Le sang d’un journaliste

Procès Ćuruvija : le régime Milošević sur le banc des accusés

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Le procès Ćuruvija, du nom de ce journaliste abattu en 1999, s’est ouvert à Belgrade ce 1er juin, seize ans après les faits. Un procès hautement politique, où le Président serbe Tomislav Nikolić et le Premier ministre Aleksandar Vučić sont appelés à comparaître en tant que témoins.

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Par Ph.B.

Slavko Ćuruvija

Le 11 avril 1999, le journaliste serbe Slavko Ćuruvija, propriétaire des journaux Dnevni telegraf et Evropljanin, était abattu en face de son domicile belgradois. Qui a commandité cet assassinat ? Alors que le procès s’est ouvert ce lundi 1er juin au tribunal spécial à Belgrade, tous les regards se tournent vers la veuve du feu Président Milošević, Mira Marković, en exil à Moscou.


Cet article est publié dans le cadre du projet Press and Media Freedom, dont le Courrier des Balkans est partenaire.


Sur le banc des accusés : Radomir Marković, ancien chef de la sûreté de l’État serbe (DB), et deux de ses adjoints, Milan Radonjić et Ratko Romić. Un quatrième accusé, Milan Kurak, en fuite à l’étranger, sera jugé par contumace. Après la lectures de l’acte d’accusation, les inculpés ont rejeté toute responsabilité.

Radomir Marković purge déjà une peine de 40 ans de réclusion au centre pénitentiaire de Požarevac pour des meurtres politiques commis en 1999. Quant à Milan Radonjić et Ratko Romić, ils sont incarcérés depuis janvier 2014 à Belgrade.

Parmi les témoins cités à comparaître : l’ancien colonel de la police secrète serbe (JSO) Milorad Ulemek « Legija », d’anciens hauts responsables de la DB, Milorad Bracanović, Jovica Stanišić et Franko Simatović, mais aussi le Président serbe Tomislav Nikolić et le Premier ministre Aleksandar Vučić, à l’époque ministre de l’Information du gouvernement Milošević.

Tous les indices pointent vers Mira Marković, la veuve de Slobodan Milošević. Mais ce sera difficile à prouver.

Il y a deux ans, Milorad Ulemek, condamné à la peine maximale pour le meurtre de l’ancien Premier ministre Zoran Đinđić et de l’ancien Président serbe Ivan Stambolić, avait envoyé aux autorités serbes un témoignage écrit mettant directement en cause les fonctionnaires de la DB aujourd’hui accusés.

Pour Vukašin Obradović, président de l’association indépendante des journalistes de Serbie (NUNS), la lumière doit être faite sur qui a ordonné cet assassinat. « Actuellement, il est difficile de faire des prévisions », a-t-il déclaré à Radio Slobdna Europa. « Tous les indices pointent vers Mira Marković, la veuve de Slobodan Milošević. Mais ce sera difficile à prouver. Sauf en cas de surprise, si Radomir Marković et Milorad Ulemek se mettent à parler. »

Deux autres journalistes avaient été assassinés à l’époque du régime de Milošević : Milan Pantić et Dada Vujasinović. Des meurtres toujours non élucidés.


Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.