Le titre de mon nouveau post de blog est un clin d’œil à ceux d’entre vous, chers lecteurs, qui sont journalistes. « URGENT » en tête de titre, dans le jargon des journalistes agenciers est un mot qui sert à informer les utilisateurs que l’info en question mérite une attention particulière et qu’elle sera sans doute amenée à évoluer et sera donc suivie très rapidement de nouvelles dépêches pour expliquer les développements. Dans le jargon, donc, on dit qu’ « un urgent est tombé ».
Bref. J’étais en train de vous concocter un post sur les dernières nouveautés du film, mais il attendra. Car ce qui se passe ces jours-ci en Serbie vaut largement qu’on y porte attention. C’est à croire que le monde entier a lu mon scenario et a décidé de me faire concurrence. En gros, les collègues journalistes présents dans le sud de la Serbie me disent que des refugies syriens arrivent en nombre depuis la Macédoine. La rumeur dit que 13000 refugiés se sont mis en route depuis la Turquie et vont arriver dans quelques jours, et qu’une grande organisation humanitaire française se prépare à ouvrir un camp de réfugiés en sud Serbie. Info ou Intox ? Je ne sais pas encore, mais ma chère télévision m’a demandé d’aller vérifier. Je pars dans le sud de la Serbie tout à l’heure. (Notons au passage que je ne devrais pas écrire « tout à l’heure » mais « vendredi » pour ne pas créer de confusion chez le lecteur. On dit en jargon journalistique qu’il ne faut pas « dater le papier »)
Autre info de ces jours ci : la Hongrie va construire un mur, ou plutôt un grillage, à sa frontière sud avec la Serbie, pour empêcher les migrants et réfugiés d’entrer par cette route dans la zone Schengen. Pour la petite histoire, la Serbie officielle réagit mollement à cette annonce populiste de Budapest, tout comme d’ailleurs Bruxelles, même s’il semblerait que la construction d’un tel grillage soit illégale du point de vue du droit international.
Ces infos ressemblent de plus en plus à mon film. Dans mon scénario, la vague d’émigrants vient de l’Ouest riche, et veut entrer en Serbie pauvre. Cette même Serbie ferme donc sa frontière. Je trouvais mon scénario marrant et original à la base : une façon de toucher, peut être, un public anesthésié, qui s’intéresse de moins en moins à la question des réfugiés et de l’émigration. Bref. En surprenant mon futur public, je voulais faire bonne œuvre… Mais si ça continue, mon histoire va devenir banale à pleurer. Moi qui ne voulais pas faire un drame de ce film, il va falloir que je redouble de créativité…
Tout ça pour dire que très très vite, je vais aller voir ces pauvres réfugiés dans leur galère, qui ne savent pas encore qu’ils vont se heurter à un gros grillage dans 500 kilomètres. Signe avant coureur : J’ai discuté ce matin avec une famille de Syriens qui avait passé la nuit sur des bancs dans le centre ville de Belgrade. Ils étaient huit, dont deux jeunes enfants. Je leur ai filé les trois infos que j’avais sur la frontière, y compris qu’il y aurait un grillage en construction à partir de la semaine prochaine. Ça a eu l’air de les intéresser. J’espère que ça leur servira à quelque chose.
Je vais donc mettre le film, la recherche des sponsors, la campagne de financement participatif… au second plan pour quelques jours. Dès mon retour, promis, je vous raconte tout.
En attendant, je vous donne quand même les deux réussites de ces jours derniers, dont je ne suis pas peu fier. Je vous mets même les photos qui vont avec, en illustration de ce post :
1-J ai donné une interview en direct et en studio pour présenter le projet du film, sur CNN Balkans. Je trouve que pour un court métrage donc la première image n’est même pas tournée, ce n’est pas si mal. Et,
2- On va avoir Bane « Banana », le guitariste du célébrissime groupe de rock ex-yougo « Elektricni Orgazam » comme compositeur de la musique du film. Il aura même un petit rôle. Nous étions en contact depuis le début du projet, mais la confirmation vient de tomber. Un vrai coup de chance. Plus les semaines passent, et plus je crois qu’il va être formidable, ce film.
