complètement détachées de celles économiques. La Chine est un acteur nouveau dans les Balkans et jusqu’à là est difficile de juger de son action sur le territoire, d’autant plus qu’il parait qu’elle soit plus intéressé au côté économique que politique.

De toute façon quelles seront les décisions que les politiciens locaux prendront c’est de quelque sorte rassurant savoir que depuis 2012 il y a des mouvements citoyens disposés à descendre dans les rues pour s’y opposer en cas d’absence de transparence dans le processus de prise de décision politique, de clientélisme et d’autoritarisme, comme du manque du respect de la règle de droit. Cette présence-ci est la note positive dans l’état des lieux des Balkans occidentaux, soulignée par Paolo Magri, Directeur de l’ISPI, dans l’introduction à l’essaie. Nous ajouterons, elle est aussi une garantie dans la quête de la place géopolitique des pays des Balkans sur l’échiquier international.

Notes

[1Bechev Dimitar “Making Inroads : competing powers in the Balkans” dans Fruscione Giorgio (sous la direction de) « The Balkans : old, new instabilities. A European Region looking for its place in the world », ISPI, Ledizioni LediPublishing : Milano, 2020.

[2Prelec Tena “FDI in the Balkans : the good, the bad and the ugly”, dans op. cit.

[3Milan Chiara “The importance of social movements in Western Balkans”, dans op. cit.

[4Djokić Katarina “EU, NATO and beyond : the security dymanics of the Western Balkans”, dans op. cit.