Pouvoirs n°106 : Les nouveaux États de l’Union

|

La revue Pouvoirs consacre une très riche livraison aux « nouveaux États de l’Union », qui a l’immense mérite d’ouvrir une véritable réflexion sur l’Europe en devenir.

On notera la très riche contribution de Nadège Ragaru sur « la Bulgarie et la Roumanie aux portes de l’Union : un si long espoir », ou celle de Jean-Michel de Waele sur « l’émergence, l’organisation et les spécificités des partis politiques dans les pays candidats », qui esquisse une fine typologie de ces partis.

Jean d’Haussonville dresse un tableau statistique, institutionnel et géopolitique des douze (les dix nouveaux membres de 2004, la Bulgarie et la Roumanie), en demandant en introduction s’il s’agit véritablement de « l’élargissement le mieux préparé dans l’histoire de l’Union ».

Jacques Rupnik aborde la problématique centrale, dans une contribution intitulée « de l’élargissement de l’Union à l’unification de l’Europe », en évoquant notamment ce de l’Europe que sont les Balkans . « L’Europe n’a pas été à même au cours des années 1990 de contenir les processus de fragmentation des Balkans. Saura-t-elle, à plus long terme, passer du protectorat de l’UE à l’intégration dans l’Union », demande-t-il, en évoquant les nouvelles responsabilités européennes dans la région.

La contribution la plus passionnante est probablement celle d’Alina Mungiu-Pipidi, chercheuse en sciences sociales et directrice de la Société académique roumaine. Sous le titre de « Confiner l’Europe, un jeu infini », elle évoque le problème des frontières, historiques, culturelles et politiques, de l’Europe, revenant sur les lignes de cassures de cet espace européen, si difficile à délimiter. Critiquant la notion de « choc des civilisations », entre mondes catholico-protestant, orthodoxe et musulman, elle rappelle justement qu’aider à « la transformation démocratique et économique de pays allant de la Bosnie à la Géorgie est encore plus compliqué que maintenir la paix ». Non sans ajouter que « les Européens ne semblent pas très pressés de s’engager dans ce qui pourrait bien être leur prochaine grande tâche historique ».