Serbie : journalistes et photographes manifestent contre les pressions politiques

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Des centaines de journalistes et de photographes ont manifesté lundi soir à Belgrade, Novi Sad, Čačak, Šabac, Niš, pour dénoncer la détérioration de la situation en matière de liberté de la presse et les pressions politiques qu’ils subissent de la part du SNS, le principal parti au pouvoir. Ils exigent toujours la démission du ministre de la Défense Bratislav Gašić.

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© Marija Janković/CdB

(Avec agences) — Environ 200 journalistes, photographes et citoyens se sont rassemblés lundi soir devant le siège du gouvernement à Belgrade sous la bannière Novinari ne kleče (« Les journalistes ne s’agenouillent pas ») — la quatrième manifestation depuis décembre pour défendre le droit des citoyens à l’information.

Parmi leurs revendications, ils demandent l’ouverture d’une enquête sur le ministre de l’Intérieur Nebojša Stefanović, notamment accusé d’avoir mis sur écoutes des journalistes. Ils exigent également la démission du ministre de la Défense Bratislav Gašić, qui avait lancé des propos sexistes à une journaliste début décembre 2015, et dont le limogeage avait été promis par le Premier ministre Aleksandar Vučić.

Les journalistes ont dénoncé les pressions qu’exerce le Parti progressiste (SNS) au pouvoir contre leurs collègues de Pančevo, contraints d’adhérer au parti s’ils veulent garder leur emploi. Ils ont enfin demandé des comptes au ministre de la Culture et de l’Information, Ivan Tasovac.

Droit d’auteur en danger

Les photographes ont manifesté contre une proposition de loi émanant du SNS, selon laquelle le photojournalisme serait le résultat d’un « acte mécanique de routine » qui échappe aux droits d’auteur.

« Toute photographie faite par routine, publiée sous forme électronique, fût-elle la création originale d’un auteur, ne sera plus protégée en tant que création d’auteur », dit la proposition de loi.

Selon cette nouvelle interprétation, le photojournalisme pourrait se réduire à un « résultat d’actions mécaniques, routinières », ont mis en garde les photojournalistes serbes, dont les photographies sont souvent publiées dans les journaux ou sur Internet sans le moindre paiement en retour. « Une manière de légaliser ce pillage », craignent-ils si cette modification de la loi est adoptée.

Une nouvelle manifestation est prévue ce mardi à midi à Belgrade en face du parlement serbe alors que les députés devront se prononcer sur l’adoption « en procédure d’urgence » de cet amendement.


Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.