Svetislav Basara

Le Miroir fêlé

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« Même quand il se rend compte qu’il n’est rien, l’homme est encore mauvais, car il n’est pas tout à fait rien, ça au moins c’est clair. »

Quand on veut régler ses comptes avec la famille, rien de mieux que d’avoir recours à la littérature. C’est ce que fait Anan, le héros de ce court roman grinçant. Anan a décidé d’arrêter le cours du temps un certain 23 juillet 1949, de nier son existence et d’écrire un roman.

Cette décision affole le père et la mère, personnages formatés par l’idéologie. Le père porte un écriteau où il est écrit qu’il est LE PÉRE, avant de se transformer en mannequin de celluloÏd. La mère consacre sa vie aux malades et aux mourants, parce que c’est une femme et que les femmes, les mères surtout, sont tendres. Elle pourra pleinement développer cette tendresse quand Anan finira « par avoir un ulcère duodénal et une bronchite chronique ». La décomposition des familles est inévitable puisque « c’est là une loi naturelle : tout ce qui se compose de pièces se décompose inévitablement ».

Cependant, la logique n’est pas la marque de ce roman, mais bien un foisonnement de personnages, d’intrigues et d’événements complètement absurdes. Pris au piège de l’humour grinçant de ce jeu de massacre, le lecteur suivra jusqu’au bout les folles aventures d’Anan.

Écrivain de l’absurde, né en 1953, Svetislav Basara poursuit une carrière diplomatique. Plusieurs de ses romans ont déjà été traduits en français aux éditions Gaïa.