Marianne Paul-Boncour et Patrick de Sinetry

Voyage au pays des Gagaouzes

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Par Laurent Geslin

Les Gagaouzes, voilà un nom qui étonne et qui prête à sourire ! Un de ses peuples oublié par l’histoire occidentale qu’on serait bien en peine de positionner sur une carte. Pourtant ils existent. Chrétiens de langue turque aux ascendances mystérieuses, les Gagaouzes occupent des terres au sud de la Moldavie. On les dit héritiers des Petchenègues, des Koumans ou des Oghuzs. Ces mythologies les font sourire. Ils veulent simplement vivre en paix avec leurs voisins et continuer de pratiquer leur langue. Depuis le début des années 90, les Gagaouzes ont même une République autonome ainsi qu’une capitale, Comrat. Mais la crise économique qui pousse les citoyens moldaves à partir travailler en Russie ou en Turquie, ainsi que les politiques successives de roumanisation et de russifications menées par les divers occupant durant des dizaines d’années ont sérieusement fragilisé l’identité gagaouze.

Rencontre dans un café désert avec un ancien officier de police, autour d’un verre d’alcool dans la cave d’une ferme isolée, ou dans les locaux défraîchis d’un peintre un peu mystique, il y a du Albert Londres dans les récits de Marianne Paul-Boncour et de Patrick de Sinetry. Le compliment n’est pas anodin. On retrouve ce même humanisme, cet étonnement constant plein de bienveillance, ce sens du mot et de l’expression. Car si le reportage dépayse et enrichit, la plume ravit le lecteur exigeant.

Premier opus d’une nouvelle collection consacrée aux peuples « oubliés » [1], Voyage au pays des Gagaouzes est un ouvrage qui se lit beaucoup trop vite. Mais que l’on est heureux d’avoir croisé, au moins pour quelques heures. Vivement la suite !