Blog • Aux quatre coins de la Macédoine du Nord avec Nicolas Boldych

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Belle invitation au voyage, croquis inspirés à l’appui, aux quatre coins de la Macédoine du Nord sur les traces des pérégrinations de l’auteur, Nicolas Boldych, au cours de l’année passée dans ce pays comme enseignant de français. Autour de la Macédoine : carnet de résidence est le titre de son livre paru chez l’Harmattan en 2020.

Le plateau de Pelister
DR.

Nous sommes en 2004-2005, donc après les accords d’Ohrid qui ont mis fin, provisoirement au moins, aux tensions entre les Macédoniens albanophones à ceux, majoritaires, slavophones provoquées par l’insurrection albanaise du début de 2001, aspect évoqué brièvement et sans parti pris par notre auteur soucieux plutôt de faire découvrir aux lecteurs les choses qui ont alimenté sa curiosité, les côtés les plus attachants des personnages croisés et des lieux traversés.

« Aussi petite soit-elle, la Macédoine possède un Est, un Ouest, un Sud, un Nord » (p. 59), fait-il remarquer et effectivement ses escapades vont le conduire, depuis la capitale, Skopje, vers l’ouest, Tetovo, le Kosovo, encore plus à l’ouest, via Egnatia et l’« Albanie invisible », vers le Grand Sud, Bitola-Monastir, aux frontières de la Grèce, hier le pays des vacances, aujourd’hui celui du « travail et des emplois mieux rémunérés ». « Plus on descend vers le sud plus on retourne dans l’Antiquité (p. 48), écrit N. Boldych en faisant remarquer que « La Macédoine penche vers la Grèce, et la Grèce attire à elle la Macédoine pour un baiser qui pourrait être aussi un acte de phagocytage » (p. 59). Puis il y a le Grand Est, le « Middle-West balkanique », aux portes de la Bulgarie qualifiée peut-être un peu vite par l’auteur d’« îlot de stabilité dans les Balkans » et de sa Macédoine dite « du Pirin. Enfin, on s’achemine vers Kumanovo, avec sa communauté serbe, vers un Nord plus ombrageux puisque l’on s’approche du « territoire de la guerre en Yougoslavie ».

On risque d’éprouver ainsi une curieuse sensation à l’arrivée, comme si, de fait, ce pays n’en était pas un, n’existait pas, comme s’il n’était que le prolongement de ceux qui l’entourent. En réalité, la « Macédoine du Nord » est un pays riche justement de cette extrême diversité.

Le principe de scissiparité appliqué à la Macédoine du Nord

« Le principal problème de la Macédoine est avant tout celui d’un nom, ou plutôt d’un seul nom pour trois choses : Macédoine macédonienne, Macédoine grecque et Macédoine bulgare » (p. 65), écrit l’auteur. Le recours à de telles catégories suffisamment vagues pour donner lieu à des confusions ne saurait nous conduire bien loin, me semble-t-il. Fort inspiré est, en revanche, le processus de scissiparité à l’œuvre selon l’auteur quand il s’agit d’opposer à tout prix les langues bulgare et macédonienne, de s’inscrire dans deux histoires tout aussi parallèles qu’irréconciliables ou de se revendiquer des deux côtés d’une même histoire, d’un même personnage tutélaire, tel que Goce Delcev, etc. « Hantise du hold-up culturel et identitaire d’un côté, complexe d’amputation de la part manquante de l’autre », conclut N. Boldych (p. 66-67).

Mais il s’agit aussi, et surtout, d’un livre de voyage, qui donne envie de se rendre à des endroits insoupçonnés et de poser sur bien des choses du quotidien de ce pays un regard nouveau.
Ci-dessous "Pareia Pilisterlu", l’ensemble chorégraphique des descendants des picurari (bergers) qui parcouraient en caravanes avec leurs troupeaux de moutons les montagnes des environs de Bitola. Ils préparent dans le local de l’Association culturelle aroumaine de Bucarest le spectacle pour la journée nationale des Aroumains qui a lieu tous les ans le 23 mai .