Feral Tribune

La Serbie de « Vojislav Fernandel »

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Les changements cosmétiques du régime politique serbe ne me touchent plus ;
je ne lis plus « Politika », je n’achète plus « Vecernje Novosti » et je ne peux
plus regarder la RTS libérée ; ce fantasme de fausse liberté auquel je ne
participe pas, les nouvelles sur le transfert des fonctions politiques, l’
illusion qu’on oubliera que Kostunica va cacher tout cela sous un tapis,
comme l’acteur Fernandel (vous avez sûrement remarqué la ressemblance
physique), comme si on n’avait pas tué d’Albanais, ni tiré sur Sarajevo.
Cette odeur d’oubli, suivie par le génocide à la Seselj et les tirs dans les
rues, provoque, quelque part dans mon ventre, un besoin pathologique de me
retirer sur la côte croate, en Istrie.

Par Petar Lukovic, correspondant de « Feral » à Belgrade Armé d’une grande dose de fatigue, d’insomnie et de dépression, dans lesquelles je trouve un mélange d’abrutissement et de confusion, comme un prisonnier libéré après 13 ans de prison, il m’est difficile d’expliquer ce sentiment collectif dominant, et encore moins mon sentiment personnel éphémère, devant la Serbie sans Milosevic. En six jours, dans un rythme incroyable de changements inouïs, tout ce qui était blanc est devenu noir, tout le monde a pris position contre Milosevic. Des millions de personnes ont changé de tenue en 24 heures, effaçant le passé dans une amnésie (…)

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