Chers lectrices, chers lecteurs,
Depuis que la pandémie de covid-19 s’est généralisée à toute l’Europe, Le Courrier des Balkans a dû, lui aussi, s’adapter. Tou.te.s nos correspondant.e.s sont naturellement confiné.e.s, à Ljubljana, Zagreb, Podgorica, Belgrade, Preševo, Pristina, Tirana, Skopje, Bucarest, Athènes, etc. La réalisation de reportages est donc extrêmement difficile – même si certains cas d’urgence l’ont imposé, comme le tremblement de terre de Zagreb, le 22 mars. Néanmoins, même si les déplacements sont souvent presque impossibles, toute l’équipe du Courrier des Balkans est plus mobilisée que jamais pour vous informer au mieux de l’évolution de l’épidémie, de ses conséquences sanitaires, économiques, mais aussi politiques et démocratiques, sans oublier les initiatives de solidarité.
Nous tenons à jour un fil quotidien d’informations et nous continuons de vous informer sur la situation particulière des réfugiés, grâce au fil spécifique que nous tenons depuis 2015. Nous avons aussi lancé plusieurs séries, comme celle consacrée aux « grandes épidémies du passé » et une autre pour « penser au temps du Covid-19 » : après la sociologue slovène Svetlana Slapšak et l’écrivain croate Miljenko Jergović, nous ferons entendre la réflexion d’autres intellectuels des Balkans. Le politogue et historien Florian Bieber, directeur du Centre d’études d’Europe du Sud-Est à l’Université de Graz, nous a accordé un entretien, rappelant combien la crise du coronavirus accélère la crise de la démocratie. Dans les Balkans, cela se manifeste par la dérive des pouvoirs autoritaires, qui prennent prétexte de l’épidémie pour restreindre dangereusement les libertés publiques.
Nous aurons un monde à reconstruire et, dans des pays du sud-est de l’Europe déjà fragilisés par une transition interminable, la tâche promet d’être particulièrement difficile. Ces centaines de milliers de membres de la diaspora revenus se « confiner » près des leurs n’auront pas d’autre choix que de repartir. Les saisonniers roumains ont été les premiers à le faire, appelés dès le début du mois d’avril à aller ramasser des asperges dans les exploitations d’Allemagne au risque de leur santé. Quelles seront les valeurs et les priorités du « jour d’après » ? Quel rôle reviendra-t-il à l’Union européenne de jouer ? La dynamique de l’élargissement saura-t-elle retrouver sa promesse d’approfondissement démocratique, alors que la culture a été la première sacrifiée ? Les sociétés civiles sauront-elles se faire entendre ?
Sur tous ces enjeux cruciaux, Le Courrier des Balkans sera là, avec ses correspondant.e.s et ses partenaires, pour vous informer, vous rendre compte des débats qui agitent la région.
Pour toute l’équipe, la période est difficile à vivre, de tous points. Plusieurs collaborateurs du Courrier ont été malades, mais heureusement aucun n’a été hospitalisé. Les incertitudes demeurent par contre, la profession de journaliste étant l’une des plus exposées aux conséquences de la crise. Informer devient partout un enjeu démocratique majeur.
Nous tenons, dans ce contexte, à vous dire un immense merci. En effet, vous avez été plus nombreux que jamais à nous lire, ces deux derniers mois, et nombreux à vous abonner et à vous réabonner. Cet intérêt, cette confiance que vous avez ainsi manifestés nous donne non seulement les moyens financiers de poursuivre l’aventure, mais aussi le sentiment que notre travail a un sens, qu’il est utile.
Nous avons dû repousser toute une série de projets, à commencer par le voyage prévu en avril au Kosovo et en Serbie, que nous espérons pouvoir reprogrammer en octobre 2020. Des incertitudes demeurent également sur la possibilité d’effectuer la croisière du Courrier des Balkans prévue du 18 au 29 juillet prochain sur le Danube. Notre partenaire, Rivages du Monde, nous avisera au cours du mois de juin de la faisabilité ou non de ce voyage. En tout état de cause, si les conditions n’étaient pas réunies pour la maintenir, le Courrier des Balkans vous donnera rendez-vous le long du Danube en 2021 !
De nombreux événements dont nous étions partenaires ont été également repoussés, comme Balkan Trafik à Bruxelles, qui a tenu une édition spéciale en ligne avant de revenir l’an prochain, mais aussi la Comédie du livre à Montpellier, au mois de mai, dont l’invité d’honneur était la Croatie, ou le Festival de cinéma de Douarnenez, en août, consacré aux « peuples et luttes en Grèce », qui sont tous deux reportés à 2021.
D’autres projets sont également « en attente », comme la série de reportage sur les mémoires juives des Balkans que nous espérons lancer dès l’automne. Nous mettons à profit cette période particulière où les déplacements sont impossibles pour préparer de nouveaux projets et travailler avec nos partenaires. Nous avançons ainsi avec nos collègues du Courrier d’Europe centrale sur la refonte de nos sites et nous vous donnerons bientôt rendez-vous à l’automne pour un colloque sur la Bosnie-Herzégovine, 25 ans après les accords de Dayton, organisé notamment avec le soutien du Bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll.
Confinée, toute l’équipe est donc plus active que jamais, mais nous vous devions ces informations. Nous sommes plus certains que jamais que le monde sera beau, qu’il sera bientôt merveilleux de caboter à nouveau d’une île dalmate à l’autre, de randonner dans les montagnes de Bosnie, d’Albanie ou des Rhodopes, de savourer un instant de merak au crépuscule, de faire la fête dans les kafane de Serbie ou les tavernes de Grèce. Nous serons là, avec vous, et avec tous nos collègues et amis des Balkans.
D’ici là, vous pouvez vous abonner si vous ne l’êtes plus ou pas encore, car les abonnements sont la clé de notre indépendance, vous pouvez aussi nous soutenir via la plateforme j’aime l’info, qui vous donne droit à une déduction fiscale. Vous pouvez aussi rejoindre le Club des amis du Courrier des Balkans, un espace privilégié pour échanger.
Nous vous informons également que notre Boutique en ligne reprendra pleinement son fonctionnement à partir du 11 mai, début du déconfinement en France. Toutes les commandes en attentes seront expédiées et n’hésitez pas à commander des livres : c’est aussi une manière d’apporter un soutien non seulement au Courrier, mais aussi à des éditeurs très fragilisés par la crise.
Et surtout, portez-vous bien, prenez soin de vous !
Toute l’équipe du Courrier.