Droits des femmes au Monténégro : les liaisons dangereuses de l’UE

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En juin dernier, Vladimir Beba Popović, le conseiller occulte des Premiers ministres serbe et monténégrin, connu pour ses attaques contre les journalistes, s’est vu attribuer une aide européenne de plus de 100 000 euros pour promouvoir les droits des femmes au Monténégro. Des voix de la société civile se sont élevées : il y a un an, Beba Popović diffamait honteusement, avec une vidéo pornographique, la directrice de Mans, la plus grande ONG d’opposition du pays.

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Vladimir Beba Popović

Il y a un an exactement, l’été dernier, l’opinion publique nationale et internationale était scandalisée par les images d’une vidéo porno zoophile publiées par un tabloïd demandant si la protagoniste principale n’était pas Vanja Ćalović, la charismatique directrice de la plus grande ONG d’opposition, le Réseau pour l’affirmation du secteur non-gouvernemental (Mans). Vanja Ćalović a maintes fois affirmé que cette diffamation honteuse avait été orchestrée par le spin docteur du Premier ministre monténégrin Milo Đukanović et du Premier ministre serbe Aleksandar Vučić : Vladimir Beba Popović, directeur du think-tank l’Institut des politiques publiques.

La justice (à la botte du régime) a condamné en première instance Vanja Ćalović pour avoir calomnié Beba Popović. On se rappelle la satisfaction de ce dernier d’avoir personnellement diffusé dans tous les médias ces photos afin de montrer, disait-il, le vrai visage de Vanja Calović. En juin dernier, cet homme a reçu 127 500 euros de l’Union européenne pour promouvoir les droits et le rôle des femmes dans la société.

Auparavant, Beba Popović avait organisé un projet financé par le budget d’État, soutenu par le gouvernement et les médias du régime. Le colloque Mots, images, ennemis devait traiter de la responsabilité et de la liberté des médias. L’essentiel fut une attaque en règle contre les médias indépendants, les critiques, les intellectuels et les ONG du Monténégro.

Le 17 juin, à l’occasion d’une une table ronde sur L’application de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU : les femmes, la paix et la sécurité au Monténégro, Beba Popović publiait sur le site de son institut : « L’étude a pour but de sensibiliser l’opinion publique à la situation des femmes dans le secteur de la sécurité à travers l’image culturelle et historique de la femme monténégrine en tant que telle [sic] et de procéder aux réformes correspondantes selon la Résolution 1325 »...

Plusieurs organisations des droits des femmes se sont élevées contre l’absurdité d’une telle donation européenne. Toutefois, pour Ljupka Kovačević, de l’ONG Anima, Beba Popović n’est pas le seul responsable. « Ce n’est pas de sa faute si le Monténégro est un terrain propice aux projets voués à l’échec. L’UE, elle aussi, collabore avec le régime et exerce des pressions. La bureaucratie qui soutient de tels projets jette un doute sur la noble idée de la création de l’UE, en tant que communauté de paix, prospérité, démocratie », estime-t-elle. « L’UE ressemble à un groupe de colonisateurs qui, au nom de la démocratie, maintiennent au pouvoir des régimes non-démocratiques et un état de tension permanente. »


Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.