Blog • Détails sur les persécutions religieuses et politiques en Albanie

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Le journal français La Croix publiait, le 27 juin 1946, un récit détaillé sur les persécutions religieuses et politiques en Albanie, commises à l’époque par le régime communiste.

Martyrs albanais béatifiés en 2016 par le pape François
© ccee.eu

«  Une campagne systématique contre l’Eglise catholique a commencé en Albanie au mois de janvier de cette année. Le signal en a été donné par une série d’articles parus dans le Bashkimi, Journal officiel qui parait à Tirana. Ces articles insérés dans les livraisons du 3, du 8, du 15, du 17 et du 18 janvier sont signés de noms catholiques tels que Tuk Jakova, Giovalin Luka, Tonin Miloti et aussi de noms communistes.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’arrêter quelques prêtres, mais de supprimer le clergé catholique. Dans le courant de février, Dom Mark Hasi, Gjon Shllaku, Pal Doda, Dom Mikel Koliki, tous prêtres albanais, étaient jetés en prison. De plus, 32 religieux italiens et 3 Sœurs de Charité qui se trouvaient dans différentes maisons adonnées à des œuvres de bienfaisance, qui avaient été fondées en Albanie en 1939, ont été brutalement expulsés : ils n’ont été autorisés à emporter que le strict nécessaire. Le P. Anton Harapi, que l’on respectait autant pour sa vertu que pour ses talents littéraires, a été exécuté à Tirana le 15 février dernier, en même temps que Maliq Bushati, ex-président du Conseil, et Lef Nosi, ex membre du Conseil de la Régence.

Le nombre des Russes qui arrivent en Albanie augmente tous les jours. Ils sont installés dans toutes les administrations. Ils sont tout-puissants et les ministres du gouvernement d’Enver Hoxha eux mêmes sont obligés de leur obéir.

Le soi-disant complot catholique de Scutari et la découverte simulée d’un autre complot qui aurait eu lieu à Tirana ont été l’occasion de nombreuses arrestations à Tirana, Scutari, Korça, Valona... Parmi les arrestations, citons les noms de Fuad Asllani, avocat ; Mlle Muhsine Kokalari, femme de lettres ; Spiro Disha, Qenan Dibra, tous deux fonctionnaires ; Thoma Papapano, professeur honoraire et actuellement membre de l’Assemblée constituante. L’arrestation de ce dernier a été effectuée dans les circonstances suivantes : attablé avec un ami à la terrasse d’un café, Thoma Papapano aurait dit à son confident que l’Etat actuel ne pouvait pas durer longtemps en Albanie. Quelques heures après, celui-ci disparaissait de la circulation.  »

Source : La Croix, Jeudi, 27 juin 1946, p.5
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k41203545/f5.item.r=albanais.zoom#

Article publié également en albanais :
https://www.darsiani.com/la-gazette/la-croix-1946-gjon-shllaku-mikel-koliqi-musine-kokalari-thoma-papapano-persekutimet-fetare-dhe-politike-ne-shqiperi/