Paris

Srebrenica (1995-2005) : faits et responsabilités

| Du au

Lieu :
Vendredi 24 juin 2005 (14h-19h00)
Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
m° Saint-Denis Université, ligne 13
salle B 106 (bâtiment B, 1er étage)

samedi 25 juin 2005 (9h-18h)
ENS Ulm
29 rue d’Ulm, 1er étage, salle Paul Lapie

Journées d’étude organisées par :

l’ACI “Morale, politique et justice internationales au prisme des sciences humaines” (dirigée par Isabelle Delpla, département de philosophie, Université Paul Valéry, Montpellier III)

l’Ecole doctorale Pratiques et Théories du sens (Pierre Bayard - département de littérature française et Groupe de Recherches sur la Violence Extrême - Jean-Louis Fournel - département d’études italiennes - et Christopher Lucken - département de littérature française)

l’UMR 5206 du CNRS Triangle : action, discours et pensée politique et économique (ENS LSH de Lyon)

avec le soutien du GDR 2651 "Crises extrêmes" (CNRS) et du Service des Relations internationales de l’Université Paris 8

Présentation :

Il y a dix ans plus de 7500 Musulmans bosniaques étaient massacrés par les forces nationalistes serbes du Général Mladic pendant et après la conquête de la ville de Srebrenica, dans la Bosnie orientale. L’enclave avait été pourtant officiellement déclarée " zone de sécurité " par les Nations Unies, qui avaient placé ses habitants, dont des milliers de réfugiés, sous la protection internationale - représentée en l’occurrence par un bataillon de casques bleus néerlandais. L’horreur de ce dernier grand massacre de la guerre de Bosnie (1992-1995) a sans doute joué un rôle dans la décision d’intervention militaire de l’OTAN à la fin de l’été 1995 et dans la volonté américaine de mettre enfin un terme à cette guerre, en contraignant les parties en présence à accepter les accords de Dayton six mois plus tard. Plus grand massacre de masse advenu en Europe depuis la deuxième guerre mondiale, la prise de Srebrenica a aussi été vite perçue comme le symbole des contradictions, des erreurs et des fautes, voire des crimes, qui marquèrent la politique de “pacification” prônée par les puissances européennes et l’ONU dans les Balkans.

Dans les mois et années qui ont suivi, le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie a ouvert des enquêtes sur le massacre de Srebrenica, qui ont conduit à la condamnation du Général Krstic pour génocide en 2001. Quelle que soit l’importance de cette reconnaissance internationale du crime de génocide, le TPIY toutefois ne juge que des responsabilités criminelles et non des responsabilités morales et politiques qui ont pu être celles des casques bleus ou des responsables internationaux en charge de la protection de la zone de sécurité. Sous la pression des opinions publiques, de diverses ONG et des survivants de Srebrenica, plusieurs rapports d’enquête ont été diligentés par différentes institutions ou pays qui furent impliqués à des degrés divers dans l’enchaînement des événements (ONU, Gouvernement des Pays Bas, Gouvernement français, “République serbe de Bosnie” ou “Republika Srpska”). Les cinq principaux rapports ou enquêtes ont été produits par le TPIY, l’ONU, la mission d’information de l’Assemblée nationale française, le NIOD - organisme indépendant de recherche historique sur la guerre - sur commande du gouvernement des Pays Bas et, enfin, une commission d’historiens de la “Republika Srpska”, suivant les injonctions fermes du OHR - le Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie, qui s’appuyait sur des décisions de la Chambre des Droits de l’Homme de ce pays.

Ces rapports n’ont jamais été jusqu’à présent l’objet d’une analyse croisée. Il s’agira donc d’étudier, de manière comparative, la façon dont s’écrit l’histoire d’un événement de cette gravité, ainsi que celle dont est abordée dans les pays et institutions concernés, la question de la responsabilité en matière de politique étrangère. C’est le programme que se fixent ces journées d’étude.

Cette rencontre est le fruit d’une collaboration entre l’université Paris 8 (l’une des premières universités européennes à avoir tenté d’aider les universitaires de Sarajevo pendant la guerre et dans l’immédiat après-guerre) et l’ACI dirigée par Isabelle Delpla qui travaille depuis trois ans, dans le cadre d’un programme de recherches financé par le Ministère de la Recherche, sur la question de la justice internationale en ex-Yougoslavie après les guerres qui l’ont dévastée. Elle bénéficie du soutien de l’UMR 5206 Triangle : action, discour et pensée politique et économique et du GDR Crises extrêmes. Le principe de l’organisation de ces journées est de faire intervenir, quand cela est possible, sur chacun de ces rapports ou enquêtes, une personne ayant contribué à leur préparation, voire à leur rédaction, puis de donner la parole à des “discutants” ayant travaillé sur les textes-sources. Une discussion finale permettra d’approfondir la comparaison.Une publication (papier et en ligne) est envisagée ainsi qu’une traduction de tout ou partie des actes en anglais et en serbo-croate afin de permettre une circulation plus aisée des résultats de ces travaux en ex-Yougoslavie.

Programme des journées d’étude

Vendredi 24 juin 2005(14h-19h00)
à l’Université Paris 8 (m° Saint-Denis Université, ligne 13)
salle B 106 (bâtiment B, 1er étage)

13h30 : accueil des participants

Président de séance : Pierre Bayard (UP 8)

13h45-14h00 : présentation des journées d’étude par Isabelle Delpla

14h00-14h30 : lecture de bonnes feuilles de Cartes postales d’outre-tombe, livre d’Emir Suljagic (à paraître aux éditions Ramsay à l’automne 2005)

14h30-15h 30 : Le rapport de l’ONU (1999)

intervention de Thierry Tardy (Geneva Centre for Security Policy)

15h30-16h : débat

pause

16h15-17h45 : Le rapport du NIOD commandé par le gouvernement des Pays-Bas (2003)

Intervenant : Ger Duijzings (anthropologue et historien, SSEES -School of Slavonic and East European Studies, Londres)

Discutant : Pieter Lagrou (Université Libre de Bruxelles)

17h45-18h30 : table ronde et débat général

samedi 25 juin 2005 (9h-18h)

à l’ENS Ulm
29 rue d’Ulm, 1er étage, salle Paul Lapie

Matinée

Président de séance : Christopher Lucken (UP 8)

9h-10h30 : La Mission d’information parlementaire française (2001)

Intervenant : Pierre Brana, ancien député de la Gironde, ancien membre de la Mission parlementaire d’information sur Srebrenica et ancien rapporteur de la commission d’enquête sur le génocide rwandais

Discutants : Jean-Louis Fournel (Paris 8) et Pierre Bayard (Paris 8)

10h30-10h45 : pause

10h45-12h00 : Les enquêtes et les jugements du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie de La Haye (TPIY)

Intervenant : Jean-René Ruez (commissaire de police, responsable des équipes d’enquêteurs du TPIY pour Srebrenica de 1996 à 2002)

Discutant : Isabelle Delpla (Université de Montpellier III)

12h30-14h30 : repas

Après-midi

Président de séance : Jean-Louis Fournel (Paris 8)

14h30-16h45 : Du jugement de la Chambre des Droits de l’Homme de Bosnie-Herzégovine enjoignant à la Republika Srpska de répondre aux plaignants sur la disparition de leurs proches (7 mars 2003) au rapport de la Republika Srpska (2004)

intervenantes : Michèle Picard (Vice-Présidente du Tribunal de Grande Instance de Nanterre, ex-Présidente de la Chambre des Droits de l’Homme de Bosnie-Herzégovine) et Asta Zinbo, ( Director of Civil Society Initiatives du ICMP - Commission internationale pour la recherche des personnes disparues)

« Entre tabous et rumeurs : le difficile débat sur la question des responsabilités bosniaques »

intervenant : Xavier Bougarel (CNRS)

Discutants :
Dejan Dimitrijevic (Université Nice-Sophia Antipolis) et Devrim Boy (doctorant EHESS)

16h45-18h : Débat sur l’ensemble des interventions