Blog • Istria nobilissima, pour valoriser la culture italienne d’Istrie

|

On a dû attendre jusqu’aux derniers jours de l’année passée, avant de connaître les résultats du concours « Istria Nobilissima », cependant la publication du palmarès a valu l’attente. Bien évidemment, le retard a été dû à l’épidemie du Covid-19, qui a affecté l’organisation et le déroulment du concours et annullé la traditionnelle cérémonie de prémiation. Les lauréats du concours ont reçu une communication par mail à laquelle était jointe la notice du jury du concours. Les catégories du concours couvrent différents domains artistiques : la poésie, la fiction, les essaies, le journalisme, mais aussi l’art, la photographie, la télévision, le cinéma, la musique et le théâtre.

« Istria Nobilissima » est un concours historique. La compétition est née en 1967, avec le but de stimuler et de mettre en valeur la création artistique et culturelle locale dans toute ses formes et différents moyens d’expression, pourvu qu’elles aient lieu en langue italienne, étant donné la collaboration entre l’organisation qui supervise au councours, l’Università Popolare de Trieste et l’Union des Italiens en Slovénie et Croatie.

Dans les mots du critique littéraire Bruno Maier, le concours représente « un témoignage de la production culturelle et artistique de la communauté de langue italienne depuis le deuxième après-guerre ». Cette production, dans un premier temps s’etait affirmée comme littérature de « ceux qui sont restés », ou de « littérature de frontière », dans le temps elle s’est épanouie en une nouvelle « province littéraire nationale ».

C’est notamment le cas de l’écrivaine Nelida Milani Kruljac, dont on a déjà parlé sur les pages de ce blog, laquelle, outre à ses publications en langue italienne parues en Croatie, a publié aussi pour des éditeurs italiens comme : Sellerio, Feltrinelli et Rizzoli.

Toujours selon les mots de Maier, cette littérature est une « expérience culturelle alimenté (et enrichie) par les nombreux éléments et ferments de l’ambience sociale dans laquelle elle se déroule et développen« . Cela est d’autant plus vrai si l’on regarde à l’histoire de cette partie d’Europe qui depuis le deuxième après guerre a vu tant de bouleversements politiques, passant par la construction de la Yougoslavie et à son conséquent démantèlement en Slovénie et Croatie.

En particulier, Maier souligne comment « l’actuelle culture de l’Istrie et de la région de Fiume sert de « pont » entre deux mondes différents, mais pour autant non pas en contraposition, celui italien et celui slovène et croate, dont la destinée est celle de se connaître, se comprendre, de dialoguer, avec évident, mutuel avantage ». A ce sujet, Maier cite le fait que dans cette littérature des thèmes comme l’exode julien-dalmate ont été traités sans honte ou nécessité de cacher quoi que se soit.

Les lauréats de la 53e édition

Parmi les gagnants de la dernière édition du concours, nous allons nous arrêter sur deux d’entre eux : Rosanna Bubola pour la catégorie fiction et Giacomo Scotti pour celle de la poésie, les deux des premiers lauréats dans leur catégorie s’exprimant en langue italienne ; dans le concours il y a aussi des catégories s’exprimant en istrovénétien.

Rosanna Bubola est avant tout actrice, elle a joué et à été responsable du Dramma italiano, compagnie théâtrale de la ville de Fiume/ Rijeka qui propose des pièces en langue italienne. Recémment, elle est devenue directrice de l’Université populaire de Buje, où elle s’occupait déjà de différentes initiatives culturelles : notammant l’organisation du concours « Dimela Cantando », compétition tenue et organisée en dialecte istrovénétien pour la prémation des chansons inédites et jouées sur scène lors d’une manifestation publique.

Elle a pris part au concours « Istria Nobilissima » avec un conte psychologique et historique entitulé “Sotto il tappeto” (“Sous le tapis”), écrit en langue italienne, avec des extraits d’istrovénétien. C’est surtout pour la réunion de ce deux registres linguistique et la capacité inventive du texte, qu’elle a gagné le premier prix dans la session du concours dédiée la prose.

Giacomo Scotti est écrivain, journaliste, traducteur, longue est sa carrière datant du moment où en 1947 faisant le parcours envers des réfugiés italiens quittant l’Istrie, il s’est transféré de Saviano en Italie, en Yougoslavie. Soixante-dix années se sont passées depuis et dans le recueil de poésie qui a gagné le premier prix pour la catégorie poésie du concours, il a écrit de cette dicothomie. La recueil de poésies Il piano et il canto (« Le plan et le chant ») traite de la dualité de la vie, pour de l’auteur vécue en Italie et en Istrie, mais aussi avec ses joies et ses douleurs : Le prime lui a été donnée pour cette “poésie de la vie”. Dans une interview récente l’auteur a déclaré qu’il essaie maintenant de ne pas se replier trop sur les événements négatifs de sa longue vie, pour ne pas envenimer les derniers jours de son voyage sur terre.

Certainement, l’auteur fait référence ici aux nombreuses critiques soulevées par sa production, allant de la dénonciation des crimes commis par le régime yougoslave dans le champ de redressement politique de Goli Otok, jusqu’aux chiffres déclarées dans l’ouvrage Dossier foibe sur les nombres des victimes ayant été exécutées par ce moyens pendant la deuxième guerre mondiale. En passant pour la dénonciation des crimes commis contre les civils pendant l’opération militaire Oluja.

Deux auteurs, mais aussi deux personnages emblématique de cette culture unique de la province de l’Istrie, du Quarner et de la Dalmatie. L’actrice qui joue en italien des pièces italienne et croate, recémment elle a joué pour le théâtre une pièce de l’auteur Milan Rakovac. L’écrivain toujours présent sur la scène culturelle et qui paraissait déjà en 1968 dans l’Antologie des écrits du Concours Istria Nobilissima.

L’actrice est aussi engagée dans le territoire dans la lutte pour sauvegarder la nature, notamment elle se dédie à la spéléologie. L’écrivan a toujours eu pour but de mener le dialogue entre la commuauté des italiens en Croatie et Slovénie et les représentants de la politique et de la culture en Italie. Les deux se retrouvent sur un terrain commun, celui du territoire et celui de la terre qui a permis la réunion de leurs propres dichotomies, celle de l’expression en langue italienne et en istrovénétien dans un contexte étatique parlant le slovène et le croate, où la réunion des vicissitudes complexes d’une longue vie passée en Istrie, sous les différents régimes politiques et étatiques, qui se sont suivi dans le temps.

La toute dernière catégorie à avoir été insérée dans le temps dans le concours est la catégorie des résidents à l’étranger ayant souche en Istrie, Quarner et Dalmatie, s’exprimer sous la forme écrite (poésie, prose, ou des essaies) et traitant de thèmes intéressant le monde commun istrien, istro-quarnerin et dalmate.

Cette catégorie a été ajoutée dans l’histoire du concours pour donner une voix à « ceux qui sont partis », toujours dans les mots de Maier, puisqu’il puisse y avoir un dialogue continu avec les catégories des auteurs qui vivent et écrivent au sein de la communauté des italiens en Croatie et en Slovénie. Le côté international de cette production littéraire aiderait aussi à l’épanouissement de cette culture, dans sa nature cosmopolite, dans le monde.

Cette année il se peut que le dialogue entre les textes soit particulièrement bien réussi, parce que les deux oeuvres choisies pour cette catégorie du concours, le premier et le deuxième prix, font pendant aux deux oeuvres qui nous venons de présenter. L’oeuvre de Dorina Segnan, une recueil de poésie dialogue avec celle de Scotti, comme l’oeuvre de l’auteure de ce blog, Deborah Grbac, deuxième prix, dialogue, avec le conte de Rosanna Bubola.

Dorina Segnan dans son recueil Finché luce d’amor nel mondo splenderà (« Jusqu’à quand la lumière de l’amour resplendra dans le monde ») parle de deux histoires d’amour qui s’épanouissent nonobstant la frontière, comme les “poésies de vie” de Scotti trouvent leur accomplissement en traversant cette même frontière. L’oeuvre de Deborah Grbac Dieci febbraio (« Dix février ») parle du deuil de la perte à cause de l’exode et de l’ultérieure perte de la mémoire de l’histoire familiale à cause du temps qui passe, Rosanna Bubola encadre les mémoires paternelles, les extraits en istrovénétien de son conte tiennent à celles-ci, dans le textes pour ne pas les perdre, parce que rien puisse être perdu, comme elle a déclare dans une interview.

On a du attendre, mais l’attente a été bien récompensée, il faudra encore attendre la parution de l’anthologie des textes du concours pour les lire et les comparer, entre temps des extraits des textes, comme des interviews aux auteurs, sont en cours de publication en langue croate et italienne sur le portail Rijeka danas par Laura Marching, elle aussi lauréate des éditions passées du Concours Istria nobilissima.