Saint-Etienne (42000)

Franz Ferdinand Project // Vernissage et conférence

| Du au

Porté par l’association Regards et Mouvements à l’Hostellerie de Pontempeyrat / Loire
En partenariat avec : Gran Lux et la Cartonnerie / Saint-Étienne, Duplex 100m2 / Sarajevo, Research station for Contemporary Art Perpetuum Mobile/ Belgrade

CONTEXTE /

Le projet « Franz Ferdinand » s’inscrit dans un travail de longue durée autour de la mémoire et de l’histoire dans la Région des Balkans. En 2011, Marjorie Glas, Baptiste Tanné et Guillaume Robert avaient en effet initié et concrétisé le projet Drina, (entre autre soutenu par la Région Rhône-Alpes et l’Hostellerie de Pontempeyrat) qui consistait en la reconstruction d’une machine hydro-électrique telle que les habitants de Gorazde, ville du sud-est de la Bosnie-Herzégovine, l’avaient imaginée pendant la guerre pour fabriquer leur électricité. La machine, une fois reconstruite, avait été exposée à Gorazde puis à Sarajevo : devenue objet d’art, sculpture monumentale, elle venait questionner chez les habitants le rôle de la mémoire intime, individuelle comme collective dans le processus de construction d’une histoire proche, celle de la guerre de Yougoslavie. En 2014, la France, l’Autriche et l’Allemagne initient le projet « Sarajevo, cœur de l’Europe », dont la fonction est de commémorer le centenaire de la première guerre mondiale, qui aurait débuté à Sarajevo, par l’assassinat du prince Franz Ferdinand sur le pont latin qui enjambe la rivière Miljacka, au cœur de la Ville. Une série d’événements divers sont proposés pour cette occasion, tous viennent célébrer la mémoire de la guerre telle qu’elle a été construite depuis lors par les principaux belligérants de la première guerre mondiale.

LE PROJET /

Ce projet Franz Ferdinand est né de la volonté d’artistes, chercheurs et responsables de structures culturelles de questionner cette mémoire à l’œuvre, telle qu’elle va être représentée durant les commémorations. Si l’assassinat de Franz Ferdinand représente le début de la première guerre mondiale pour l’Autriche comme pour la France, elle est aussi, en Bosnie comme dans tous les Balkans, synonyme d’une lutte anti-coloniale contre l’Empire austro-hongrois. Elle raconte également un morceau de l’histoire de l’anarchisme dans ces contrées européennes. Gavrilo Princip, étudiant serbe de Bosnie- Herzégovine, nationaliste yougoslave et assassin du prince, est ainsi un terroriste pour les français comme pour les autrichiens. Pourtant c’est une figure de résistance dans les Balkans, puisque Princip a longtemps incarné la lutte d’un peuple face à l’Empire austro-hongrois ainsi que la défense de l’idéal yougoslave. Considéré comme un héros dans la Yougoslavie royale d’Alexandre Ier comme plus tard dans celle de Tito, Gavrilo Princip fut ainsi célébré par une plaque commémorant son acte à Sarajevo, sur les lieux mêmes de l’attentat, qui le décrivait comme « un combattant de la liberté ». Cette plaque, détruite par les nazis en avril 1941 fut remplacée par une autre, détruite à son tour par l’armée de la République de Bosnie et d’Herzégovine pendant la guerre en ex-Yougoslavie en 1992. Aujourd’hui une nouvelle plaque porte le message « Que la paix règne sur terre », en anglais, serbe, et bosnien. Dans ce contexte, il nous a paru intéressant de questionner la fabrication de ces mémoires nationales et internationales dans le cadre de ces commémorations. Les mémoires sont le fruit de constructions historiques diverses et il est important de rappeler qu’aucune d’entre elles n’est plus légitime qu’une autre dès lors qu’elle ne contrevient pas aux faits historiquement et scientifiquement établis. Une réflexion autour de ces enjeux mémoriels et historiques, datant d’un siècle, comme d’une vingtaine d’années, européens comme français, yougoslaves, serbes ou bosniens, nous semble judicieuse à mener et nécessaire à partager ensuite avec un public. Nous avons souhaité que cette réflexion soit portée par des artistes dont le trait commun est d’avoir été traversés intimement et chacun à sa manière par la grande histoire de l’Europe. Des chercheurs travailleront en lien étroit avec eux pour apporter leur rigueur et leur éclairage sur ces enjeux mémoriels.

Une coopération entre villes, institutions culturelles et artistes

Ce projet propose d’utiliser la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale comme point de départ d’une réflexion plus générale sur la construction des mémoires nationales et transnationales. Trois structures culturelles, Le Gran Lux à Saint-Étienne, Duplex 100m2 à Sarajevo et Research station for Contemporary Art Perpetuum Mobile à Belgrade, ont décidé de s’emparer de la question : chacune invitera deux artistes à venir observer les commémorations de juin 2014 à Sarajevo.

> Artistes invités :
Stéphane Bonjour (France) : Découvrir son parcours
Marianne Maric (France) : site web[
Lana Čmajčanin (Bosnie-Herzégovine) : site web
Damir Radovic (France/Bosnie-Herzégovine) : site web
diSTRUKTURA (Serbie) : site web

Des historiens de chacun des pays participant (France, Bosnie-Herzégovine, Serbie) apporteront un regard historique et critique autour des notions d’histoire et de mémoire pour amener les artistes à porter un regard neuf sur ces problématiques. Chacun des artistes sera ensuite invité, au cours d’une résidence à Belgrade puis à Saint-Étienne, a produire une œuvre, photographique, filmique ou picturale autour de ces questions. Une exposition collective sera présentée d’abord au Gran Lux (où les photos et films seront produits), puis à Sarajevo dans le cadre du Festival Memory Module, et enfin à Belgrade, aux bords du Danube.

VERNISSAGE DE L’EXPOSITION ET CONFÉRENCE

// Vernissage de l’exposition Mercredi 22 avril à 19H au Gran Lux //

Aussi, en lien avec l’exposition et pour clôturer le projet :

// Conférence « Les mémoires dans les villes » Jeudi 23 avril à 15H au Gran Lux //

L’objet de cette conférence est de questionner la place de l’histoire et de la mémoire dans l’espace urbain. La mémoire est l’objet d’enjeux politiques et sociaux essentiels qui tournent autour de la représentation différenciée des groupes sociaux dans l’espace public et de la construction d’une histoire porteuse d’identité (qu’elle soit nationale, locale, à l’échelle d’une région, d’un pays ou d’une ville). La multiplication de « lieux de mémoire » porte des objectifs souvent politiques : il s’agit de raconter à des habitants une histoire officielle qu’ils doivent s’approprier, de donner aux visiteurs une image linéaire de la ville. Nous souhaitons lors de cette conférence questionner la manière dont les acteurs s’emparent de la mémoire dans nos villes. Saint-Etienne fait par exemple l’objet de luttes de représentation importantes autour de sa mémoire ouvrière, luttes qui comportent le risque de construction d’une histoire fantasmée oubliant les enjeux sociaux du travail à la mine. Nous souhaitons dans ce cadre interroger les acteurs artistiques et culturels de trois villes dans lesquelles nous avons travaillé : Sarajevo, Belgrade et Saint-Etienne. Quelle indépendance institutionnelle un collectif d’artistes propose-t-il à travers la construction d’un centre d’art dans la banlieue de Belgrade ? Comment un artiste de Sarajevo s’empare-t-il de l’histoire d’une ville déjà racontée mille fois par des acteurs extérieurs à elle-même ? Comment certains acteurs culturels de la ville de Saint-Etienne tentent-ils de porter d’autres représentations dans l’espace public ?

Au programme des échanges :

Introduction par Michel Rautenberg, sociologue à l’Université Jean Monnet : “le processus de patrimonialisation des villes”

“Sarajevo et sa mémoire : comment un artiste s’approprie une ville déjà racontée par les autres” par Pierre Courtin (galerie DUplex100m2), Damir Radovic (plasticien), Lana Cajmacin (plasticienne)

“Belgrade, récit d’une expérience culturelle : le centre d’art Treci Beograd” par Distruktura (plasticiens)

“Saint-Étienne et la mémoire ouvrière : questions d’appropriation » par Fanny Herbert de la Cartonnerie et Stéphane Bonjour (plasticien)

Récit d’expérience d’une photographe entre Sarajevo et Saint-Étienne par Sandrine Binoux (photographe).

Conclusion par Marie-Thérèse Têtu, sociologue à l’université Jean Monnet : « arts et mémoires”
Le débat sera modéré par le réseau européen Banlieues d’Europe.
Acteurs culturels, historiens, sociologues et artistes sont conviés à une discussion commune autour de ces enjeux qui nous paraissent aujourd’hui primordiaux.

INFOS PRATIQUES :

GRAN LUX : Site Mosser – 11 bis, rue de l’égalerie 42000 Saint-Étienne
04 77 50 60 61
a.dubosc@hostellerie-pontempeyrat.com

L’Hostellerie de Pontempeyrat mène ce projet en partenariat avec la région Rhône-Alpes (volet Fiacre Mobilité internationale), la Ville de Saint-Étienne et l’Institut français.