Staro Sajmište, vie, mort et vie. Un film de Michel Ionascu

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Belgrade. À la confluence de la Sava et du Danube, se dresse la tour délabrée de l’ancienne Foire des Expositions, inaugurée en grandes pompes en septembre 1937. À cette époque, le lieu regroupait une quinzaine de pavillons nationaux et les bâtiments de grandes compagnies privées comme Chrysler, Skoda, Philips ou Mercedes. Il s’agissait alors de montrer au monde la puissance de la Yougoslavie, de créer un site symbole de sa modernité et de sa prospérité.

Aujourd’hui, c’est un étrange terrain vague dont le passé intrigue. Car l’endroit abrita entre 1941 et 1944 le camp de concentration nazi de Staro Sajmiste. Des dizaines de milliers de Juifs, Serbes et Tsiganes y périrent. On fit même venir un camion à gaz de Berlin pour éliminer les familles juives, femmes et enfants.

Mais dès l’après-guerre la vie a repris ses droits. Étrangement, le gouvernement du maréchal Tito installa des ateliers d’artistes venus du monde entier dans les ruines de l’ancien camp. Puis les Brigades socialistes de la Jeunesse travaillèrent à la réhabilitation des installations délabrées pour y loger des personnes aux faibles revenus. Que faire aujourd’hui de cet endroit ? Un centre commercial ? Un mémorial ? Un ensemble d’habitations ? On y trouve désormais un restaurant, une boîte de nuit, une salle de concerts et de sports, un garage…

Le film avance alors au gré des rencontres avec celles et ceux qui racontent les réalités actuelles et passées et les histoires successives de ce lieu complexe comme oublié au cœur de la capitale serbe. Avec la participation de l’historien Milan Koljanin, de Vojislav Radovanović et Branka Džidić du musée juif, de Marta Vukotić Lazar de l’institut d’urbanisme, de Philippe Bertinchamps, journaliste au Courrier des Balkans, du réalisateur serbe Goran Paskaljević qui témoigne du tournage de son film La partition inachevée, de la militante Rom Borka Vasić qui raconte l’histoire de sa famille en partie décimée dans le camp et enfin du sculpteur Bogdan Jovanović qui décrit sa situation particulière puisqu’il occupe la tour centrale de l’ancien camp qui regroupe plusieurs ateliers d’artistes. Sans oublier les habitants actuels.

Durée : 1h18mn
Réalisation : Michel Ionascu
Production : Zongo Cinéma
17 euros franco de port

Retrouvez notre dossier : « Staro Sajmište, 1941-1944 : un camp de concentration en plein coeur de Belgrade »

Découvrez l’ouvrage de référence en français : Staro Sajmište : un camp de concentration en Serbie. Un livre coordonné par Philippe Bertinchamps Non Lieu, juin 2012, 218 pages, 16 euros